Dans la nuit du 20 au 21 juin, l’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats, Me Mohamed Traoré, a été enlevé à son domicile de Sonfonia, à Conakry, par un groupe d’individus encagoulés et lourdement armés. Un épisode choquant qui intervient seulement trois jours après son retour de la Mecque. Sa famille, sous le choc, vit depuis dans l’angoisse, particulièrement son épouse, Mme Aminata Diallo, témoin direct de la scène.
Selon la dame, les faits se sont déroulés aux alentours de 3h du matin. Elle raconte, encore bouleversée, que la famille dormait quand un grand fracas a retenti à la porte d’entrée. : « Il était environ 3h. On a entendu un bruit énorme à la porte, des coups violents. On s’est réveillés en sursaut. J’ai commencé à demander qui c’était, mais mon mari m’a conseillé de me taire, pour qu’on essaie de comprendre ce qui se passait », explique-t-elle.
Les assaillants, visiblement déterminés, ordonnent alors aux occupants d’ouvrir la porte. La famille refuse. Incapables de la défoncer entièrement, les hommes armés réussissent à entrouvrir un petit passage par lequel l’un d’entre eux s’est faufilé, entrant par le salon avant de débloquer l’accès aux autres via la cuisine : « Une fois à l’intérieur, ils sont allés directement vers mon mari. Ils ont dit qu’ils cherchaient un certain « Keïta » et ont menacé de tirer, si on ne le leur désignait pas. On leur a dit qu’il n’y avait aucun Keïta ici, seulement la famille Traoré. Ils ont alors montré une photo sur leur téléphone et dit que c’était cet homme qu’ils étaient venus chercher. En regardant la photo, ils ont pointé mon mari en disant que c’était lui », témoigne Mme Traoré
Elle précise que cinq (5) hommes ont pris part à l’opération. Tous étaient encagoulés et portaient des armes: « Ils étaient cinq dans la maison, tous cagoulés, tous armés. Aucun d’eux n’a montré son visage. »
Jusqu’à présent, la famille ignore où a été conduit Me Mohamed Traoré. Son épouse n’a reçu aucune information ou demande de rançon.
Aussitôt après l’enlèvement, la famille a tenté d’alerter les forces de sécurité : « Mon fils a appelé la Brigade Anti-Criminelle (BAC), la gendarmerie, et le chef de quartier. Mais c’est seulement une trentaine de minutes plus tard, après avoir eu le chef de quartier, que la BAC est arrivée. Ils ont tenté de nous rassurer, mais les ravisseurs étaient déjà loin. »
Profondément inquiète, Mme Aminata Diallo en appelle aujourd’hui au président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya : « Mon seul appel, c’est au président de la République. Je lui demande avec tout le respect possible de me rendre mon mari. Il ne travaille pas pour une seule ethnie ou pour un clan. Il est au service de toute la population, des plus pauvres, des plus démunis. Je le supplie de faire tout ce qui est en son pouvoir pour qu’il revienne sain et sauf. »
Dès la disparition de Me Traoré, le barreau de Guinée a été alerté: « Dès qu’ils sont partis, j’ai appelé Me Soufiane Kouyaté, un membre de la famille et avocat. Il est venu immédiatement, dès 3h du matin. Il a aussi informé le barreau », conclut-elle.
L’enlèvement de Me Mohamed Traoré suscite une vive inquiétude dans les milieux juridiques et au sein de l’opinion publique.
Gnima Aïssata Kébé