Alors que le Recensement Biométrique à Vocation d’État Civil vient d’être prolongé à l’échelle nationale, certaines localités rurales, comme la sous-préfecture de Linsan Saran, peinent toujours à faire enregistrer une large partie de leur population. Cette situation suscite des inquiétudes grandissantes chez les autorités locales, qui plaident pour une prolongation du délai imparti.
Située dans une zone rurale , Linsan Saran compte environ 15 000 habitants. Malgré les efforts déployés pour mobiliser les citoyens autour du processus d’enrôlement, le sous-préfet, André Léonard Bangoura, souligne que de nombreux obstacles logistiques et administratifs freinent sérieusement l’opération : « Depuis le lancement officiel de ce processus, à notre niveau à Linsan Saran, les choses se déroulent tant bien que mal. Nous avons sensibilisé la population, les gens se mobilisent, mais les difficultés sont nombreuses. », confie-t-il à notre rédaction.
Parmi les principaux défis évoqués figure le manque de moyens techniques adaptés au contexte local. Les kits de recensement envoyés sont jugés insuffisants, tant en nombre qu’en performance énergétique : « Nous n’avons que 4 kits pour 6 districts, et certains tombent souvent en panne. En plus, les panneaux solaires fournis avec les kits ont une capacité trop faible pour assurer le bon fonctionnement des appareils dans un environnement sans électricité. Cette carence énergétique rend l’accès aux populations isolées encore plus difficile, car certains secteurs ne disposent que d’un seul point d’éclairage, ce qui ralentit considérablement le travail des agents recenseurs.»
Le manque de personnel qualifié est également une entrave majeure. La sous-préfecture ne dispose que d’un seul agent de l’état civil pour toute sa population. Une situation qui complique la gestion des dossiers et la production de documents administratifs nécessaires à l’enrôlement : « La majorité de la population est analphabète. Il faut donc faire appel à des enseignants ou des bénévoles pour aider à remplir les formulaires. Sans eux, nous n’en serions pas là. La lenteur de la procédure judiciaire pour la validation des jugements supplétifs, documents indispensables pour les personnes sans acte de naissance, »
Face à cette situation critique, André Léonard Bangoura demande instamment aux autorités nationales de revoir les délais et de renforcer les moyens: « Le délai est trop court. Le travail est colossal. Nous demandons une prorogation pour achever convenablement ce recensement. Il nous faut aussi plus de machines, plus de personnel, et un appui logistique renforcé. »
Alors que le recensement biométrique représente un tournant essentiel pour la reconnaissance légale des citoyens guinéens, les cas comme celui de Linsan Saran rappellent l’importance de prendre en compte les réalités du terrain. Sans un soutien accru de l’État, de nombreuses localités rurales risquent de laisser une part importante de leur population en marge de l’état civil, avec toutes les conséquences que cela implique.
Gnima Aïssata Kébé