Ces derniers temps, le pays connaît d’énormes agitations. L’explosion du dépôt des hydrocarbures rythmée par des crises répétitives du carburant à la pompe, la restriction d’internet, le brouillage des ondes des médias, la cherté de vie, la menace de grève brandie par le mouvement syndical… sont entre autres réalités qui assaillent le quotidien du guinéen sous le CNRD.
Figure de proue du FNDC (dissout), Billo Bah, ne cache pas sa désapprobation vis-à-vis du chef de la junte Mamadi Doumbouya, dont l’avènement avait suscité l’espoir du peuple qui a souffert le martyre. Dans un entretien avec votre quotidien électronique, l’activiste pense que la situation actuelle est indescriptible, malgré la dissolution du gouvernement.
Parlant de cette dissolution qui défraie la chronique dans l’opinion, Billo Bah a tenu à rappeler que le Gouvernement qui a été dissout, est celui qui avait pris les rênes de l’autorité de l’État au moment où il y avait l’internet, le courant régulièrement, et l’eau dans nos robinets, par intermittence.
« Au moment où on les a dissout, nous n’avons pratiquement rien de tout ça aujourd’hui. À cela s’ajoute la restriction de l’espace civile, des libertés d’expression, d’internet, le brouillage des ondes de radios, des télévisions, les retrait des médias du bouquet canal plus (…). Cela dénote de l’incapacité de cette gouvernance à conduire les destinées de cette nation », a-t-il entamé.
C’est au regard de cette triste réalité qu’il dit saluer l’acte fort et sans précédent du président de la transition de dissoudre le gouvernement Goumou.
« c’est un mea-culpa qui ne dit pas son nom. Cela suppose que ceux qui étaient à la gouvernance n’étaient pas à la hauteur. Aujourd’hui, nous nous rendons compte que le gouvernance du CNRD c’était plantée. Et pratiquement, rien ne va dans le pays. Puisque même après les évaluations des ministres on devrait avoir les résultats mais rien n’a été fait. Cela suppose que ceux qui étaient là n’étaient aptes à travailler, il fallait donc opérer ce changement. Celui qui a conseillé au Général Doumbouya de se débarrasser de ce gouvernement est quelqu’un qui l’aime. Celui qui le conseillera de s’ouvrir davantage serait pour son propre bien et pour le peuple souverain de Guinée. Il a besoin d’unir tous les guinéens, de se retrouver autour du dialogue pour pouvoir vraiment discuter de l’avenir et cette transition », a-t-il conseillé.
Dans cet ordre d’idée, il pense que le général de corps d’armée doit mettre en place un gouvernement de mission qui doit conduire la Guinée vers la fin des 24 mois de transition, selon l’accord tripartite et dynamique obtenu à travers l’implication de la CEDEAO et qui doit prendre fin le 31 décembre 2024.
« Parce qu’il l’a lui-même dit et l’a réitéré qu’il ne fera pas un jour de plus. S’il a un gouvernement de mission, il pourra dans les 10 à 11 mois qui lui restent, respecter le calendrier », a indiqué ce responsable du FNDC.
Du recyclage de certains anciens ministres? L’activiste engagé se montre circonspect dans son analyse et pense que certains reviendront: « Si j’utilise l’analyse politique politicienne, attendez-vous qu’il y’ait au minimum 5 à 10 revenants dans le nouveau gouvernement, parce que ce n’est pas que la compétence qui peut compter dans telle situation. Il se peut qu’il ramène un certains Ousmane Gaoual juste pour l’utiliser comme un fouet contre l’UFDG. Il peut ramener Dr Diaka Sidibé, Alpha Bacar Barry, lesquels pratiquement l’opinion apprécie. Il peut également ramener Dr Morissanda Kouyaté, qui semble être apparemment et officiellement très loyal à Mamadi Doumbouya, tout comme Charles Wright pour continuer à faire le sale boulot. Mory Condé peut également revenir, même si ce n’est pas à la tête du département qu’il occupait »
S’agissant du bilan du CNRD, le cadre du FNDC regrette le déficit de dialogue avec les forces vives de la nation et la flambée des prix des denrées de première nécessité. Cependant, il pense que les infrastructures sont un acquis dans la gestion. « Lorsqu’on vous confie la responsabilité, on vous évalue en fonction de ça. La transition est éminemment politique. Quel que soit ce que le CNRD fait, lorsque ce n’est pas fait avec les forces vives de la nation, pour apaiser le pays ou pour aller vers le retour à l’ordre constitutionnel, ils auraient échoué. Bien que les infrastructures sont un acquis qu’on peut néanmoins les reconnaître, mais lorsqu’on nous constatons actuellement la flambée des prix des denrées au marché, lorsque nous constatons l’absence des services sociaux de base, c’est vraiment un échec pour le CNRD »
En ce qui concerne une éventuelle main tendue du locataire du palais MohammedV, il a laissé entendre qu’il n’est pas question pour eux de s’associer à une gouvernance qui va les utiliser pour ses propres fins. « Le FNDC est apolitique. Tout ce que nous faisons, c’est pour le bien du peuple souverain de Guinée, pour que le pays puisse sortir de l’ornière. Sans quoi, nous avons reçu plusieurs propositions avant aujourd’hui, lesquelles nous avons rejetées. Nous avons fait autres propositions, estimant que si nous nous recevions pas de l’exécutif et que nous étions au CNT, on avait la possibilité de jouer notre rôle de contre pouvoir. Nous n’accepterons jamais de nous associer à une gouvernance qui va nous utiliser pour ses propres fins », a-t-il tranché.
Gnima Aïssata Kébé