La deuxième journée d’audience dans le procès en appel d’Aliou Bah, président du MoDel, s’est tenue ce lundi devant la Chambre correctionnelle de la Cour d’appel de Conakry. Poursuivi pour “offense et diffamation contre le Chef de l’État par le biais d’un système informatique”, l’opposant politique a comparu pour la deuxième fois dans un climat de tension entre les parties.
Dès l’ouverture des débats, le procureur général, Fallou Doumbouya, a sollicité la tenue d’un huis clos. Il a justifié sa demande par la nécessité de garantir la “sérénité des débats”, en évoquant notamment l’enregistrement de l’audience précédente et la diffusion des extraits sur les réseaux sociaux. Le magistrat a également mentionné qu’un représentant du ministère public aurait été pris à partie à la suite de ces publications.
Une position à laquelle la défense s’est farouchement opposée. Les avocats d’Aliou Bah ont dénoncé une manœuvre infondée. « C’est une demande de trop. Qu’est-ce qu’il cache ? S’il y a des spéculations sur les réseaux sociaux, c’est de leur faute. Parce que si le représentant du ministère public nous suivait dans notre demande de médiatisation de ce procès, cela n’allait pas arriver. De quoi a-t-il peur ? », ont-ils lancé devant la Cour, estimant que « jamais un procès relatif à l’offense au Chef de l’État n’a été tenu à huis clos ».
Les conseils de la défense ont réitéré leur volonté de voir l’audience médiatisée, estimant que cela contribuerait à écarter toute suspicion sur la procédure : « Pour que le procès soit exempt de toute suspicion, rejeter purement et simplement cette demande et ordonner la médiatisation du procès. »
Après avoir entendu les différentes parties, la présidente de la Cour, Hadja Fatou Bangoura, a tranché. Elle a rejeté les deux requêtes — le huis clos sollicité par le parquet et la médiatisation exigée par la défense. L’affaire a été renvoyée au 16 avril pour la suite des débats, avec à l’ordre du jour d’éventuelles réquisitions et plaidoiries.
Gnima Aïssata Kébé