Conakry, 24 avril 2025 – Le Secrétaire général du FSPE et directeur de l’école primaire Hadja Aïcha Bah, Salifou Camara, a comparu ce jeudi pour la première fois devant le tribunal de première instance de Mafanco. Il est poursuivi pour injures et diffamations par Tidiane Sylla, époux de la syndicaliste Hadja Saran Fofana.
Né en 1980 à Siguiri, l’enseignant est en détention depuis le 17 avril 2025 à la maison centrale de Conakry.
À la barre, un aveu et des regrets
Face au juge, Salifou Camara a reconnu les faits qui lui sont reprochés et a présenté ses excuses : « Je reconnais les faits, je demande pardon. Nous avons entamé plusieurs démarches, nous avons rencontré le Kountigui de la Basse-Côte, le Premier Imam de la Guinée ; ma maman même est allée jusqu’à prendre les pieds de la femme pour demander pardon. En retirant sa jambe, elle a blessé ma maman à la bouche. Malgré tout ça, mes parents ont continué à aller chez la dame pour lui demander pardon. C’est après une discussion avec ma femme que j’ai appelé madame Hadja Saran. Après la conversation, pensant raccrocher le téléphone, on a continué à parler d’elle, ma femme et moi. Conversation que Hadja Saran a écoutée avant de raccrocher l’appel. Elle m’a rappelé ensuite pour dire qu’elle a tout enregistré, en me traitant d’ingrat et d’imbécile. Monsieur le président, je suis vraiment désolé, je gère une école primaire de 2 000 personnes, avec des femmes. Un tel cas ne m’est jamais arrivé, je n’ai jamais insulté une femme. Je présente mes excuses. »
Le prévenu admet aussi des propos tenus à l’encontre du plaignant
Lors de la phase de questions-réponses, il a également reconnu avoir insulté le plaignant : « J’ai traité le mari de la dame de chien. En lui disant qu’il est au pied de sa femme. »
Les réactions à l’audience
Prenant la parole, la procureure a estimé que l’accusé n’a pas agi en homme : « Vos excuses arrivent seulement après avoir commis un acte grave. » L’avocat de la partie civile, de son côté, s’est indigné : « Vous êtes éducateur, quand vous avancez des propos de ce genre, c’est vraiment gênant. En tant qu’enseignant, vous devez remuer la langue avant de parler. Saviez-vous que sur les réseaux sociaux, vos camarades sont en train de diffamer madame Sylla ? » À cette question, Salifou Camara a répondu : « Non, je ne suis pas informé. »
L’avocat de la défense lui a alors demandé comment il s’était senti après les faits : « Je me sentais dans un autre monde. Je me sentais gêné. »
Le témoignage du plaignant, Tidiane Sylla
Appelé à la barre, le plaignant a expliqué les raisons de sa plainte : « J’ai porté plainte pour injures et diffamations. C’est ma première fois de comparaître. C’est moi qui ai présenté ce monsieur à ma femme pour qu’ils travaillent ensemble. Quand je l’entends dire que c’est ma femme qui me dirige… Tout ce bonheur qu’il a, c’est grâce à moi. Étant un éducateur, il ne devait pas tenir ces propos. Il parlait toujours du mal de ma femme. Des gens venaient lui dire, mais moi, je la moralisais toujours. Il faut qu’il sache que la loi condamne ces choses. Il ne faut pas qu’il recommence. Il dit que c’est ma femme Hadja Saran Fofana qui est derrière ça, mais elle a tout fait pour que je retire ma plainte. Je n’ai pas accepté. Que la loi soit appliquée». Malgré la gravité des faits, Tidiane Sylla a fini par accepter les excuses du prévenu.
Réquisitions et renvoi
Dans ses réquisitions, la procureure a demandé au tribunal de prononcer une peine de trois mois de prison avec sursis, assortie d’une amende d’un million de francs guinéens. Prenant la parole pour sa défense, Salifou Camara a de nouveau exprimé ses regrets : « Je remercie le Tout-Puissant qui m’a permis de connaître ce que j’ai connu aujourd’hui. Sept jours en prison, je reconnais vraiment mes erreurs. Je demande pardon à monsieur Sylla et à sa femme. Je ne suis pas un habitué des faits, je réitère mes excuses. » L’avocat de la partie civile, quant à lui, a demandé au tribunal de condamner le prévenu à verser une somme symbolique en guise de réparation.
Verdict attendu le 8 mai
Au terme des débats, le président du tribunal a renvoyé l’affaire au 8 mai 2025 pour délibéré et prononcé de la décision.
Gnima Aïssata Kébé