Conakry abrite ce vendredi 27 juin 2025, la rencontre des journalistes africains. Une première édition qui regroupe d’éminents professionnels de l’information de la Guinée et de certains pays de la sous région notamment le Sénégal, le Burkina fassi, le Benin et la côte-d’Ivoire.
La rencontre est présidée par Boubacar Yacine Diallo, président de la Haute Autorité de la communication entouré de Rose Pola Pricémou, ministre des postes, télécommunications et de l’économie numérique entant que présidente d’honneur de l’événement.
Organisé par l’hebdomadaire le PUNCH, plusieurs thématiques ont été abordées notamment le journalisme et l’intelligence artificielle.
À propos, voici de Aboubacar Condé, vice-président du comité d’organisation de la REJAC.
« Monsieur le Président de la Haute Autorité de la Communication
Madame la Ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Economie numérique
Chers confrères journalistes,
Distingués invités,
Honorables représentants des institutions,
Amis et partenaires de la presse,
C’est pour moi un honneur tout particulier – chargé d’émotion et d’engagement – de vous souhaiter la bienvenue à la toute première édition de la Rencontre des Journalistes Africains de Conakry, que nous avons décidé de baptiser REJAC.
Ce moment, que nous vivons ensemble ce matin, est bien plus qu’un simple rassemblement professionnel. Il est l’aboutissement d’une conviction, le fruit d’une volonté collective, et le début, nous l’espérons, d’un long chemin de dialogue, de réflexion et de construction commune.
Permettez-moi, pour introduire mon propos, de rappeler le contexte dans lequel cette idée a germé.
Il y a quelques mois à peine, nous lancions l’hebdomadaire Le Punch, dans un environnement médiatique guinéen en pleine recomposition. Une création qui n’était ni une aventure solitaire, ni un simple pari sur l’actualité. Mais bien une réponse à une urgence : celle de contribuer à redonner vie à la presse écrite, aujourd’hui fragilisée en Guinée, comme dans de nombreux pays africains.
Cette presse écrite, longtemps pilier de la construction démocratique et de l’opinion publique, subit depuis plusieurs années un double étouffement : celui de l’asphyxie économique d’un côté, et celui de la prédominance galopante du numérique, de l’autre.
La presse papier recule, les kiosques se raréfient, les imprimeurs ferment, et les journaux ne tiennent parfois qu’à des miracles financiers. Et pourtant, nous restons convaincus que l’écrit a encore sa place, et qu’il a encore beaucoup à dire.
C’est dans cette logique de résistance constructive que nous avons voulu aller plus loin. Offrir un espace de débat, de confrontation d’idées et d’expériences. Un lieu où les journalistes africains puissent se retrouver, se parler franchement, et réfléchir aux évolutions – mais aussi aux révolutions – qui bousculent notre métier.
C’est ainsi qu’est née la REJAC.
La REJAC se veut un rendez-vous annuel.
Mais au-delà de la périodicité, elle aspire à devenir une véritable tribune panafricaine, où les journalistes d’Afrique, toutes générations confondues, peuvent échanger sur les grands défis de la profession, dans toute leur diversité et toute leur complexité.
Car ces défis sont nombreux, transversaux, souvent interconnectés, et parfois même inédits dans leur nature.
L’Afrique est aujourd’hui traversée par des zones de turbulences sécuritaires majeures. Du Sahel à la Corne de l’Afrique, en passant par les Grands Lacs et certaines régions côtières, des conflits larvés ou ouverts mettent en péril la vie de millions de citoyens – et par ricochet, la liberté de la presse.
Mais au-delà de la menace physique, c’est la mission du journaliste qui est mise à rude épreuve. Comment couvrir un conflit sans se faire instrumentaliser ? Comment enquêter dans un climat de peur ? Comment être loyal à la vérité, lorsque la vérité elle-même devient un champ de bataille ?
Le second enjeu majeur de notre époque est celui de la recomposition des relations entre l’Afrique et ses partenaires extérieurs.
Nous assistons à une reconfiguration du discours géopolitique, où l’Afrique tente de se réaffirmer, de reprendre le contrôle de sa parole, de ses choix, de ses alliances.
Dans ce contexte, le rôle du journaliste devient stratégique.
Nous devons plus que jamais refuser les narratifs imposés, interroger les discours dominants, déjouer les pièges de l’afro-pessimisme comme de l’afro-fantasmagorie.
Nous devons surtout entendre les attentes de cette jeunesse africaine, de plus en plus consciente, de plus en plus connectée, et surtout de plus en plus exigeante.
Une jeunesse qui ne veut plus qu’on parle d’elle, mais plutôt qu’on parle avec elle.
Une jeunesse qui réclame respect, justice et vérité dans le récit africain.
Le troisième défi, et non des moindres, est celui de la révolution technologique.
Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où l’information circule plus vite que la vérification, où les intelligences artificielles peuvent rédiger des articles en quelques secondes, où des contenus fabriqués peuvent paraître plus vrais que nature, et où la viralité remplace souvent la véracité.
L’intelligence artificielle, les réseaux sociaux, la désinformation, les bulles algorithmiques : tous ces phénomènes redéfinissent le métier de journaliste.
Faut-il s’en méfier ou les apprivoiser ?
Faut-il adapter notre déontologie ou la renforcer ?
C’est à ces questions que nous devons répondre ensemble, sans dogmatisme mais avec lucidité.
C’est en tenant compte de ces enjeux que nous avons construit le programme de cette première édition de la REJAC autour de trois thématiques centrales :
Avant de clore ce propos, je voudrais saluer et remercier tous ceux qui ont rendu cette rencontre possible.
Merci à nos confrères journalistes venus de divers horizons, qui ont accepté de nous rejoindre pour cette première édition. Votre présence est un signal fort.
Merci aux associations de presse, aux rédactions partenaires, aux panélistes, aux modérateurs, aux bénévoles.
Nous disons ici toute notre reconnaissance aux autorités guinéennes, pour leur appui et leur disponibilité.
Nous exprimons également notre gratitude aux partenaires que sont la HAC, le ministère de l’Information et de la Communication, le ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Economie numérique, l’Agence Nationale du Service Universel des Télécommunication et du Numérique (ANSUTEN), le Fonds d’appui à la promotion des gaz (FAPGAZ) ou encore l’Institut supérieur de l’information et de la communication (ISIC de Kountia)
Nos remerciements singuliers à Madame Rose Pola Pricémou pour avoir accepté la présidence d’honneur de cette première édition et pour son implication personnelle à sa réussite. Nous lui disons que nous comptons sur elle pour nos activités futures
Et merci à tous ceux qui, dans l’ombre, ont travaillé sans relâche pour faire de cette journée une réalité.
Chers amis,
La REJAC est un point de départ, pas une fin.
Nous voulons en faire un rendez-vous régulier, une communauté de réflexion active, une boussole collective dans un monde où tout va vite et où le journalisme doit plus que jamais retrouver son souffle, sa rigueur, son sens.
Bonne REJAC à toutes et à tous.
Vive la presse libre, responsable et au service des peuples !
Je vous remercie. »