Toutefois, le capitaine Abdoulaye II Cissé commencera à intéresser le nouveau pouvoir du Professeur Alpha Condé en place en 2010, à la suite d’élections controversées. A l’époque, en 2013, la gouvernance Condé fait face à un problème d’envergure avec le groupe minier BSGR, du milliardaire israélien, Beny Steinmetz, portant sur les blocs I et II du Simandou, connu pour être l’un des plus importants gisements de minerai de fer du monde.
L’origine de la crise entre le Gouvernement du Professeur Alpha Condé et le richissime homme d’affaires israélien, vient du fait que, peu avant la mort du Général Lansana Conté, le 22 décembre 2008, l’État Guinéen, sous des dessous de corruption impliquant la dernière femme de l’ancien Président, Mamadie Touré (qui aurait reçu quelques sept millions de dollars), avait attribué le minerai de fer de Simandou à BSGR-Guinée pour 160 millions de dollars alors que sa valeur initiale vaut plusieurs milliards de dollars. La preuve, Steinmetz en avait ensuite revendu une part de 51% à Vale pour 2,5 milliards de dollars.
C’est contre cette opération de corruption de personnalités guinéennes dans l’acquisition des deux blocs et la transaction douteuse avec Vale, que le Gouvernement, du Professeur Alpha Condé avait porté plainte contre le magnat des mines, Beny Steinzmetz, tout en récupérant les deux blocs. Naturellement, Beny Steinzmetz répliquera contre l’État Guinéen en portant plainte devant les juridictions internationales. La partie n’était pas gagnée pour Alpha Condé, puisqu’il fallait donner la preuve d’une corruption opérée par Beny Steinmetz dans l’acquisition des deux blocs. C’est là qu’intervient Abdoulaye II Cissé, approché par Alpha Condé à l’effet d’amener son épouse à reconnaître avoir bénéficié de largesses de l’Israélien pour convaincre son époux d’alors, Lansana Conté, de lui octroyer les blocs I et II du Simandou.
Avec la promesse de remettre quelques millions de dollars à Abdoulaye II Cissé et à son épouse, Mamadie Touré, après les aveux de cette dernière. Ce qu’elle fera aux États-Unis devant le FBI. Sans oublier de mettre sur écoute, devant des agents du FBI en planque, un envoyé du milliardaire, le Franco-Israélien Cilins, qui lui promettait encore monts et merveilles si elle refusait de témoigner devant les agents américains et détruisait certains documents compromettants. Finalement, toutes ces preuves réunies par la grâce de Mamadie Touré et de son époux, vaudront l’arrestation de Beny Steinmetz et la victoire du Gouvernement guinéen. Mais, comme il fallait s’y attendre, et connaissant les promesses du Professeur Alpha Condé qui n’engagent que ceux qui y croient, Abdoulaye II Cissé et son épouse seront simplement remerciés pour « avoir patriotiquement aidé leur pays à gagner un procès contre un de ses ennemis ». Point barre. Avec la menace de leur créer des ennuis s’ils insistaient sur une autre quelconque récompense. C’est du moins ce que dira l’intermédiaire d’Alpha Condé à Abdoulaye II Cissé qui se réfugiera en Sierra Léone pendant que son épouse demeurera aux États-Unis devenue américaine entre temps.
La soif de vengeance et les débuts de complots estampillés « Abdoulaye II Cissé »
Toutefois, depuis la Sierra Léone voisine, le Capitaine Abdoulaye II Cissé fera plusieurs excursions clandestines en Guinée, résolu à se venger contre Alpha Condé pour « promesses non tenues » et recouvrer la plénitude de sa liberté. Il établit Dubréka comme base quand il est à Conakry et commence à prendre des contacts avec d’anciens camarades militaires frustrés du BATA et au sein de l’Armée. Ainsi, deux tentatives d’élimination physique du Professeur Alpha Condé seront orchestrées et connaîtront à chaque fois des échecs. Et même si les services de renseignements du régime d’alors ont gardé la totale discrétion sur ces deux affaires connues, uniquement des proches, la tête du Capitaine Abdoulaye II Cissé sera mise à prix. Ce dernier, pour sauver sa peau, mettra un trait sur la Guinée, évoluant désormais entre la Sierra Léone, l’Angleterre et les États-Unis.
Et vint la prise du pouvoir par le CNRD le 5 septembre 2021, avec à sa tête le Colonel Mamadi Doumbouya. Le Capitaine Abdoulaye II Cissé retrouvera là une opportunité pour regagner son pays, espérant pouvoir participer au changement qui venait de s’opérer. Malheureusement, pour lui, les nouveaux hommes forts du pays n’entendent pas composer avec tout ce qui est des anciens régimes, civils comme militaires. Ils le disent haut et fort : pas de recyclage. Ce qui est loin de faire les affaires de ce Capitaine, ni combler ses ambitions. C’est en ce moment que l’idée du complot renaît en lui. Il a les contacts et quelques hommes, reste maintenant le financement de l’opération.
Il prendra ainsi langue avec une de ses connaissances basée à l’extérieur, apte à trouver des financements pour ce genre d’activités subversives, un certain Aly Camara, à ne pas confondre avec le Commandant Alya Camara du Groupement des Forces Spéciales (GFS), même si ce dernier interviendra par la suite dans les préparatifs de l’opération de déstabilisation de la Transition. Le financement acquis, les financiers commenceront à s’impatienter quelques mois après les différents décaissements sans résultats probants.
C’est ainsi que Abdoulaye II Cissé et ses camarades, monteront l’opération « jets de grenades » au Palais Mohammed V, histoire de montrer aux financiers les activités qu’ils mènent et calmer leur impatience. Après ces jets de grenades, qui étaient loin d’atteindre une quelconque cible car lancées à une distance éloignée du Palais, dans la cour, du côté du Restaurant Obama, les Forces Spéciales quadrilleront la ville jusqu’au pont du 8 novembre. C’est à l’époque, qu’ils feront démonter tous les kiosques et hangars aux alentours du Palais Mohammed V.
Les checkpoints établis au niveau du pont du 8 novembre empêcheront les présumés comploteurs de quitter Kaloum, le même jour et attendront de le faire le lendemain, très tôt dans la matinée. Dans leur fuite, ils abandonneront un de leurs téléphones qui sera saisi par les Forces Spéciales, raconte une source, proche, des renseignements du pays.
Entre temps, sur des conseils d’amis de l’intérieur et de l’extérieur comme Aly Camara, le Capitaine Abdoulaye II Cissé entrera en contact avec le Commandant Alya Camara depuis son lieu de détention, incarcéré suite à d’autres faits aussi graves. De leur contact régulier, sous, cependant la surveillance des services de renseignements qui avaient déjà fait « parler » le téléphone saisit auparavant, le Capitaine Cissé sera rassuré de l’appui de quelques fidèles du Commandant Alya Camara dans les effectifs de l’Armée.
D’autres civils et paramilitaires de l’Administration publique seront mis dans la confidence jusqu’aux joueuses de cauris dont quelques-uns ont avoué devant les caméras de la DCI pour la RTG. Les éléments probants de la déstabilisation réunis, des descentes coordonnées seront effectuées chez tous les suspects, permettant leurs arrestations même si quelques-uns ont pu prendre la fuite et toujours recherchés plusieurs mois après. Plusieurs éléments compromettants ont été saisis chez les présumés comploteurs dont des armes, des ordinateurs et autres téléphones portables. C’est dans l’un de ces téléphones portables que la déclaration de prise de pouvoir du fameux CNTG a été découverte et extraite par les agents enquêteurs. Il s’agissait pour leurs auteurs, non seulement de publier cette déclaration en cas de prise du pouvoir, mais également exhorter les financiers à débloquer le complément de fonds attendu.
Tous, pour la plupart, ayant été mis aux arrêts et gardés dans les liens de la détention depuis plusieurs mois, le Colonel Mamadi Doumbouya dans la magnanimité qui le caractérise, a jugé utile une fois de plus, de leur accorder son pardon, surtout que devant l’évidence des preuves ils ont tous reconnu leur forfaiture. Pour le Président Mamadi Doumbouya, toujours marqué par l’élan de compassion et de solidarité qui a caractérisé les Guinéens de tous bords suite à l’incendie tragique survenu au dépôt d’hydrocarbures de Kaloum, cette nouvelle année 2024 doit être celle du pardon, de l’appel à la réconciliation et au vivre-ensemble tel que décliné dans son adresse à la Nation à l’occasion du Nouvel An. Rassembler pour bâtir ensemble une Guinée forte et unie, tel est le message qu’il veut faire passer, car au-delà de sa personne qui était visée par ce complot, il faut voir toute la Guinée. En accédant à ce pardon, il exprime ainsi les sentiments d’un véritable père de la Nation. Et c’est tout à son honneur, raconte notre interlocuteur.
Marouane
Dossier Lerevelateur224