Absent du pays depuis plusieurs mois, la question du retour au pays de leader de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée fait couler beaucoup d’encres et de salives. Dans son passage chez nos confrères de Djoma Media dans l’émission ORL hier jeudi 14 décembre 2023, Cellou Dalein Diallo a évoqué la question avec les chroniqueurs.
Témoignant de sa nostalgie pour la guinée, le président de l’ANAD soutient qu’il attend la fin de son audition par la commission rogatoire mise en place au Sénégal sur le dossier de la privatisation de l’avion « Air Guinée » dont il fait l’objet de poursuite par l’Etat guinéen.
« Actuellement, il y a une mission d’interrogatoire qui est déclenchée. J’attends la fin de cette mission, puisque la justice guinéenne a demandé à la justice sénégalaise de m’entendre sur la privatisation d’Air Guinée ou sur la vente de ses actifs à Elhadj Mamadou Sylla. Je suis prêt naturellement à livrer ma part de vérité sur cette opération qui fait couler beaucoup d’encre et de salive (…) Je suis en exil ou pas, en tout cas, je suis absent du pays et je compte naturellement rejoindre la Guinée que j’aime autant. Parce que je ne suis pas très heureux d’être en dehors de la Guinée si longtemps et je me prépare à y retourner » a-t-il dit.
Pointé du doigt comme un soutien du CNRD au lendemain de sa prise du pouvoir le 05 septembre 2021 par bon nombres d’observateurs, l’ex opposant du régime d’Alpha Condé a donné les raisons qui ont prévalus à ce soutien aux Putschistes. Pour lui, le discours tenu par le président de la transition faisait espérer la venue d’une nouvelle ère.
« J’ai applaudi l’arrivée du CNRD le 5 septembre 2021. J’ai apprécié beaucoup, parce que nous étions dans une crise de ce problème de 3e mandat, nous étions dans une situation difficile. Mais ce n’était pas seulement la libération des prisonniers, la restitution du passeport et la récupération du siège que j’ai applaudi, certes, il y avait ça aussi, mais le discours de Doumbouya qui s’est engagé résolument devant le peuple de Guinée et devant la communauté internationale, de mettre fin à l’instrumentalisation de la justice. Car, la justice était confisquée et l’UFDG avait beaucoup souffert. Donc, on a pensé qu’on est rentré dans une nouvelle ère où la justice allait dire nos droits, rien que nos droits. Le colonel Mamadi Doumbouya s’est engagé à mettre fin au piétinement de nos droits et libertés des citoyens (…) Lorsque quelqu’un prend le pouvoir, même par les armes, il s’engage à mettre fin au piétinement des droits de liberté, il s’engage de mettre fin à l’instrumentalisation de la justice, je vais applaudir et je vais soutenir avec mes maigres moyens. J’ai reconnu son pouvoir, j’ai demandé aux gens de se mobiliser pour l’accompagner. Je suis allé à l’extérieur, partout où ma voix porte, pour rappeler que celui qui est déposé exerçait un troisième mandat illégal et illégitime obtenu dans le sang en perpétrant un coup d’État constitutionnel. J’ai dit qu’il faut accompagner les jeunes militaires qui ont pris le pouvoir, c’est un pas important pour le retour à l’ordre constitutionnel au regard de leurs discours » s’est défendu le président de l’UFDG.
Plus de deux ans après la prise du pouvoir par la junte et face aux promesses tenues par Colonel Mamadi Doumbouyah, Cellou Dalein Diallo juge que la réalité est toute autre.
« Aujourd’hui, la réalité, si on doit juger l’administration, Doumbouya avait dit qu’il allait mettre fin à la corruption, qu’à cet égard, il n’aura ni ami ni parent et que sa main ne tremblera pas. Qu’est-ce qui en est aujourd’hui ? Voir l’exécution des domaines, vous voyez des cultures de terre, des marchés de gré à gré. Peut-être 80 %, dit-on, des contrats publics sont conclus de gré à gré avec des amis ou des parents » a-t-il énuméré avant de conseiller la junte à « veillez d’abord à ce que le code des marchés, qui est une loi, soit respecté » afin de combattre la corruption.
Mamadou Saidou Baldé