La Cour d’Appel de Conakry a ouvert, ce mercredi, le procès en appel d’Aliou Bah, leader du parti ModeL, poursuivi pour « offense et diffamation contre le chef de l’État ». Cette audience, très attendue, met une nouvelle fois en lumière les tensions entre liberté d’expression et justice en
La présidente de la Cour lance les débats
La présidente de la cour, Hadja Fatou Bangoura, a ouvert les débats en s’adressant à l’opposant : « Par vos avocats d’un côté et par le ministère public, toutes deux parties à ce procès, n’est-ce pas ? Alors, les faits qui vous sont reprochés, c’est les faits d’offense et de diffamation contre le chef de l’État. Si vous les reconnaissez, expliquez-nous comment ça s’est passé. Si vous ne les reconnaissez pas, dites-nous pourquoi le ministère public vous poursuit. »
En réponse, Aliou Bah a dénoncé des accusations « infondées » et a rejeté les faits qui lui sont reprochés.
Une arrestation controversée
Le leader politique a rappelé les conditions de son arrestation, survenue à la frontière de Pamelap alors qu’il se rendait à Freetown pour des raisons privées. Selon lui, aucune notification ne lui avait été présentée lors de son interpellation. Transféré à Conakry, il affirme avoir passé plusieurs nuits dans une cellule insalubre avant son inculpation et son placement en détention à la maison centrale.
« J’étais préparé psychologiquement, parce que je connais l’histoire de mon pays. Je sais que je ne suis ni le premier ni le dernier à vivre cela, mais je suis en politique pour contribuer à changer cette donne. »
Un combat pour la liberté d’expression
Aliou Bah a ensuite défendu son engagement politique, affirmant que ses prises de position ont toujours été conformes à la loi. Selon lui, les critiques qu’il formule font partie du débat démocratique et ne devraient pas faire l’objet de poursuites judiciaires.
« Chaque fois que je me suis prononcé, ce fut dans un cadre légal : meetings, interviews médiatiques, interventions publiques. Tout a été collecté par ceux qui veulent me faire taire. »
Un dossier hautement politique
Ce procès relance le débat sur la justice en Guinée et son indépendance face aux figures de l’opposition. Pour ses partisans, l’affaire Aliou Bah est un signal alarmant pour la liberté d’expression et le pluralisme politique dans le pays.
L’audience a été finalement renvoyée au 9 avril prochain pour la suite des débats. Dans cette affaire, la décision de la Cour d’Appel sera déterminante pour la suite du combat judiciaire de l’opposant.
Une affaire à suivre de près.
Gnima Aïssata Kébé