Le RPG arc-en-ciel fustige avec la dernière énergie le soutien apporté par certains partis politiques aux autorités de la transition. Lors d’une réunion politique du parti, ce samedi 22 mars, l’honorable Mohamed Lamine Kamissoko a exprimé son indignation face à cette situation, tout en accusant le gouvernement de la transition d’être à l’origine de l’appauvrissement des Guinéens.
« Tout le monde souffre »
Dans son intervention, Mohamed Lamine Kamissoko a décrit une situation socio-économique préoccupante :
« Du 5 septembre à aujourd’hui, tout le monde souffre. Demandez aux femmes qui vont au marché, comment est la Guinée aujourd’hui. Elles sont les mieux placées pour expliquer le niveau de pauvreté, le niveau de misère de la population guinéenne, provoquée par la gouvernance du CNRD. On est très désolé de constater que les intellectuels, qui se disent hommes éclairés de la société, qui ont appris beaucoup de choses, qui savent que le rôle de l’armée est connu à part, le rôle des civils est connu, qui savent que la constitution donne seulement à ceux qui ont créé des partis politiques le droit de s’engager dans le processus électoral pour briguer la magistrature suprême, ignorent leur attribution et soutiennent un groupe de putschistes. Où va le monde ? » S’est-il interrogé.
Il a également dénoncé l’attitude de certains partis politiques qui, selon lui, s’écartent des principes démocratiques :
« Chaque parti politique en Guinée se dit démocratique. Et la loi dit que les partis politiques doivent faire une compétition pour la conquête du pouvoir. Mais comment pouvez-vous comprendre qu’un leader de parti politique, dans ce cas, puisse se greffer à un agent militaire ? Comment pouvez-vous imaginer que l’agent militaire entreprenne des démarches pour freiner la bonne marche des partis politiques, jusqu’à envisager la suspension et la dissolution de certains d’entre eux ? Mais qu’est-ce que nous voulons ? En tout cas, les acteurs politiques, de façon majoritaire, votre attitude ne permet pas un avenir sûr pour la Guinée », a-t-il regretté.
« Ce que nous vivons est une dictature »
Poursuivant son intervention, l’honorable Kamissoko a qualifié la situation actuelle de « pure dictature militaire » et a appelé à une prise de conscience des leaders politiques : « Ce que nous sommes en train de vivre, c’est de la pure dictature militaire. Et un parti politique qui, dans ce cas, se greffe à cet agent militaire ne sait plus exactement ce qu’il faut faire. Et aujourd’hui, dans ce gouvernement de l’agent militaire, nous entendons certains ministres dire : ‘Il faut dissoudre l’UFR, il faut dissoudre le RPG, il faut dissoudre l’UFDG’. C’est très dangereux. Ces ministres qui disent ça, dans un passé très récent, on les a vus à l’Assemblée nationale, à la huitième législature. Parmi eux, nous avons vu des gens qui se sont levés pour dire que ce n’est pas mauvais de tuer un président. Donc, ils profitent des partis politiques pour atteindre leur intérêt personnel ou pour exercer le pouvoir et développer la nation. Il faut que les partis politiques fassent la différence entre les deux. Vous dirigez votre parti politique pour atteindre votre intérêt personnel ou pour conquérir le pouvoir de façon démocratique et faire avancer le pays. Nous vous prions de vous ressaisir et de revenir à la normale. Un acteur politique ne doit pas soutenir les militaires. C’est une honte, une très grande honte », a-t-il martelé.
Un appel à l’unité des partis politiques
Mohamed Lamine Kamissoko a exhorté les partis politiques à s’unir pour lutter contre cette situation, tout en adressant un message aux formations qui soutiennent le CNRD :« Si vous savez que vous ne pouvez pas avoir la magistrature suprême du pays à partir des élections, si vous savez que vous n’avez pas de militants, si vous savez que vous n’êtes pas organisés et structurés, de grâce, faites comme les grandes entreprises avec les petites entreprises. Les petites entreprises se font absorber par les grandes entreprises quand leurs surfaces financières ou leurs activités ne leur permettent pas de se développer. Donc, les petits partis politiques peuvent faire la même chose, au lieu de soutenir une junte militaire. »
Il a également rappelé l’expérience du RPG arc-en-ciel face aux régimes précédents :« Nous disons à ces ministres que cela fait trente et quelques années que nous exerçons notre activité politique. Nous avons eu affaire avec le régime du feu général Lansana Conté, dans la clandestinité, jusqu’au moment où les partis politiques ont été agréés. À compter de ce jour, le RPG a pleinement participé à toutes les élections. »
Le RPG arc-en-ciel maintient ses réunions malgré la suspension
Bien que suspendu pour 90 jours par le ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation (MATD), le RPG arc-en-ciel continue à tenir ses assemblées générales hebdomadaires tous les samedis.
Gnima Aïssata Kébé