Lorsque nos enfants paient aux examens, les frais de la démission collective sous l’avidité et le manque de vision dans la gestion de la chose publique.
Loin de moi toute intention de blâmer la rigueur ou l’observation stricte des lois et règlements dans chaque domaine de la vie, chose pour laquelle nous nous sommes toujours battus, mais lorsque que les règlements/lois sont faits ou appliqués par subjectivité ou n’abordent que les effets et non les causes, le mal ne fera que persister, parfois à travers des mutations de plus en plus complexes.
Parlant des mécanismes de surveillance des examens nationaux, pour ne pas aller loin, depuis pratiquement 2007 sous le Gouvernement de Consensus issu de l’insurrection populaire de janvier février de la même année, en passant par les Gouvernements qui ont suivi, on entend des slogans forts comme tolérance zéro ou zéro fraude et quoi d’autres encore, mais le mal devient de plus en plus entier sans solution objective impactant l’éducation de nos enfants, frères et sœurs. Continuer à exceller dans la prescription d’un remède qui aggrave la maladie aux frais énormes sur le contribuable, est aussi plus grave que le mal en question.
A cet effet, il est plus que légitime et même indispensable de soulever un certain nombre d’interrogations au niveau de l’éducation pour interpeller la conscience collective, au premier rang, l’Etat en dehors des bruits émotionnels ou mercantilistes de la refondation, à savoir :
(i) Quel est le but recherché par l’organisation des examens nationaux pour le progrès dans la société [est-ce la culture de la compétence en développant l’instinct de concurrence chez nos enfants ou il s’agit de démontrer que l’Etat a les moyens matériels, humains et financiers pour empêcher les enfants de tricher]?
(ii) Pour autant de bruits ou de moyens déployés dans l’organisation des examens, comment comprendre l’objectivité, lorsque que 70% des enseignants dans les villes et villages sont abandonnés quasiment toute l’année sans salaire aussi dérisoire soit-il?
(iii) Que dire des réformes en termes de création des conditions nécessaires à une éducation de qualité pour la culture de la compétence scientifique/technologique et la conduite morale en faveur d’une société de justice, de morale et d’équité qui progresse par la valorisation des efforts?
(iv) Quel exemple donnons-nous à nos enfants en famille, dans les services publics et privés, dans la rue et dans nos prises de parole en privé ou en public, pour impacter leur conduite pendant les évaluations ou les examens nationaux?
(v) Que dire d’une gouvernance, surtout dite de moralisation, qui ne mesure son succès que par sa capacité d’humiliation ou le taux d’échecs des enfants aux examens, alors que la morale aurait voulu qu’on rende le tablier, lorsqu’on a battu le record des échecs, après avoir procédé à une vague de retraites en pleine année scolaire, sans mesures alternatives efficaces?
Face à autant de faits, il est temps d’interroger notre stratégie nationale d’éducation à la vie, de la maison (famille) jusqu’au sommet de l’Etat en passant l’école, en capitalisant nos valeurs sociétales et intégrer le progrès de l’intelligence artificielle qui offre tous les jours des opportunités avec des défis et enjeux de plus en complexes.
Alors STOP, à la culpabilisation des enfants pour nos fautes de parents et de gouvernants par le manque d’exemplarité et de vision dans la gestion de la chose publique depuis la cellule famille jusqu’au sommet de l’Etat.
Abdoul Sacko
Activiste, Consultant sur les questions de conflits et d’intégration des jeunes/enfants et femmes.