Au-delà des débats sur les alliances régionales, le Premier ministre guinéen mise sur un projet fédérateur : l’inscription du massif du Fouta Djallon au patrimoine mondial de l’UNESCO, comme socle d’une nouvelle coopération sous-régionale.
Plutôt que de s’enfermer dans les clivages géopolitiques du moment, la Guinée veut miser sur ce qui unit. C’est en tout cas l’approche défendue par le Premier ministre Amadou Oury Bah, qui voit dans la gestion des ressources naturelles un levier d’intégration durable entre États africains.
Au cœur de cette vision : le massif du Fouta Djallon, considéré comme le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest. « Tous les fleuves de l’Afrique de l’Ouest internationaux prennent leurs sources en Guinée. Que ce soit le Niger, que ce soit le Sénégal, que ce soit le fleuve Gambie et d’autres fleuves », rappelle-t-il dans une interview accordée à la Nouvelle Chaine Ivoirienne (NCI).
Amadou Oury BAH, Premier ministre
L’objectif affiché est clair : inscrire ce massif au patrimoine mondial de l’UNESCO, afin de mobiliser les États concernés autour d’un projet commun. « Le bassin du Fouta Djallon est un bassin qui prend en compte le bassin du fleuve Sénégal, le bassin du fleuve Niger, le bassin du fleuve Gambie et d’autres bassins qui sont là. »
Un projet qui dépasse les frontières habituelles : quinze pays, dont le Tchad et le Cameroun, sont déjà impliqués. Il s’agit, selon le Premier ministre, de poser les bases d’une véritable « diplomatie de l’eau » pour prévenir les crises futures, en lien avec la désertification et les bouleversements climatiques.
« Nos crises au Sahel fondamentalement, c’est l’avant-goût d’une crise de l’eau », prévient-il, en insistant sur la nécessité d’anticiper les tensions à venir.
À rebours des discours sur les ruptures politiques, Amadou Oury Bah mise sur les convergences durables : « Nous allons trouver des liens politiques qui feraient que malgré tout, l’espace retrouvera son unité et pourra évoluer avec beaucoup plus d’harmonie lorsque, avec le temps, toutes les douleurs et frustrations vont s’estomper pour laisser place à la coopération et à l’intérêt commun. »
Dans une sous-région marquée par les ruptures politiques, la diplomatie guinéenne trace un autre chemin : celui des solidarités naturelles et des responsabilités partagées. À l’épreuve du temps, l’eau pourrait bien redevenir un facteur d’unité.
Alpha