Je suis triste de constater qu’en plein 21ème siècle et dans une République, le crime de lèse-majesté existe encore sous la qualification d’offense au Président de la République. Je suis peiné de savoir que dans un pays qui se veut démocratique, un citoyen, qui plus est, un homme politique, peut être condamné à une peine privative de liberté pour avoir exercé une liberté qui lui est reconnue par tous les instruments juridiques relatifs aux droits de l’homme.
L’offense au chef de l’État est une infraction tellement archaïque qu’elle ne devrait plus avoir droit de cité dans un pays démocratique. Et le cas de la Guinée est encore plus surprenant, puisque des milliards de francs guinéens sont en train d’être dépensés actuellement pour promouvoir un avant-projet de constitution dont on dit déjà qu’il préfigure une constitution qui sera l’une des meilleures en Afrique de l’Ouest. Et ce texte consacre toutes les libertés fondamentales y compris la liberté d’expression.
Il est bien évident que c’est un recul qui ne dit pas son nom. Le danger qui plane sur tout le monde, c’est que l’offense au Président de la République est si vague et si imprécise que n’importe quel propos pourrait être interprété comme offensant ou outrageant pour ce dernier. Dorénavant, il faut tourner sa langue plusieurs fois dans sa bouche avant de s’exprimer sur n’importe quel sujet. Est-ce ce que nous voulons dans notre pays ?
Mais puisqu’il existe des possibilités de recours, il faut espérer que le juge d’appel sera mieux éclairé que le premier et fera preuve de plus d’audace dans l’examen de ce dossier. C’est pourquoi, il faut rester calme et serein en gardant espoir.
En attendant, il faudra examiner tous les arguments de fait et droit pris en compte par le tribunal pour condamner Aliou Bah. À titre personnel, j’exprime toute ma solidarité au Président du MoDel. Je suis suffisamment bien placé pour savoir et dire que cet homme est si poli et si correct qu’il ne peut manquer de respect à personne, à fortiori un chef d’État. Certes, il exprime ses idées, ses opinions avec beaucoup de fermeté et beaucoup convictions. Mais, il n’y a jamais ni passion, ni excès dans des propos. L’extrémisme et l’outrance ne sont jamais ni dans sa manière d’agir ni dans sa manière de parler. Je voudrais qu’il garde à l’esprit la trajectoire de beaucoup d’hommes politiques dont Ousmane Sonko, même si la Guinée n’est pas le Sénégal
Me. Mohamed Traoré
Avocat au Barreau et Conseiller National