Après avoir été condamné en première instance à deux ans de prison, Aliou Bah, leader du Mouvement Démocratique Libéral (MoDeL), a comparu aujourd’hui devant la Cour d’Appel de Conakry. L’opposant n’a pas hésité à fustiger ce qu’il considère comme une arrestation arbitraire, motivée par ses opinions politiques plutôt que par des infractions réelles.
Lors de son audience, Aliou Bah a vigoureusement rejeté les accusations portées contre lui, estimant que la procédure judiciaire était avant tout une manière pour le pouvoir en place de le réduire au silence. « Je ne reconnais aucune des charges qui me sont attribuées. Ce procès est une mascarade, il repose sur des arguments infondés », a-t-il déclaré. Selon lui, ce n’est pas sa conduite mais ses propos critiques qui ont déclenché cette affaire.
Une arrestation rocambolesque et des conditions de détention inhumaines
L’opposant a également relaté les circonstances qui ont précédé son arrestation. Il a expliqué avoir été pris dans une situation des plus surprenantes : « Le jour de mon arrestation, il n’y a eu aucune notification officielle. Nous avons été retenus pendant plusieurs heures à la frontière avant d’être transférés dans la capitale, escortés par des individus cagoulés et lourdement armés », a-t-il précisé.
Une fois à Conakry, les conditions de détention de l’opposant ont été un autre point de contestation. Aliou Bah a décrit une cellule insalubre et une gestion de l’incarcération marquée par l’inhumanité : « J’ai été enfermé dans une cellule insalubre, avec des inconnus. C’est une expérience que je ne souhaite à personne, mais malheureusement, ce n’est pas un cas isolé. Je n’ai pas été le seul à subir de telles conditions. »
Politique et répression : Le combat d’Aliou Bah
Pour Aliou Bah, son incarcération n’est qu’une conséquence directe de son engagement politique et de ses prises de position publiques contre le régime en place. Il a insisté sur le fait que ce qu’on lui reproche n’est en réalité qu’une opinion, qui dérange les détenteurs du pouvoir. « Ce qu’on me reproche n’est pas un crime, c’est d’avoir exprimé ma vision politique », a-t-il répété devant la Cour.
L’opposant a aussi révélé que, après le coup d’État, il avait été approché par des membres de la junte pour intégrer leur gouvernement. Il a toutefois refusé cette offre, affirmant qu’il ne voulait pas être associé à un régime qui n’honorait pas ses engagements. « Je leur ai dit que, puisque vous vous êtes engagés à organiser des élections, alors faites-le. Je serai sur le terrain des idées, je me battrai pour mes convictions », a-t-il déclaré avec fermeté.
Un message aux générations futures
Dans son plaidoyer, Aliou Bah n’a pas seulement cherché à défendre sa propre cause, mais aussi à soulever une question plus large sur l’avenir politique du pays. Il a exprimé ses préoccupations quant à la direction que prend la Guinée. « Si nous voulons construire une société juste, nous devons défendre les voix divergentes et non les museler », a-t-il affirmé. Ce message, qu’il a adressé non seulement à la Cour mais aussi à la nation, soulève une réflexion cruciale pour l’avenir du pays.
Malgré les épreuves, Aliou Bah reste résolu à poursuivre son combat politique. « Je n’ai aucun regret. J’ai agi selon ma conscience et mon engagement envers le peuple. La justice me rendra mes droits, je n’en doute pas », a-t-il conclu, montrant ainsi sa détermination à continuer à défendre sa vision pour la Guinée.
Alpha