Située au large de Conakry, la capitale guinéenne, l’île Tamara est l’une des perles de l’archipel des Îles de Loos. Ce territoire insulaire, bien que peu connu à l’échelle internationale, regorge de richesses naturelles, culturelles et historiques. Avec une population totale de 5 905 habitants, dont 3 313 vivent à Tamara, 992 à Rogbanè et 1 600 à Fotoba, ces îles constituent un patrimoine précieux pour la Guinée, tant sur le plan touristique qu’humain.Un héritage historique vieux de plusieurs siècles
Henri Bangoura, président de la communauté insulaire de l’île Tamara et descendant du premier occupant de l’île, Boum-Sorry, met un point d’honneur à rappeler l’histoire de ce territoire.
« L’ensemble de l’île a été découvert en 1460 par l’explorateur portugais Pedro de Sintra. C’est donc plus ancien que la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb en 1492 », précise-t-il
L’archipel est composé de trois principales îles : Kassa, Fotoba et Rome, cette dernière étant située au centre. Il affirme également que Tamara fut précisément habitée dès 1724. Son attachement profond à ces terres se reflète dans son engagement pour la communauté insulaire qu’il dirige aujourd’hui.
L’économie de l’île repose essentiellement sur la pêche : « L’activité principale ici, c’est la pêche. Elle emploie près de 85 % de la population active. A cette activité vitale s’ajoutent l’agriculture et l’élevage, bien que de manière plus marginale, » affirme Henri Bangoura.
Malgré la structure de cet île,certains besoins élémentaires restent non satisfaits, notamment en matière d’éducation : « L’éducation est bonne ici, mais nous n’avons pas de collège. Nos enfants sont obligés d’aller à Conakry ou à Kassa pour poursuivre leurs études après le primaire. Cette situation crée un frein à la scolarisation continue, et représente une charge financière et logistique importante pour les familles, » déplore Henri Bangoura.
La traversée entre l’île et Conakry constitue également une difficulté majeure. En saison hivernale, les conditions de navigation deviennent périlleuses : « C’est à bord de frêles embarcations que nous faisons la traversée. Quand il pleut et qu’il y a du vent, il n’y a pas de traversée possible. Et si on ne gagne pas Conakry, on ne peut pas vivre, car c’est là-bas que nous nous approvisionnons », explique-t-il.
Pour remédier à ce fléau, il lance un appel aux autorités au nom de la communauté locale : « Nous demandons aux autorités de nous venir en aide, de doter l’île Tamara d’un bateau digne de ce nom, qui puisse nous transporter en toute sécurité, >> Lance Henri Bangoura
L’île Tamara incarne à la fois l’authenticité d’un mode de vie insulaire ancestral, les promesses du tourisme durable et les défis persistants liés à l’insuffisance des infrastructures. Pour que ce joyau continue à rayonner et à prospérer, un accompagnement soutenu des autorités et des partenaires de développement s’avère indispensable.
Gnima Aïssata Kébé