A l’occasion de la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, célébrée ce mercredi 28 mai, le Club des Filles et Femmes Conscientes de Guinée a organisé une cérémonie de sensibilisation autour de la santé intime et menstruelle des femmes, à l’université général Lassana Conté de Sonfonia . Une initiative saluée pour son impact, dans un contexte où le sujet reste encore tabou pour beaucoup.
Placée sous le signe de l’éducation, de la prévention et du plaidoyer, cette journée a rassemblé de nombreux participants, dont des professionnels de la santé, des sociologues et des leaders religieux, dans une série de panels visant à démystifier les menstruations et promouvoir de meilleures pratiques d’hygiène féminine.
Pour Aissatou Bella Diallo, présidente du Club des Filles et Femmes Conscientes de Guinée, l’objectif de cette journée va bien au-delà d’un simple événement annuel : il s’agit d’un combat de tous les jours. « L’objectif principal de notre organisation, c’est d’éduquer et d’accompagner les jeunes femmes dans leur santé intime. Il y a beaucoup de non-dits autour des règles, des mots qu’on n’ose même pas prononcer. Nous voulons que les femmes puissent parler de leurs vrais problèmes sans gêne », a-t-elle déclaré.
Tout au long du mois de mai, le club a mené une campagne de terrain dans les marchés, les écoles, les ateliers de couture, les salons de coiffure et même dans les bureaux, pour recueillir l’opinion des femmes sur l’hygiène menstruelle. Des kits de protection hygiénique ont également été distribués aux jeunes filles en situation de précarité.
L’éducation menstruelle a occupé une place centrale dans les interventions. Des conseils pratiques ont été prodigués, notamment sur l’utilisation correcte des serviettes hygiéniques : « Il est recommandé de changer sa protection toutes les quatre heures pour éviter les infections. Nous déconseillons également l’utilisation de tenues en tissu pendant les règles, car elles favorisent la prolifération des bactéries », a insisté Aissatou Bella Diallo.
Autre message fort : l’appel à éviter les rapports sexuels pendant les menstruations, pour des raisons d’hygiène et de santé.
Au-delà de la sensibilisation, cette journée se veut aussi un appel aux décideurs publics. L’amélioration des infrastructures sanitaires en milieu scolaire est jugée essentielle pour permettre aux filles de poursuivre leur scolarité sans interruption pendant leurs règles.
Selon les chiffres du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), 66 % des filles en Afrique ne reçoivent aucune information sur la menstruation avant leurs premières règles. Cette ignorance rend leur première expérience souvent traumatisante. Pire encore, une fille sur dix en âge de scolarisation s’absente régulièrement de l’école pendant ses règles.
En réunissant médecins, sociologues et leaders religieux, le Club des Filles et Femmes Conscientes de Guinée espère déconstruire les croyances limitantes et instaurer un dialogue plus sain autour de la santé menstruelle. « Le citoyen guinéen se cache trop souvent derrière la religion pour ne pas éduquer sa fille sexuellement. Il faut changer cette dynamique », plaide la présidente du club.
Cette journée mondiale aura donc servi de catalyseur à un engagement collectif pour que les menstruations ne soient plus un frein à l’épanouissement des filles, mais une étape normale de leur vie, vécue dans la dignité, la sécurité et la connaissance.
Gnima Aïssata Kébé