Cher monsieur le Garde des Sceaux, ministre de la justice et des droits de l’homme, nous sommes au regret de vous notifier que nous ne souscrivons nullement à votre déclaration qui est la suivante: « Si c’est pour l’application de la loi que je dois « incendier » la Guinée, elle sera incendiée par l’application rigoureuse de la loi ».
Non Monsieur le ministre !
Sachez qu’une loi est élaborée par les mandataires du peuple pour une meilleure gestion de la cité. Et, ce, afin que les habitants puissent y vivre dans la cohésion, l’entente et la paix sociale.
Elle est donc élaborée dans l’intérêt exclusif de la Cité et de ses composantes et non contre leurs intérêts. En conséquence, lorsque cette loi élaborée ne correspond pas ou ne répond pas aux aspirations du peuple et à la constitution, elle est purement et simplement abrogée d’où la nécessité absolue et l’utilité d’une Cour Constitutionnelle à l’effet, de vérifier la conformité ou la non conformité d’une loi par rapport à la Constitution qui est la norme supérieure.
Veuillez donc retenir monsieur le Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des droits de l’homme, qu’il n’est nullement dans vos attributions d’appliquer une loi si tenté qu’elle ne soit pas conforme à l’intérêt de la Guinée dont vous manifestez la volonté « d’incendier» , par l’application de ladite loi!
C’est l’occasion donc de vous rappeler que la loi est élaborée par les personnes mandatées par le peuple et pour le peuple. Et que lorsque l’application d’une loi peut mettre en périls le pays, celle-ci ne pourra nullement s’appliquer car le contexte ne le permet pas. En effet, l’application d’un texte qu’elle que soit son utilité dépend absolument de son contexte.
En conséquence, lorsque l’application d’un texte se heurte à un contexte défavorable ce texte ne saurait s’appliquer. Et, ce, par le souci absolu de préserver l’Ordre Public.
Et de surcroît faudra – t- il que la conformité ou la non conformité de cette loi dont l’application risque « d’incendier » la Guinée soit soumise à la Chambre Constitutionnelle de la Cour Suprême.
Me Amadou Thidjane Kaba ancien bâtonnier de l’ordre des avocats