Il était le plus éloquent des candidats à la première élection présidentielle en Guinée. D’un franc parlé rarement déceler chez un politique Guinéen, il avait axé toute sa campagne sur la nécessité d’un changement politique en Guinée. Il rentra à Kankan au bord de son Pajero rouge. Il trouva une vive tension dans la cité entre les notables de la ville et certains militants du RPG d’Alpha Condé. L’uns accusaient les autres d’avoir frappé le grand imam de la ville parce qu’il serait proche de Conté. Au cours de son meeting au quartier briqueterie, il avait mis en doute la crédibilité de cet acte : « Comment un citoyen d’une ville religieuse comme Kankan peut-il s’en prendre à un imam à cause de la politique ? Depuis quand, demande-t-on à un fidèle croyant de définir son parti pour accéder à un lieu de culte, à une maison de Dieu » demande-t-il d’abord à ses militants. Il enchaina ensuite en disant que : « c’est une fausse polémique lancer pour de décrédibiliser certain candidat que je dénonce avec la dernière énergie. Nous sommes tous des adversaires politiques en campagne, mais cela ne peut nous contraindre à cautionner l’injustice contre quiconque ». L’écho de sa prise de position en faveur des RPGistes avait vite fait le tour de la ville. A titre de reconnaissance à son égard, Ceux-ci se mobilisèrent pour arroser la tourner de Jean Marie dans les préfectures de la Haute Guinée. Les militants des différentes préfectures se joignaient toujours aux partisans d’UPG pour faire le cortège d’accueil du candidat DORE. Il n’était pas rare d’entendre nos ainés dire partout que « ce qui le (JMD) sépare de nous (RPG) est moins distant que ce qui sépare la bouche du nez. ». Il n’obtiendra que 0,96% des suffrages valablement exprimés par la cour suprême.
C’est plus tard que nous avons su que Jean-Marie Doré était né à Bossou. Après des études en France et en Suisse, ce fils d’un chef de canton était devenu fonctionnaire à Genève du Bureau international du travail (BIT, 1963 à 1987) avant de rentrer en Guinée comme inspecteur du travail. Après l’instauration du mulipartisme, en 1990, il avait pris la tête de l’Union pour le progrès de la Guinée (UPG). Il était connu pour ses messages pleins d’humour. Polyglotte – il parlait français, anglais et espagnol. Il était titulaire d’une licence en droit, d’un doctorat en sciences politiques.
Toutefois, le véritable génie de l’homme fut révélé au pays pendant la transition de 20210. En effet, c’est Le 21 janvier 2010, à la suite des accords de Ouaga, qu’il est nommé Premier ministre par la junte militaire au pouvoir sous l’autorité du Général Sékouba KONATE. Il avait pour mission d’organiser, à la tête d’un gouvernement de transition, les premières élections démocratiques et inclusives de la période post Conté. Il joua un rôle central dans la stabilisation du pays à cause des tensions ethniques et politiques. A équidistance des différents en camps en conflits, il n’avait pas hésité un seul instant de dire la vérité au peuple de Guinée. Il a su garder la raison malgré tous les pièges que lui tendirent certains leaders politiques. Il imposa son autorité à certains ministres de son gouvernement qui prenaient cause et effet pour certains partis en compétition. Il ne cessait pas de marteler à qui veut l’entendre que la force restera à la loi et que l’État protègera les citoyens contre les destructeurs de biens privés et publics.
Au lendemain de l’investiture d’Alpha Condé, premier président démocratiquement élu, le 22 décembre 2010, Jean-Marie Doré remet sa démission et celle de son gouvernement.
Après un long traitement contre le cancer, l’ancien Premier ministre Jean-Marie Doré est mort dans la nuit de jeudi à vendredi 29 janvier 2016 à Conakry à l’âge de 79 ans.
Sur sa page Facebook, le président guinéen, Alpha Condé, a immédiatement réagi. « J’ai perdu un ami, un compagnon de lutte, un combattant de la liberté. La démocratie guinéenne est en deuil… Dors en paix Jean-Marie !!! ».
Il « était un homme de grande culture, très éloquent qui savait se faire écouter », a salué le chef de fil l’opposition guinéenne, l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo.
Avant son inhumation, le lundi 8 février 2016 à Bossou après des cérémonies funèbres prévues à cet effet, la dépouille de Jean Marie Doré fut exposée le samedi 6 février au Palais du Peuple à Conakry, où il reçut les honneurs de la nation guinéenne.