Après neuf (9) mois de détention du coordinateur national du FNDC Oumar Sylla Alias Foniké Mengué et Ibrahima Diallo tous détenus à la maison centrale de Conakry, leur procès tarde toujours à voir le jour.
Invité à donner son avis sur la situation de ses détenus dans l’émission Mirador de nos confrères de Fim F.M, l’avocat Maître Mohamed Traoré déclare que c’est un sentiment de déception. S’il avait nourri l’espoir de voir les choses changer au sein de la justice après le 5 septembre, l’ex bâtonnier pense qu’au regard de ce qui se passe rien n’a changé.
« Quand je vois ce qui se passe actuellement dans le traitement de certains dossiers judiciaires, je suis très mal à l’aise et je suis terrifié. J’ai un sentiment de frustration par rapport à tout ce qu’on a connu il y a moins de deux ans. Il vous souviendra qu’après le 5 septembre, des magistrats ont clairement dit qu’ils étaient sous pression, qu’il y avait beaucoup d’immixtion dans le fonctionnement de l’appareil judiciaire et se sont engagés à faire peau neuve et de regagner la confiance des justiciables. Mais lorsqu’on voit ce qui se passe actuellement, on a l’impression que rien n’a changé et l’impression que, parfois, la justice est utilisée comme un instrument pour faire taire les gens. Je me rappelle que lorsque Foniké Manguè a été arrêté pour la deuxième fois, nous sommes allés au parquet de Dixinn pour demander à ce qu’on programme le dossier pour jugement. Ils nous ont dit carrément que le dossier ne pouvait pas être jugé avant la tenue du référendum et des élections législatives. Lorsqu’on regarde aujourd’hui ce qui se passe, on a l’impression que c’est la même chose qui se passe actuellement. Lorsqu’on a besoin de mettre hors d’état de nuire un certain nombre de personnes, on passe par la justice pour qu’elle entre en jeu. Je pense que tout cela n’est pas bon l’image de la justice de notre pays. En tant qu’activiste des droits de l’Homme, on ne peut être que déçu. On ne pouvait pas imaginer que tout ce qui a été fait comme mea-culpa, on pouvait encore tomber dans ce genre de situation », déclare nos Me Mohamed Traoré.
Face à cette situation, cet avocat au barreau de Guinée pense que rien n’est tard pour sauver l’image de la justice guinéenne. Il soutient qu’il appartient aux magistrats eux-mêmes de faire en sorte que l’indépendance de la justice soit une réalité.
« Au départ, ce dossier comportait un litanie d’infractions. Mais à un moment donné, le magistrat instructeur a pris son courage à deux mains et n’a retenu que quelques deux ou trois infractions. Je vous dis clairement : je n’en veux pas au ministre de la justice, je n’en veux pas à l’exécutif de façon générale. J’en veux aux magistrats qui ne prennent pas leur responsabilité. Qu’est-ce qui a fait la notoriété du ministre Charles Wright, c’est parce qu’à un moment, il a pris le courage de rendre ses décisions en toute indépendance, en refusant toute sorte de pression. Qu’un magistrat rende une décision et qu’il soit suspendu ensuite à cause de cette décision, je pense que ce sont tous les défenseurs des droits de l’Homme qui vont prendre sa défense. Pour l’instant, on n’a jamais entendu un magistrat dire qu’il a pris une décision et qu’il a été sanctionné par la suite. Il appartient aux magistrats eux-mêmes de faire en sorte que l’indépendance de la magistrature soit une réalité. (…). Il est encore temps qu’elle nous donne la preuve qu’on peut lui faire confiance, il n’est pas tard », a-t-il dit en substance.
Récemment, une déclaration à été rendu public par le collectif d’avocat chargé du dossier de Foniké Mengué et cie. Jusque-là il plaide pour l’ouverture d’un procès dans un meilleur délais.
Mamadou Saidou Baldé MSB