Félicitations à Fonike Mengue, Camarades et Familles pour avoir fait face (1), au collectif d’avocats qui ont assuré avec brio leur défense (2) et enfin au Juge Kabinet Djene Keïta qui a dit le Droit (3).
1. Fonike Mengue, Camarades et Familles :
Ils ont fait face à la Lutte, à la Justice et à l’Histoire. Ils ont affronté leurs destins en même temps que leurs adversaires. Ils ne se sont jamais faufilés, ne se sont jamais défilés. Ils ont eu comme au temps du régime d’Alpha CONDE, le courage de leurs convictions et ça personne ne pourra le leur enlever.
Ils ont transformé un procès contre eux en une tribune pour eux, comme l’avait fait avant eux Fidel Castro et Nelson Mandela dans des procès retentissants devenus historiques. Ils ont profité pour faire également le procès de l’interdiction des manifestations.
Ils n’auraient sans doute pas tenu sans le soutien de leurs proches camarades de toujours et de leurs familles qui sont restés à leur côtés tout au long de ces péripéties. Hommage à leurs fidélités. Ils se reconnaîtront, les épouses, les parents, les Mouloukou, Kalil et Autres Camarades.
2. le collectif d’Avocats :
Ils se sont battus comme de beaux diables pour défendre les intérêts de leurs clients. Ils ont remuer ciel et terre afin que ceux-ci recouvrent leurs libertés de manière légale. Ils se sont offusqués de leur libération tard la nuit, par le fait du Prince et/ou des négociations. Ils ont démontré à travers leurs brillantes plaidoiries, l’innocence de leurs clients dans les infractions retenues contre eux.
Pensée spéciale à Maître Béa. Des esprits taquins parfois méchants, l’ont assimilé à tort à un avocat qui perds tous ses procès, sans prendre en compte la nature complexe de la plus part des affaires qu’il défend. Sans oublier sa disponibilité dont profite nombre de nos concitoyens en conflit avec la justice.
3. Le Juge Kabinet Djenne Keita et la Justice :
La demande de requalification de l’infraction de « participation délictueuse à un attroupement » en « provocation directe à un attroupement armé » qui prévoit des peines plus sévères, formulée par le parquet, n’a pas prospéré. Cette tentative avait sans doute pour objectif de tenter de faire condamner les prévenus à des peines plus lourdes que celles déjà purgées afin de garder la face.
La publicité des débats, qui est de principe pendant le procès, contrairement à l’instruction, a permis de se rendre compte que la complicité des délits d’incendies volontaires, de destruction de biens et même la participation délictueuse à un attroupement ne reposaient sur aucun élément matériel objectif mais que sur l’interprétation par le parquet de l’appel à manifester et des déclarations des prévenus.
C’est donc logiquement que le Juge Kabinet Djene Keïta a fait ce que l’on attend d’un juge, à savoir être « la bouche qui prononce les paroles de la loi ». L’orgueil d’une Justice qui ne veut pas perdre la face ou qui veut plaire au Prince, n’a pas influencé son verdict. Et cela, l’Histoire le retiendra également sans aucun doute.
Cependant, si le juge a joué son rôle, les débats et le verdict permettent de déplorer les défaillances de l’Administration de la Justice. En effet, après une détention préventive de près de 10 mois, le parquet a finalement requis une peine de deux ans de prisons AVEC SURSIS. Comme pour dire que le parquet estime que les prévenus ne méritent pas la prison même s’ils étaient reconnus coupables des infractions qui leurs sont reprochées. 10 mois de détention pour rien ? Ça en a tout l’air.
Le collectif des avocats ne devraient donc pas s’arrêter en si bon chemin et engager la responsabilité du procureur, du juge d’instruction ou du greffier qui « avait égaré » le dossier entre le tribunal et la Cour suprême, pour réparation des dommages causés à ces prévenus.
Baïla Amadou Traoré,
Juriste, Chroniqueur.