Alors que la nouvelle du report du congrès de l’UFDG est déjà actée, Fodé Oussou Fofana a tenu à revenir sur les circonstances qui ont conduit à cette décision. Lors d’une déclaration publique, ce samedi, 12 avril devant des militants massivement mobilisés, le vice-président du parti a expliqué que toutes les conditions étaient réunies pour la tenue du congrès initialement prévu les 19 et 20 avril 2025.
« Nous avons fixé la date du congrès pour les 19 et 20 avril 2025, le congrès de l’UFDG. La quasi-totalité des 112 fédérations de l’intérieur et de l’extérieur sont déjà renouvelées. Nous sommes fin prêts pour le congrès, mais il n’aura pas lieu, malheureusement, au mois d’avril, et pourquoi ? Tout simplement, le tribunal de Dixinn a demandé qu’on suspende les élections en attendant le règlement d’un différend entre l’UFDG et un quart du parti qui a été exclu », a-t-il rappelé.
Souhaitant marquer l’attachement de son parti à l’État de droit, Fodé Oussou a précisé que cette décision avait été prise dans le respect des injonctions de la justice : « Pour respecter la justice, nous avons reporté la date de la tenue du congrès, nous avons pris soin d’écrire et d’informer officiellement le ministère de l’Administration du Territoire. »
Le vice-président de l’UFDG a également relevé l’incohérence entre les instructions de deux institutions : « Quand le ministère de l’Administration du Territoire nous dit d’organiser le congrès au bout de 45 jours, le ministère de la Justice nous envoie un message pour dire qu’il faut suspendre le congrès. Tout le monde sait qu’on n’a pas besoin de réfléchir. La décision de la justice est au-dessus du ministère de l’administration du territoire. »
Affirmant que toutes les irrégularités évoquées auparavant ont été corrigées, il souligne que seul le congrès reste en attente : « Tout ce qui avait été reproché au parti, nous avons tout réglé. Le seul élément qui reste, c’est le congrès. Au jour d’aujourd’hui, nous sommes prêts, mais on ne peut pas aller au-delà de la justice. »
La prochaine échéance est fixée au 9 mai, date à laquelle la justice doit se prononcer sur le litige interne. Fodé Oussou dit espérer une clarification sur la légitimité de la direction actuelle à écarter un membre : « J’espère bien, puisque nous sommes un parti, et puisque un parti est une association, et puisque nous avons exclu un cadre, j’espère que le ministère de la justice va savoir que le parti, on ne peut pas le comparer à une personne qui a été exclue. »
Il insiste sur un principe de base de la vie partisane : « Il reste entendu, les phrases sont connues, il n’y a pas de mariage forcé. Ce que la justice peut faire, c’est de dire voilà les points, que vous n’avez pas respectés. Nous allons nous retrouver encore, nous allons respecter ces points, et nous allons encore être exclus s’il le faut. Il n’y a pas de mariage forcé. Personne ne peut imposer quelqu’un au parti. »
Avant d’ajouter : « Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que l’UFDG n’est pas suspendu. Ça veut dire quoi ? L’UFDG a le droit de faire ses activités. Nous sommes autorisés à continuer nos activités en attendant le procès du 9 mai. Si vous n’avez pas l’information, nous vous donnons l’information. »
Polémique autour d’un mémo de fédéraux
Évoquant par ailleurs un mémo controversé, émanant de certaines fédérations de la Haute-Guinée et de la région forestière, Fodé Oussou a pointé du doigt une manipulation orchestrée par des cadres du parti. Selon lui, ces derniers ont agi sans mandat et ont engagé des fédéraux à leur insu.
« Ce mémo s’est retrouvé dans la presse, avant et après son enregistrement au secrétariat du parti par l’ancien coordonnateur de la cellule de communication. Nous avons été informés par la suite, par les fédérations de la Haute-Guinée et de la forêt, que ce mémo a été suscité par certains cadres du parti ressortissants de la localité. Malheureusement, nous le disons ici, ces cadres n’avaient ni mandat ni ordre de mission. »
Déplorant l’absence de consultation des responsables fédéraux, il poursuit : « Les fédéraux qui ont signé n’ont associé malheureusement aucun membre de la fédération. Ça veut dire qu’on arrive, on appelle le fédéral, on lui dit on est venu te voir, mais on n’a pas besoin de tes membres. Voilà le papier qu’il faut signer. »
Une méthode jugée non conforme aux règles internes du parti : « Les responsables des fédérations n’ont pas été associés et n’ont même pas su qu’il y avait une mission qui était à l’intérieur du pays pour ça. Ils ont vu comme nous. Évidemment, ils ont réagi. Vous devez rester vigilants. L’UFDG est un parti bien organisé. Si quelqu’un vient pour vous voir, pour parler au nom du parti, demandez-lui l’ordre de mission. »
Appelant au pardon, Fodé Oussou a lancé un message de clémence à l’endroit des signataires : « Les fédéraux-là qui ont signé, qui ont dit qu’ils regrettent, je voudrais que vous les pardonniez. Ce n’est pas de leur faute, ils ont été trompés. »
Il conclut avec une mise en garde à l’attention des détracteurs du parti : « Maintenant, personnellement, j’ai deux leçons de ça. Quand tu veux creuser le trou pour ton ennemi, il ne faut pas que ce soit trop profond. Parce que tu ne sais pas si tu vas descendre dedans. Tout le monde sait qui est le président de l’UFDG, qui va être élu au congrès. Le match est terminé, on n’a même pas commencé. »
Avant de conclure : « Maintenant quand quelqu’un veut quitter le parti, il faut quitter tranquillement, tu vas là où tu veux. Mais pardon, pour l’amour de Dieu, ne va pas là-bas pour parler à notre nom. Il ne faut pas aller dire là-bas : bon, moi je suis venu parce que nous, on veut le dialogue. On ne parle pas de toi, il ne faut pas parler de nous. Est-ce que c’est compliqué ça ? ».
Gnima Aïssata Kébé