Dans toute démocratie véritable, la majorité ne saurait s’arroger tous les droits sans égard pour les aspirations de la minorité. Lorsqu’une majorité s’impose sans écouter, elle cesse d’être démocratique pour devenir tyrannique. Cette dérive, subtile mais dangereuse, guette les jeunes démocraties comme la nôtre, où l’exercice du pouvoir est trop souvent confondu avec la possession d’une vérité unique.
Aux jeunes leaders politiques, engagés et passionnés, il convient de rappeler une chose essentielle : si votre combat est véritablement pour le peuple, alors bannissez les discours clivants, les invectives inutiles et les catégorisations hâtives. Il n’y a pas, dans une démocratie saine, de citoyens conscients ou inconscients, mais des concitoyens animés par des opinions divergentes sur des sujets d’intérêt national. C’est cette diversité qui nourrit le débat public, et non l’uniformité imposée par la force ou par le mépris.
La force ne doit résider que dans les arguments, et c’est à travers leur puissance que l’on parvient à rallier la majorité des citoyens à une cause. Une démocratie qui réprime la contradiction est une démocratie en sursis. Un discours politique qui exclut ou caricature l’autre opinion devient inaudible, même s’il est fondé.
Au soir d’une élection présidentielle, le président élu cesse d’être l’homme d’un parti, d’un groupe d’intérêt ou d’un camp. Il devient, par le verdict des urnes, le président de tous les Guinéens, sans distinction. Cela suppose une posture d’écoute, d’ouverture et de dépassement des clivages.
Être démocrate, ce n’est pas seulement porter un discours électoral, c’est vivre la contradiction, accepter la diversité des opinions, et refuser de diaboliser l’adversaire. C’est ce chemin exigeant mais nécessaire qui consolide les institutions et garantit la paix.
Réduire toute lecture citoyenne à un prisme purement politique nuit à l’engagement collectif. Voir le mal partout, soupçonner chaque mot, chaque geste d’un calcul partisan, c’est décrédibiliser les véritables voix du peuple. Celles qui parlent pour le bien commun, au-delà des clochers idéologiques.
Il est temps d’apprendre à être véritablement démocrates, pour que la Guinée avance dans la sérénité, le respect mutuel et la co-construction d’un avenir partagé.
Abdourahamane NABE
Responsable RSE
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