L’histoire politique africaine est parsemée de dirigeants qui, après avoir été salués pour leurs réalisations, ont vu leur nom se ternir à cause d’un mandat de trop. Alassane Dramane Ouattara risque de tomber dans ce piège. L’idée d’un quatrième mandat, même suggérée à demi-mot, sonne déjà comme une erreur de trop, une provocation de l’histoire.
Depuis son arrivée au pouvoir, le président Ouattara a indéniablement redressé l’économie ivoirienne, renforcé les infrastructures et rétabli une certaine stabilité dans un pays autrefois fracturé. Mais ces acquis, pour solides qu’ils soient, ne sauraient justifier une éternisation au pouvoir. Le pouvoir, aussi grisant soit-il, devient dangereux lorsqu’il s’installe dans la durée au mépris du bon sens et de la sagesse politique.
Un quatrième mandat ? Ce serait un coup porté non seulement à la démocratie ivoirienne, mais aussi à l’image même de celui qui fut jadis perçu comme un homme moderne, soucieux de développement et d’alternance. Ce serait tourner le dos à l’élégance républicaine, celle qui veut que les grands hommes sachent partir au bon moment.
L’âge du président, les tensions persistantes dans certaines régions, la nécessité d’une transition apaisée : tout appelle aujourd’hui à la retenue, au recul, à la grandeur. S’obstiner serait s’exposer à un retour brutal des fantômes du passé : contestations populaires, tensions électorales, critiques internationales… et peut-être plus grave encore, un effacement progressif de son œuvre dans la mémoire collective.
À ceux qui, autour de lui, murmurent que « le pays a encore besoin de lui », il faut rappeler que la vraie force d’un homme d’État se mesure à sa capacité à préparer et à accepter la relève. Le patriotisme ne réside pas dans la longévité au sommet, mais dans la transmission sereine du pouvoir.
Alassane Ouattara a encore le choix. Il peut s’inscrire dans l’histoire comme l’homme qui a su dire « non » à la tentation d’un mandat de trop. Comme celui qui a préféré sortir par la grande porte plutôt que d’être poussé vers la sortie. L’Afrique a besoin de ce genre d’exemples. La Côte d’Ivoire aussi.
Nabé Abdourahamane
Responsable Mécénat Santé et Solidarité [email protected]