Depuis des décennies, les nations africaines ont été à la fois bénies et maudites par la richesse de leurs ressources naturelles. Parmi ces richesses, le cacao, le café, la bauxite, l’uranium, le cobalt et l’or occupent une place de choix. Pourtant, malgré cette abondance apparente, de nombreux pays africains peinent à transformer ces ressources en développement durable et en opportunités d’emploi pour leur jeunesse. Cette situation soulève des questions sur les mécanismes sous-jacents qui pourraient maintenir certains pays africains dans une forme de domination économique.
Ghana et la Côte d’Ivoire, deux géants de la production mondiale de cacao et de café, sont confrontés à un paradoxe frappant. Ils produisent conjointement plus de 50% du cacao mondial, mais peu d’usines de transformation sont implantées sur leur sol. Cette réalité signifie que ces pays exportent principalement des matières premières, tout en perdant une part significative de la valeur ajoutée qui pourrait être générée par la transformation locale de ces produits. En conséquence, le chômage des jeunes reste un défi majeur, et le potentiel de développement économique demeure largement inexploité.
Un scénario similaire se déroule en Guinée, première productrice de bauxite au monde, mais sans usines d’aluminium significatives sur son territoire. De même, le Niger est riche en uranium, mais il ne dispose pas d’usines de traitement de ce minerai. La République démocratique du Congo (RDC) est un important producteur mondial de cobalt, mais peu de raffineries de cobalt sont présentes sur son sol. Le Mali et le Burkina Faso produisent de l’or en abondance, mais l’absence d’infrastructures de transformation nuit à leur capacité à créer des emplois et à favoriser un développement durable.
La question qui se pose est de savoir si ces situations sont le fruit du hasard ou si elles reflètent une forme de maintien des pays africains dans une domination économique. Plusieurs facteurs contribuent à cette réalité complexe. Tout d’abord, les investissements nécessaires pour développer des usines de transformation sont souvent élevés, ce qui peut décourager les investisseurs locaux et étrangers. De plus, la stabilité politique, la corruption et les défis logistiques peuvent entraver la mise en place d’infrastructures industrielles.
En outre, les accords commerciaux internationaux et la volatilité des prix des matières premières peuvent jouer un rôle dans la décision de ne pas investir massivement dans la transformation locale. Les pays africains doivent souvent se contenter de vendre leurs ressources au gré des fluctuations du marché mondial, sans avoir la capacité de jouer un rôle majeur dans la fixation des prix.
Pour remédier à cette situation, les pays africains doivent s’engager dans des réformes économiques et politiques audacieuses. Cela inclut la création d’un environnement favorable aux investissements locaux et étrangers, la lutte contre la corruption, le renforcement de la stabilité politique et la promotion de la formation et de l’éducation techniques pour les jeunes.
En fin de compte, l’abondance des ressources en Afrique est un atout considérable, mais elle ne peut être pleinement exploitée que si les pays africains parviennent à surmonter les défis qui entravent la transformation locale de ces ressources. Cela nécessitera des efforts concertés et une vision à long terme pour libérer le potentiel économique et créer des opportunités pour la jeunesse africaine.
Abdourahamane Nabé