À Matoto, la réforme de l’état civil franchit un nouveau cap. Depuis la mi-avril, la commune pilote conduit deux opérations majeures : la délivrance gratuite d’extraits de naissance pour les citoyens sans documents et la numérisation progressive des actes, en vue de la généralisation de la carte d’identité biométrique. Avec des résultats déjà tangibles.
« Nous avons délivré près de 25 000 extraits de naissance, entre jugements et transcriptions », indique Kemoko Dioubaté, chef du service des officiers de l’état civil.
Une opération à double objectif
L’initiative vise à corriger une carence longtemps observée dans la plus grande commune de la capitale : le faible taux de possession d’actes de naissance. En partenariat avec le tribunal et les chefs de quartiers, les autorités locales entendent offrir une première reconnaissance administrative à des milliers de personnes restées jusque-là en marge.
« D’abord, permettre aux citoyens de Matoto qui ont trop peu d’actes de naissance d’en obtenir gratuitement […]. Ensuite, nous procédons à la numérisation des extraits existants pour faciliter l’obtention de la carte d’identité biométrique dès 16 ans », précise M. Dioubaté.
Un déploiement structuré sur le terrain
Pour garantir une couverture efficace, deux agents ont été affectés dans chacun des treize quartiers que compte la commune. Ce dispositif de proximité a permis une avancée rapide du programme. À ce jour, 3 000 actes ont été numérisés.
Le chef de service évoque un bilan global de 230 000 actes de naissance délivrés à Matoto, un chiffre qui illustre l’ampleur du travail accompli ces dernières années.
Un état civil désormais plus crédible
La réforme ne passe pas inaperçue. Certaines chancelleries européennes se montrent désormais attentives à l’évolution de l’état civil à Matoto. « Nous avons gagné une crédibilité solide auprès des ambassades européennes, notamment celles d’Espagne, de Belgique et d’Italie. Elles nous consultent régulièrement et nous invitent même à des séances de travail pour mieux comprendre notre approche », affirme Kemoko Dioubaté.
Une dynamique appelée à se poursuivre
En se plaçant à l’avant-garde de la réforme, Matoto s’impose comme commune pilote dans un processus de modernisation de l’état civil encore balbutiant à l’échelle nationale. L’enjeu est de taille : garantir à chaque citoyen son droit à l’identité, condition préalable à l’accès aux droits et services de l’État.
Les autorités locales entendent maintenir cette dynamique, avec l’appui des partenaires techniques et des agents mobilisés sur le terrain.
Alpha