Dans le vacarme des réseaux sociaux, dans le tourbillon de l’information, une réalité très amère se vit en silence. Celle des médias traditionnels. Oubliés, étouffés, mais toujours debout.
Beaucoup ont fermé leurs portes, de gré ou de force. D’autres résistent tant bien que mal. Nous, qui sommes encore là, croulons sous le poids des charges, du silence des autorités et du désintérêt quasi total de ceux qui devraient nous soutenir.
Sans annonceurs, sans accompagnement et sans politique publique claire en faveur de la presse, les entreprises de médias sont livrées à elles-mêmes. Les patrons se battent, parfois au prix de leur santé, pour assurer un salaire, un loyer, un micro qui fonctionne encore. Ils font des pieds et des mains pour maintenir l’illusion de la stabilité (Merci pour votre ténacité). Pendant ce temps, la précarité devient la norme dans les rédactions.
Mais dans ce combat quotidien, ce n’est pas seulement la presse qui s’effondre. Il faut le rappeler. C’est le droit à l’information. C’est la démocratie elle-même qui vacille, au fur et à mesure que les voix s’éteignent les unes après les autres. Car quand les médias meurent, ce ne sont pas que des emplois qui disparaissent seulement, ce sont des consciences qui s’assourdissent.
Nous pleurons souvent, oui, mais personne ne voit nos larmes. Parce qu’elles ne font pas de bruit. Elles ne font pas de scandale. Pourtant, derrière chaque silence, il y a une histoire non racontée, une vérité non dite, un contre-pouvoir affaibli.
Nous, journalistes, ne réclamons ni privilège ni faveur (En tout cas, pas moi). Nous demandons simplement à pouvoir exercer notre mission dans la dignité, la sécurité et le respect. À pouvoir continuer à informer, alerter, questionner, sans devoir sacrifier notre intégrité sur l’autel de la survie (Dignité, simplement).
Aujourd’hui plus que jamais, la presse mérite d’être protégée. Pas par des discours, mais par des actes. Pas demain, mais maintenant.
Les médias, ce n’est pas juste un secteur. C’est un pilier. Et ce pilier est en train de se fissurer. Qui le consolidera, avant qu’il ne soit trop tard ?
Abdallah CAMARA, Journaliste, consultant médias, Directeur de l’information du Groupe Cavi médias.