Le procès du 28 septembre 2009
Tout d’abord, il est à souligner que beaucoup de Guinéens ont appris assez de choses à travers les différentes audiences depuis septembre 2022. Ils sont maintenant familiers à la nature d’un procès criminel, les différentes parties ainsi que les rôles que chacune y joue. Aussi, les droits d’un accusé ne leur seront plus étrangers. De passage, il faut saluer le climat de paix qui a entouré ce procès et le président du tribunal qui a été à la fois tolérant et a su résoudre les quelques incidents qui sont inhérents à tout procès criminel. Il ne faut surtout pas oublier les divers avocats ainsi que les représentants du ministère public qui, chacun en ce qui le concernait, a su défendre ses clients et les intérêts publics. On peut dire que la Guinée pourrait servir d’exemple à beacoup d’autres pays.
Sur le verdict, je n’ai pas été très surpris. Il était évident que parmi les accusés qui ont présenté leurs cas devant le tribunal, deux avaient déjà la plus grande probabilité d’être innocentés à causes de leurs situations respectives pendant le jour du 28 septembre 2009. Il y a eu un troisième et tant mieux. Il faut saluer tout de même le fait qu’ils ont pris du temps nécessaire pour expliquer leurs décisions aux parties, et surtout à toute la Guinée.
Sur les accusés, j’estime que certains auraient mieux à gagner sur tous les plans s’ils avaient accepté de prendre leurs responsabilités, aller dans le sens du regret humain, montrer de la compassion aux victimes, … ne sont pas dailleurs aux antipodes à nous défendre ou présenter vaillamment nos cas au tribunal. Il s’agit de la situation de plusieurs de nos compatriotes qui ont subi des choses très affreuses, difficiles à expliquer et dont la plupart traîneront les séquelles pour les restes de leurs vies. La première chose à retenir est de savoir que si les faits sont déjà faits, on peut toujours prendre nos responsabilités et faire des gestes pleins de compassion et d’empathie aux égards des représentants de l’autre partie.
Pour finir avec ce sujet, il revient maintenant à l’Etait de penser aux réparations sociales et politiques après le travail judiciaire. On connaît tous les réalités de notre pays et je crois qu’en commun accord avec les victimes, ils peuvent trouver des moyens d’aider les premières, décider de ce que faire avec les coupables jugés et réconcilier les Guinéens dans leur ensemble.
Parlant de l’avant projet de la nouvelle constitution:
Il faut commencer d’abord par remercier les membres du CNT pour le travail abattu. Ils ont quasiment survolé tous les domaines de la vie d’un État, ses institutions et ses citoyens.
Mes remarques s’articuleront que trois choses. Si nous jetons courageusement un coup d’œil dans notre histoire récente, en tout cas, depuis 1990; et si nous voulons vraiment que les mêmes difficultés ne se répètent plus dans le futur, il faut verrouiller ou surveiller sérieusement leurs causes pour que la version finale de notre nouvelle constitution puisse nous protéger contre nous-mêmes, les ambitions démesurées de certains qui auront la chance de nous diriger, et surtout qu’ils comprennent qu’ils auront des comptes à rendre et qu’il y auraient naturellement des conséquences.
La première chose est sur la modification de la constitution pour des fins personnelles et politiques caractérisé par de truquages des élections; la deuxième est au niveau de la nature de nos partis politiques actuels et la troisième serait d’assurer l’indépendance de nos magistrats.
Pour le premier, tout moyen qui pourrait verrouiller ces ambitions personnelles ne sera jamais suffisant pour notre Guinée. En plus de l’adoption par les deux-tiers de l’AN et le referendum, les deux tiers du sénat, qu’un président de la république ne pourrait proposer de la modification quelconque de la constitution à la fin de son deuxième mandat, ou à la fin de son unique mandat au cas où il se représenterait pas de telle sorte que le referendum, et l’élection du nouveau président de la république se tiendront à la même date. Personne ne peut garantir qu’une constitution ne subira pas de modification, vu que les conditions d’un peuple et ses réalités changeront avec le temps mais ne pas reconnaître que plus de la moitié de nos problèmes séculaires venaient de là, serait de fermer nos yeux et ne pas vouloir rien résoudre profondément.
Pour les partis politiques, on sait tous qui ils sont et leurs agissements de tous les jours. Quand on demande à un responsable politique d’un parti ou à un militant sur sa nature, on entend en boucle: « Notre parti n’est ni ceci ou cela car nous avons des fédérations dans tous les coins de la Guinée. D’ailleurs, les monsieurs … et … sont bien notre secrétaire générale et un de nos vice-présidents. » Les représentants d’un autre nous chanteront: « Nous ne sommes ni ceci ni cela car notre premier ministre ou notre président de l’Assemblée Nationale sont de telle région et de telle autre. » Ah oui! Ils font tout pour revivre ces multi-colorations forcées de part et d’autre pour masquer les vraies réalités de leurs regroupements régionalistes prétendus des partis politiques. Vous organisez les élections avec ceux-ci, on en finirait jamais avec la transition actuelle et Allah Seul sait combien d’entre nous et leurs biens seront encore leurs dommages collatéraux. Même s’ils veulent, ils ne seront jamais accompagnés de la paix et du développement socio-économique. C’est pourquoi si la nouvelle constitution ne change pas de la nature de ces regroupements, à défaut du bipartisme, le tripartisme plus une ou des candidatures indépendantes nous seront plus utiles, elle n’aurait rien résolu aussi réellement dans le cas contraire. A défaut de les dissoudre complètement, ils doivent former deux ou trois blocs qui présenteront des candidats et peu importe les noms qu’ils vont les donner ou les manières de désigner leurs candidats. En tout cas, le nom parti, dans leur nature actuelle, n’a et ne fera rien de bon pour la Guinée.
Ibrahima Manda Doukoure