En Guinée, les partis politiques aspirent au pouvoir par la voie des urnes. C’est leur raison d’être. Mais à l’heure du recensement général, censé permettre l’élaboration d’un fichier électoral fiable, un paradoxe frappant saute aux yeux : peu de formations prennent véritablement la mesure de l’enjeu. Or, comment espérer gagner une élection si vos partisans ne sont même pas recensés ? Ce serait ni plus ni moins qu’un acte d’autosabotage.
Une étape décisive négligée.
Le recensement général de la population , en cours dans notre pays, est bien plus qu’une simple opération de collecte de données. Il est le socle sur lequel reposera toute participation citoyenne future : accès aux droits, services publics, mais surtout inscription sur les listes électorales. En ce sens, il devient une étape stratégique incontournable pour tous ceux qui visent une réelle représentativité dans les institutions.
Et pourtant, de nombreux partis restent dans une posture attentiste. Pire, certains se contentent de dénoncer, de critiquer, ou de spéculer sur la suite du processus de transition, sans mobiliser leurs bases pour cette action concrète et décisive. C’est là une faute politique.
L’intelligence situationnelle : clé de la survie politique.
Ce moment appelle à ce qu’on pourrait qualifier d’intelligence situationnelle: la capacité à lire les signaux du contexte, à s’adapter avec agilité, et à agir de manière stratégique. Encourager le recensement de ses militants, c’est renforcer ses positions futures. Refuser de le faire, c’est compromettre ses chances dans les joutes électorales à venir.
Il est temps de sortir des discours stériles pour passer à l’action de terrain. Les formations politiques doivent urgemment faire campagne pour le recensement, au risque de manquer une occasion précieuse de s’imposer dans la configuration politique à venir.
Le recensement : un acte civique, un levier politique.
Chaque citoyen doit comprendre que se faire recenser est un devoir civique, mais aussi un geste d’influence. C’est par ce biais que nous pouvons tous peser sur les choix politiques, économiques et sociaux de demain. Ne pas se faire recenser, c’est renoncer à cette influence. Et ne pas le promouvoir, pour un parti, c’est renoncer à sa vocation première.
La Guinée à la croisée des chemins.
Notre pays traverse une période critique, pleine d’espoirs mais aussi de défis redoutables. Plus que jamais, la lucidité politique est requise. Les partis doivent s’engager dans ce processus avec détermination, et non en spectateurs sceptiques. Car demain, il sera trop tard pour se plaindre d’avoir été écarté si l’on a refusé de jouer sa partition aujourd’hui.
Le recensement est un moment de vérité. Un test d’agilité politique. Un levier de souveraineté citoyenne. Pour les partis politiques, l’heure est venue de faire preuve de responsabilité et de clairvoyance. Mobiliser ses bases, c’est exister demain. L’ignorer, c’est se condamner à l’insignifiance.
Abdourahamane NABE
Responsable RSE
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