Lancé le 03 juillet, les travaux des Etats Généraux des secteurs de l’agriculture et de l’élevage se sont clôturés ce vendredi 05 juillet 2024 au chapiteau By-Issa. Ponctués discours, de panels, et d’expositions, ces 3 jours de travaux ont permis aux participants faire un diagnostic clair pour le développement du secteur agro-pastoral en Guinée.
Au termes des assises, plusieurs recommandations ont été faites.
« 1-prôner le patriotisme, l’intégrité et la loyauté de consolider la vision sur le long, moyen et court terme pour le développement du secteur agropastoral.
2- Soutenir l’administration du secteur à travers le respect des fonctions régaliennes de l’action, planification contrôle et promouvoir le transfert des fonctions de production et de transformation au secteur privé.
3- Engager la création d’un comité de coordination intersectorielle composé de différents ministères liés aux secteurs agropastorale et d’un cadre de concertation (état ptf).
4- Développer une stratégie de redevabilité et de responsabilité.
5- Mettre en place une planification pluriannuelle prenant en compte toute la chaîne de valeur.
6- Engager la réflexion pour la création d’un pôle de croissance agricole avec l’implication et l’intervention complémentaire des ministères selon leur mandat.
7- Emmener les sociétés minières à s’approprier et appliquer la stratégie de responsabilité sociale des entreprises pour contribuer aux financements des projets agropastorales dans leurs zones d’interventions.
8- Utiliser la contribution des fonds miniers pour financer la réalisation des infrastructures agropastorales dans le cadre du contenu local
9- Sensibiliser les communes à inscrire dans leur plan de développement local et annuel d’investissement, la construction d’infrastructures agropastorale (marchés à bétail, Parc communautaire, aménagement pour la production maréchere).
10- Elargir l’appui de la bourse de sous-traitance aux PME et PMI du secteur agropastorale
11- Actualiser le schéma directeur des pistes rurales dont la mise en œuvre permettra de faciliter le drainage des produits vers les marchés
12- Favoriser l’émergence des chaînes de valeurs des villages riverains et des corridors miniers
13- Poursuivre la réhabilitation des carrières des mines pour le développement des activités agricoles et la foresterie en donnant la priorité aux aisances naturelles
14- Instituer la certification des domaines réhabilités par les sociétés minières qui les ont exploitées
15- Renforcer les capacités des entreprises locales en vue de les rendre compétitive dans les appels d’offres
16- Encourager les PMI et PME et autres acteurs du secteur à utilité publique appropriée pour appliquer la loi sur le contenu local
17- Promouvoir la synergie d’action des départements concernés ou impliqués dans les questions agropastorales
18- Oganiser une table ronde des bailleurs pour le financement des activités identifiée sur la base de la feuille de route érigé après ces états généraux
19- Réduire les pertes poste récolte en construisant des magasins de stockage
20- Pérenniser les infrastructures par un entretien et un suivi régulier et une évaluation des activités réalisées par les entreprises
21- Actualiser et mettre en œuvre le schéma directeur d’aménagement des espaces pastoraux et agricoles
22- Procéder à la construction des abattoirs régionaux et des airs d’abattages répondant aux normes pour aider les ruraux à s’approprier en termes de qualité
23- Accompagner les opérateurs et groupements, associations de jeunes et de femmes dans la production agricole et de l’élevage
24- Mettre en place un fond revolving pour les éleveurs afin de garantir l’approvisionnement des intrants
25- Réaliser la carte de fertilité des sols
26- Réhabiliter la capacité des centres de recherche de Seredou, Bordeaux et les CAE
27- Renforcer le système d’information entre l’état et les acteurs concernés
28- Définir une vision à long terme pour l’accompagnement des opérateurs
29- Renforcer les capacités des jeunes dans l’entreprenariat agricole
30- Lever les barrières pour l’accès aux fonciers pour la création de banques agricoles
31- Prélever un pourcentage sur les taxes à l’importation produits agricoles en vue de financer les activités agropastorales
32- Favoriser voriser la mise en place d’assurance agricole
33- Poursuivre la subvention des intrants agricoles et d’élevage pour diminuer la charge des producteurs et encourager la production locale
34- Promouvoir l’installation et l’accompagnement des nouvelles formes agricoles afin de réduire drastiquement l’importation des produits de chair
35- Faire adopter et vulgariser la loi foncière agricole
36- Vulgariser la loi d’orientation agricole et code pastorale, des codes de l’élevage et produits animaux
37- S’assurer de la disponibilité des semences de qualité à mettre à la disposition des agriculteurs
38- Procéder aux renforcements de capacités des conseillers agricoles et les rendre opérationnel
39- S’assurer de la bonne qualité des produits sanitaires mise à la disposition paysanne
40- Encourager la mise en place laboratoires de référence » présenté ainsi Oumar Barry, secrétaire général du ministère de l’agriculture et de l’Elevage
Dans sa prise de parole, Félix Lamah, Ministre de tutelle renchérît en ces termes.
« Il y’a un adage qui dit , je cite: « Si on veut obtenir quelque chose que l’on a jamais eu, il faut tenter quelque chose que l »on a jamais fait. » Après le constat que la Guinée est pays à forte vocation agropastoral, avec des potentiels énormes, nous permettant de développer son secteur agropastoral avec 56% de nos terres, qui sont agricoles, 78% de notre population totale, et agropastoral. Il pleut au moins, 6 mois dans l’année. Les principaux fleuves de l’Afrique de l’ouest prennent leur source chez nous. Malgré beaucoup de choix consentis, nous n’arrivons toujours pas à atteindre les objectifs de sécurité alimentaire et nutritionnelle. Nous en sommes arrivés à la conclusion, qu’il y avait un problème quelque part. Par conséquent, nous nous sommes interrogé sur les insuffisances éventuelles de nos actions passées. C’est dans cette optique que nous avons entrepris de consulter les acteurs ruraux, afin d’établir un diagnostic précis, et d’élaborer des pistes de solutions, qui orienterons les politiques publiques de développement agropastoral pour les années à venir. Ainsi, nous avons décidé d’organiser ces présents Etats Généraux de l’Agriculture, et de l’Elevage avec la bénédiction de son excellence, monsieur le président de la République chef de l’Etat, chef suprême des armées ,le Général de Corps d’Armée Mamadi DOUMBOUYA. Etats Généraux qui ont précédé des concertations dans les 4 régions naturelles. Aujourd’hui, nous sommes réunis à la clôture de ces Etats Généraux qui se sont déroulés sur trois jours, et ont rassemblé un nombre significatif de représentants des agriculteurs et éleveurs des 4 régions naturelles. Ainsi qu’un grand nombre de participants, répresentants les institutions republicaines. Nous avons également eu le plaisir d’accueillir des illustres hôtes des pays invités, les partenaires techniques et financiers, le secteur privé, les chambres consulaires, les représentations diplomatiques , les institus d’enseignement supérieur, sans oublié des milliers d’internautes, qui ont interéagi et ont posé des questions pertinentes aboutissants à des propositions de solutions concrètes que le secrétaire général du département vient de donner la synthèse. Trois jours d’intenses travaux, aucours desquels les participants ont échangé autour des panels de Master classe animé par des spécialistes, et des personnes ressources, qui sont venues partager leur savoir-faire, et leur expérience. Trois jours qui ont été mis à profit, pour trouver des voix et moyens , pour relever les défis qui sont devant nous, et qui ne relève pas seulement du seul métier d’agriculteur ou d’éleveur; d’une filière ou d’un acteur, mais de chacun d’entre nous. Nous avons tous collectivement une partie de la réponse. Trois jours pour des journées de concertations régionales qui ont permis de rétablir la confiance entre décideurs et acteurs agropastoral. Voilà ce que nous attendions dans Etats Généraux, qui sont organisés pour la première fois dans notre pays. Et que nous avons voulu participatif, et inclusif. Pour obtenir quelque chose que nous n’avons jamais eu, nous avons tenté quelque chose, que nous n’avions jamais fait. Il suffit de regarder les conclusions, et les recommandations de ces Etats Généraux, pour s’en rendre compte car ces recommandations, donne une bonne indication de ce que veulent les agriculteurs, et les éleveurs. Ce n’est que le début du commencement, ça ne sera pas la dernière… Ce que nous venons de faire, c’est le plus facile. Le plus difficile reste à venir. Et c’est là que le monde rural nous attend, et c’est là que le premier ministre nous attend, c’est là que le président de la République, nous attend…De nombreux concitoyens ont fait part de leur problème, assortis des propositions de solutions. Rien ne sera négligé, rien ne sera rejeté. Le ministère de l’élevage et de l’agriculture a pour mission d’accompagner le monde rural… Ces Etats Généraux ne sont évidemment pas un aboutissement. Mais un commencement ».
Comme à l’ouverture, le premier ministre, Chef du gouvernement Amadou Oury Bah a tenu à marquer sa présence auprès de nombreux participants à cette importante rencontre sur le monde rural. Dans sa prise de parole, le patron de la primature s’est engagé à mettre tout en œuvre pour que les recommandations issues des travaux soient prises en compte.
« Vous avez proposé et validé des recommandations. Comme l’a dit un des intervenants, il ne faudrait pas que ces recommandations restent dans des tiroirs. C’est la raison pour laquelle le premier acte que le ministre de l’Agriculture et de l’Élevage devra faire, dans le cadre de la mise en place de ce cadre de concertation, c’est de réunir un groupe consultatif pour la mise en œuvre des recommandations des États généraux. A son niveau et en dessous, la mise en place d’un comité technique pour la mise en œuvre des recommandations issues des États généraux de l’agriculture, qui pourront se décliner en programme et action dès demain. La prochaine campagne agricole 2025 doit débuter dans sa formalisation, dans sa conception, dès demain. Monsieur le ministre de l’Agriculture. Nous avons été pris au dépourvu pour cette saison. Vous avez réussi tant bien que mal à s’arrimer à l’attelage qui était déjà là. Tirons les conclusions des faiblesses antérieures, des recommandations pertinentes, pour préparer d’ores et déjà la prochaine campagne agricole 2025. Parce que nous ne pouvons pas nous tirer d’affaires si le secteur agricole et de l’élevage s’avèrent déséquilibrés par rapport à nos actions. L’objectif que l’agriculture et l’élevage puissent contribuer à un hauteur de près de 50% du PIB pour la croissance économique doit être un objectif réaliste. Parce que, comme disent les experts de la Banque mondiale, ils avaient dit depuis longtemps, si la Guinée fait un taux de croissance économique de 4% par an, c’est qu’en fait ils n’ont rien fait. 4% sans rien faire, on peut l’atteindre. Donc, donnons-nous les moyens d’avoir 10%. Et ce sont 10% de croissance de manière durable qui feront qu’à moyen terme, nous allons inverser la courbe de la pauvreté. Et c’est par le secteur agricole que nous pouvons réussir cela. Au niveau gouvernemental, dès les prochains jours, nous allons mettre en place deux comités du gouvernement. Deux comités mensuels. Un comité, comme je l’ai déjà dit, chargé du développement durable et du capitalisme. Un autre comité chargé des finances publiques et des réformes. Pour que de manière structurée, l’ensemble des interventions des ministères sectoriels puissent se retrouver en phase dans une dynamique collective et avancer ensemble. C’est dans ce sens que la mise en place du comité technique pour la mise en œuvre des recommandations issues des États généraux nous permettra d’être en phase avec les objectifs globaux que s’assigne le gouvernement » dit-il.
Gnima Aïssata Kébé