Conakry, 7 avril 2025 – La Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) a entamé ce lundi la phase des plaidoiries et des réquisitions dans l’affaire opposant Dr Ousmane Kaba, Boubacar Barry, Mansa Moussa Sidibé, Ibrahima Sory Touré (dit Alain), Moussa Condé (alias Tata Vieux), ainsi que la société China National Fisheries Corporation (CNFC), à la société Bankina Pêche. Les prévenus sont poursuivis pour faux et usage de faux en écriture publique, et abus de confiance.
Dès l’ouverture de l’audience, c’est maître Tènènké Touré, avocate de la partie civile, qui a pris la parole pour plaider la cause de son client, Ousmane Bangoura. Elle a insisté sur l’importance de rendre justice au nom de l’équité, soulignant les pertes colossales que son client aurait subies.
« Je demande à la cour de condamner les prévenus au paiement d’une somme de 22 millions de dollars », a-t-elle déclaré.
Le parquet spécial près la CRIEF, représenté par Amiata Kaba, a pris le contrepied de cette demande en rejetant les charges retenues contre les accusés.
« Les accusations constituées contre les accusés ne sont pas fondées. Vu cela, le ministère public requiert les prévenus non coupables des faits et renvoie les fins de la poursuite pour délits non fondés », a indiqué le procureur.
Une position qui a suscité un soulagement visible chez les avocats de la défense, lesquels ont pris la parole tour à tour. Pour eux, le dossier est vide. Ils ont dénoncé l’inexistence juridique et matérielle de la société plaignante, tout en réclamant une réparation pour leurs clients, dont l’image aurait été injustement ternie. Ils ont également invité la cour à trancher sur la base du droit, et non de l’émotion ou de l’équité invoquée par la partie civile.
Avant la mise en délibéré, le président de la cour a accordé un dernier tour de parole aux prévenus. Dr Ousmane Kaba a alors livré une déclaration empreinte de colère et d’amertume : « J’ai d’abord un sentiment de surprise. J’ai été traîné à la justice par des personnes que je ne connais pas. Bankina n’a jamais eu de licence, ils sont simples démarcheurs. Si Bankina avait eu une licence, ça aussi est une autre fraude. Mon deuxième sentiment, c’est la tristesse. »
Mais alors qu’il poursuivait son intervention, le ton est monté entre lui et le président de la cour. Dr Ousmane Kaba s’est emporté : « Ne me criez pas dessus, je ne suis pas votre enfant. »
Cette remarque a fortement irrité la cour. En réaction, le président a immédiatement ordonné au procureur d’engager une procédure pour outrage à magistrat à l’encontre de Dr Kaba.
L’affaire a été mise en délibéré. Le verdict final est attendu le 26 mai 2025.
Gnima Aïssata Kébé