Qui es-tu pour juger ou te mêler de la vie privée d’un couple ? Es-tu marié (e) ? Si oui, ton couple ne traverse jamais de période difficile ? Si non, qu’est-ce qu’un ou une célibataire a à chercher dans la vie d’un couple ? Pourquoi te mêler des affaires des autres au point de briser leur foyer ?
Nos parents et nos arrières parents se sont appuyés sur des valeurs ancestrales pour bâtir des foyers à la fois solides et stables. Le mariage incarnait le respect de la tradition, des valeurs sociétales. Il avait un véritable sens de la moralité. Les conjoints le considéraient et le prenaient avec honneur et respect. Également, l’honneur des belles familles était protégé et sauvegardé par les mariés. Hélas, à l’époque actuelle, le mariage semble avoir perdu sa valeur. Oui, à l’époque de nos parents et arrières parents, les couples étaient bâtis sur le principe de la pérennité, c’est-à-dire que la dernière des choses à laquelle on pouvait penser lors d’une mésentente était le divorce. Les problèmes de famille se discutaient et se réglaient en couples ou en familles. De nos jours, les liens familiaux, autrefois solides comme un roc, se ballottent, comme le dirait l’autre, au fur et à mesure que les Africains goûtent à la sauce de la mondialisation. Mais, que faire pour arrêter cette épidémie de divorces qui frappent notre société ?
Le mariage est une institution sacrée. Il est tellement sacré qu’il est recommandé même parfois de mentir pour réconcilier ou sauver un foyer.
Nombre de couples s’effondrent actuellement parce que la marraine traditionnelle ou la « démba » et le démarcheur ou courtier de la famille du prétendant ou le « foudou gnèlo » ne font plus leur rôle de protecteurs de foyer. Sinon, dans le passé, lorsqu’une situation de désaccord dépassait un couple, la marraine traditionnelle ou la « démba » en maninka et le démarcheur ou courtier de la famille du prétendant ou le « foudou gnèlo » intervenaient tout de suite pour rétablir le dialogue au sein du couple.
La « démba » le « foudou gnèlo » jouaient un rôle important dans la stabilité du mariage, dans la vie future du couple. Mais, à l’heure qu’il est, dès après le mariage, la « démba » et le « foudou gnèlo » sont, dans la plupart des cas, aussitôt oubliés. Oui, au temps où nous vivons, plutôt que de voir la « démba » et le « foudou gnèlo » lorsqu’ils se trouvent en désaccord ou vivent une situation délicate, nombreux sont ceux qui affichent très souvent leur intimité, leur vie de couple sur les réseaux sociaux. Ainsi, ils invitent les chercheurs de visibilité sur la toile dans leur vie qui viennent semer la zizanie dans leur couple.
Le meilleur des apprentissages de la vie, c’est d’apprendre à se connaître soi-même, à se comprendre soi-même, à comprendre et connaître ses origines, ses valeurs traditionnelles, sociales, culturelles et artistiques. Il est impérieux de rappeler, par les temps qui passent, certaines valeurs qui faisaient le socle de la société guinéenne, car notre monde est en déperdition complète. Certes, les temps ont changé ! Mais de grâce, gardons intactes certaines valeurs qui faisaient la force de nos sociétés.
Les réseaux sociaux ne sont ni un espace de règlement des problèmes de couple ni un endroit où il faut en parler. Quand on aime une personne, ce n’est pas sur la place publique ou sur les réseaux sociaux qu’on étable sa vie. On lui prodigue plutôt des conseils à domicile. Hélas, nombre se plaisent aujourd’hui à apporter des soutiens hypocrites sur l’espace public. Pendant qu’ils brisent les ménages des autres, ils sont confortablement assis dans les siens, en train de se présenter en femmes ou hommes respectables. Alors que la réalité est toute autre.
Dans un temps passé, quand un homme et une femme décidaient de mettre un terme à leur union ou de divorcer, les vieux refusaient que les assises autour de cette situation, se tiennent dans une famille ou dans le village lui-même ou sous un arbre fruitier. Ils préféreraient, le faire en dehors du village.
Les anciens croyaient que rompre un mariage dans une famille, ou au village ou sous un arbre fruitier, pourrait non seulement pousser ou encourager d’autres couples à emprunter ce chemin, mais également, pourrait empêcher l’arbre sous lequel a eu le divorce, de pouvoir produire ou porter des fruits. Pour certains, l’arbre peut s’assécher complètement. C’est pour cette raison qu’ils préféraient toujours, le faire hors du village, plutôt que de le faire dans une famille, ou au village ou sous un arbre fruitier. Cela prouve combien de fois, le divorce était et est encore pour d’autres, très mal vu. Malheureusement, les nouvelles normes sociétales corrompues ont altéré ces valeurs traditionnelles africaines.
A l’époque actuelle, c’est sur les réseaux sociaux que les gens détruisent les ménages. Pis, les personnes qui disent souvent aux autres ‘’si c’est moi, je n’allais accepter cela », qui font les catalyseurs, vivent pire dans leurs foyers.
La communication est la pierre angulaire de toute relation. Oui, l’une des causes les plus récurrentes de la rupture, c’est souvent le manque de communication. Il faut savoir parler de ce qui va et de ce qui ne va pas, savoir exprimer ses désirs, envies, ressentis, et savoir écouter l’autre et prendre en compte ce qu’il ou elle nous dit. « À force de ne pas parler, on finit par ne plus se comprendre. Une relation sans communication, c’est comme une plante sans eau : elle meurt lentement. Parfois, on se dit que c’est plus simple d’éviter le sujet, que parler ne fera qu’empirer les choses. Mais en réalité, c’est l’absence de dialogue qui creuse le fossé ».
Dans la société traditionnelle guinéenne, le divorce étant considéré comme un échec, une fois l’alliance nouée entre deux personnes, entre deux familles, entre deux tribus ou entre deux contrées, elle est appelée à demeurer pour toujours, car les familles liées par l’union veillent scrupuleusement sur celle-ci afin qu’elle réussisse, se consolide et ne meurt que par la mort de l’un des conjoints.
Les périodes difficiles font partie intégrante de la vie de couple. Indubitablement, tous les couples passent des moments de joie et de difficultés. Cela est tout à fait normal et est inhérent à la vie de l’homme, d’un couple. Le plus important, c’est d’être capable d’affronter les difficultés, d’avoir l’énergie nécessaire pouvant permettre de surmonter les épreuves et d’en sortir renforcés et plus unis. Pendant les moments difficiles, les conjoints doivent toujours penser au premier jour de leur rencontre.
La tolérance, le pardon tout comme la pitié garantissent le mariage. Sans eux, le mariage ne peut résister au temps et aux mauvaises langues. Un mariage sans difficulté n’en est pas un. Autant il est vrai que la dent peut mordre la langue, donc lui faire mal sans qu’ils se séparent, autant il est vrai que des couples peuvent connaître des moments difficiles parfois. Cela ne devrait en aucune manière les empêcher de se mettre ensemble après. C’est pourquoi d’ailleurs les Malinka disent que la cohabitation est parfois amère : sii Kassani.
Sayon MARA, Juriste