Il y a une semaine, l’un des conseillers du CNT, parait-il le meilleur rédempteur de l’institution à la rhétorique lancinante, annonçait, non sans banalité, que l’avant-projet de la nouvelle constitution est désormais disponible. C’était dans une émission à la télévision nationale. Et le même invité de poursuivre que le document devrait être soumis très prochainement à l’appréciation des autres conseillers du parlement de transition.
Cette autre annonce ne semble impressionner plus personne. Car on en a autant entendu, notamment de la part des voix les plus autorisées, qui ont été d’ailleurs plus solennelles et sérieuses dans le ton, mais en vain !
Pour rappel, à l’intention des amnésiques, depuis l’année dernière, ce fameux avant-projet de la nouvelle loi fondamentale de la Guinée, annoncé comme la panacée, devait être disponible. Une solution à tous les problèmes, mêmes celles en lien avec les mauvaises humeurs des Guinéens (défense de rire).
Puis la promesse ferme a été tenue de le rendre, au plus tard, à la fin du premier trimestre de l’année 2024. Ce qui correspond à mars.
Mais jusqu’ici, en ce mois d’Avril, quatrième mois de l’année, il n’y a rien à se mettre sous les dents.
Il risque d’en être encore ainsi, cependant pour longtemps, indépendamment des annonces dont plus personne n’a cure. Des annonces qui révèlent une certaine gêne.
Par-dessus-tout, ce qui est marquant dans cette histoire loufoque, et qui nourrit les curiosités, c’est que personne ne peut mettre une identité sur les visages des négriers qui sont soumis à la tâche de rédaction de l’avant-projet de nouvelle constitution. Alors qu’au regard de la charte, les rédacteurs du texte, c’est l’ensemble des conseillers du CNT. C’est toujours les ouï dire. Mais ça ressemble un peu au scénario de la rédaction de la fameuse constitution qui a légitimé le troisième mandat du Président déchu. On a l’impression d’être dans une espèce d’activité illicite, en tout cas, pas quelque chose de très honorable. Au risque de s’attirer des réprobations de nature à être stigmatisés à vie. On parle bien de la rédaction de la nouvelle constitution. Sous d’autres cieux, les acteurs de cette rédaction sont inscrits au panthéon.
En réalité, tout cela relève du dilatoire. Le CNT a tout l’air de fonctionner au rythme de l’exécutif, suivant l’agenda électoral de celui-ci qui repousse sans cesse la fin de la transition.
Au CNT, on sait que le referendum règle de facto la question de l’organe de gestion des élections et clos le sempiternel débat de fichier électoral. Ce qui ouvre un boulevard grand pour l’organisation sans délai des autres élections. Alors qu’ailleurs, on sait que ce sont des débats, pour les transcender, ont le don de servir d’alibi aux militaires pour justifier l’étirement continu de la transition.
Mognouma Cissé