Poursuivi pour détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux, Dr Mohamed Diané était de nouveau à la barre, ce jeudi 10 avril 2025, devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). L’État guinéen, représenté par son Agent judiciaire, agit en partie civile dans ce dossier.
À l’ouverture de l’audience, le prévenu est revenu longuement sur son parcours professionnel et politique, avant d’être interrogé par le président de la cour, M. Daye Mara, sur les faits liés à l’enrichissement illicite.
« Je suis Mohamed Diané. Je suis enseignant-chercheur, titulaire d’un doctorat en génétique de l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry. J’ai intégré la fonction publique en 1982 en tant qu’enseignant à la faculté de biologie. Puis j’ai poursuivi mes études de 1984 à 1990. Et ensuite, en tant que militant et responsable politique, j’ai été élu député à l’Assemblée nationale en 1995, même si, dans toutes les plaidoiries ici, on a omis ça parce qu’on voulait ternir l’image d’un homme politique. Donc, j’ai été élu député à l’Assemblée nationale en 1995 et président de la commission ressources naturelles et environnement. J’ai également été président du comité d’amitié au niveau de l’Assemblée nationale du Néo-lubien et, durant cette période, j’ai participé à de nombreuses missions à l’intérieur et à l’extérieur du pays… J’ai ensuite occupé maintenant le poste de ministre d’État et de Cabinet, comme je l’ai dit, ministre d’État auprès du président, chargé de la Défense nationale, ensuite ministre d’État chargé des Affaires présidentielles, et chargé de la Défense nationale », a déclaré Dr Mohamed Diané à la barre.
Sur les accusations d’enrichissement illicite, l’ancien ministre conteste formellement les faits qui lui sont reprochés. Il soutient n’avoir jamais été confronté à la liste des biens en question. « C’est pourquoi, avant de justifier l’origine de ces biens, je sollicite de votre haute bienveillance la communication des copies des titres fonciers de tous ces biens immobiliers figurant sur la liste annexée à la décision de condamnation, ainsi que les preuves me liant à cette liste. Je n’ai jamais été confronté à cette liste. Par rapport à mes biens, il semblerait que le siège de la Céline m’appartenait… Il y avait un autre immeuble au niveau de la T8 à Sonfonia, ainsi de suite. Mais auparavant, je voulais attirer votre attention, qu’après le coup d’État du 5 septembre 2021, ce jour-là, on avait d’ailleurs annoncé ma mort. C’est tardivement que le ministère de la Défense a démenti cette information. Une semaine après, un contingent de militaires et de gendarmes conduits par un colonel a débarqué chez moi. Je n’étais pas là-bas. Ils ont vidé mes enfants. Ils ont pris tous mes documents, mes ordinateurs, tout ce qui se trouvait là-bas. Ils ont cadenassé. Jusqu’au jour d’aujourd’hui, je n’ai pas eu accès à ma résidence. Mes bureaux au niveau de la Défense, mes ordinateurs, certains documents personnels ont été cadenassés. Donc, jusqu’à aujourd’hui, cette liste qui a été publiée, je n’ai eu, je n’ai jamais été interrogé. Je n’ai aucun document qui atteste que ça m’appartient », a-t-il dénoncé.
Après l’interrogatoire du prévenu, principalement centré sur les accusations d’enrichissement illicite, le président de la cour a décidé de renvoyer l’affaire au 17 avril 2025 pour la suite des débats.
Gnima Aïssata Kébé