Dans un monde où le numérique n’est plus qu’un levier de croissance et devient un outil géopolitique et un moyen de manifestation de la puissance des nations, et en plus de la course au déploiement des câbles sous-marins à fibre optique pour relier les pays et continents, certains groupes numériques créent un déséquilibre socio-économique dans le monde.
Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft pour GAFAM et Netflix, Airbnb, Tesla et Uber pour NATU, sont des groupes stratégiques du point de vue de l’économie d’échelle, qui rivalisent avec la Performance économique de plusieurs pays dans le monde. La preuve en est que la capitalisation boursière (6000 milliards $) des GAFAM à elle seule équivaut au 3ème PIB du monde qui est celui de l’Inde et est trois (3) fois supérieure au PIB de l’Afrique subsaharienne qui tourne autour de 2000 milliards de dollar USD $, avec une prévision du double du PIB actuel, soit 4 500 milliards $ à l’horizon 2040. Bien que difficile de comparer le PIB d’un pays ou d’une Zone économique à une capitalisation boursière qui est une accumulation de richesses dans le temps contrairement au PIB qui représente les revenus générés dans un pays ou une zone économique de façon annuelle, cette comparaison théorique nous éclaire sur la puissance économique que deviennent ces industries du numérique et de l’information.
La Banque africaine de développement (BAD) affirme avoir connecté 66,5 millions d’africains en investissant 2,9 milliards $ USD ces dix (10) dernières années, soit 290 millions $ USD chaque année de façon arithmétique. Un taux très bas, d’autant plus que le secteur du numérique ne faisait pas partie des cinq (5) priorités de l’institution (High 5) jusqu’en 2025. Les principaux secteurs dans lesquels la Banque a investi sont : le transport avec les infrastructures routières (27%), l’énergie (19%), la finance (16%) et l’agriculture (13%).
Pourquoi la Banque africaine devrait faire du secteur numérique un secteur prioritaire dans son portefeuille d’investissement les prochaines années ?
Avec la croissance économique et technique induite par l’Intelligence artificielle dans le monde, les prochaines années seront dominées par la détention et le contrôle de la data car aucune technologie avancée comme l’IA ne sera pérenne sans elle. D’ailleurs la souveraineté numérique et même économique de nos pays et de nos continents ne sera garantie que si nous avons la capacité de générer une économie à travers elle, mais aussi le potentiel de stockage et de sécurisation de ladite data.
Aujourd’hui, plus de la moitié des pays africains peinent à se doter d’infrastructures numériques et à améliorer leurs compétences numériques ; Deux (2) leviers essentiels à la création des données qui deviennent une ressource importante pour tous. Ces lacunes peuvent-être améliorer si les politiques et les institutions bancaires optent d’investir dans l’avenir en priorisant le secteur numérique afin que l’Afrique ne manque pas à la révolution numérique en cours.
En plus de la nécessité précitée, l’investissement dans les infrastructures et services numériques en plus de participer à la transformation économique et l’accélération de la croissance africaine, présente moins de risques par rapport à d’autres secteurs constituants une priorité pour la BAD comme le secteur financier. La capacité des investissements dans le numérique a généré des revenus pour les fonds et banques d’investissement est avérée et remarquée ces dernières années dans le monde et sur le continent.
KABA MAMADI
Expert des Télécommunications &Spécialiste du développement Numérique
Auteur des livres : « Les Freins du développement Numérique en Guinée et ma Vision » ET
« Parvenir à un développement numérique de la Guinée à l’horizon 2030″
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