Tout ce qui n’est pas souvent écrit, se perd avec le temps, dans les labyrinthes du passé. C’est pourquoi justement, il faut écrire pour se raconter, écrire pour parler de ces grandes figures guinéennes qui, à un moment donné, ont marqué de manière inaltérable l’histoire de notre patrimoine commun.
Un homme averti disait un jour que : « Le passé façonne un peuple, lui permet d’apercevoir de nouveaux chemins et de trouver d’autres façons de surmonter les obstacles auxquels il est confronté. »
« L’avenir est une porte, le passé en est la clé », indiquait également l’écrivain français Victor Hugo. Nous devons relater le vécu de ces personnages connus ou anonymes qui, tant soit peu, ont apporté leurs pierres à l’édification de la maison commune. Ne les laissons pas tomber dans l’oubli. Pour éviter un tel cas de figure, il faut raconter notre passé, scruter notre vécu commun. Cela nous permettra non seulement d’apprécier les enjeux importants de notre temps, mais aussi de participer à dessiner les voies de l’avenir.
Aucune tranche, aucun bout de notre vécu commun n’est inutile ; tout a un sens, tout a une valeur, tout mérite d’être raconté pour les futures générations. Oui, heureuse ou douloureuse, notre mémoire commune mérite d’être transmise pour la postérité car, le futur ne saurait se construire sur l’oubli du passé.
Aujourd’hui, nous vous parlons d’un personnage légendaire, un grand chef de canton qui, à un moment donné, a profondément marqué l’histoire d’une bonne partie de la Guinée d’avant l’indépendance. Une véritable plongée dans le passé et la mémoire du territoire de Worobé, canton qui fut administré d’une main de fer par Tokounou Lassidan pendant de nombreuses années. Mais avant, il serait important de savoir, en premier lieu, comment le nom du village de Tokounou est venu.
Allons profondément creuser dans l’histoire pour mieux comprendre. Loin d’être parfaite, la version que je donne ici concernant notamment l’origine du nom de Tokounou, la vie de Tokounou Lassidan et le temps qu’il passa aux destinées de Worobé, vise fondamentalement à susciter le débat autour d’un des fascinants pans de l’histoire de la Guinée d’avant l’indépendance. Bon, ne coupons pas les cheveux en quatre. Allons directement à l’essentiel !
𝐒𝐨𝐮𝐧𝐝𝐨𝐮 𝐃𝐢𝐚𝐰𝐚𝐫𝐚 𝐞𝐭 𝐓𝐨𝐤𝐨𝐮𝐧𝐨𝐮 : 𝐥’𝐡𝐢𝐬𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞 𝐝’𝐮𝐧 𝐚𝐥𝐥𝐨𝐜𝐡𝐭𝐨𝐧𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐬’𝐢𝐦𝐩𝐨𝐬𝐚 𝐚𝐮𝐱 𝐚𝐮𝐭𝐨𝐜𝐡𝐭𝐨𝐧𝐞𝐬
L’histoire de Tokounou est indissociable de celle de Soundou Diawara, le premier Diawara à s’installer à côté des Camara dans ce riche territoire qui deviendra plus tard Tokounou, cet important grenier agricole de la préfecture de Kankan. L’ancêtre des Diawara ne prit pas beaucoup de temps pour s’imposer.
Venu de l’actuelle République du Mali, plus précisément de Kaarta, les anciens racontent que Soundou Diawara fut un grand chasseur comme tous les Mandenka à l’époque. Il vint s’installer à côté des Camara auxquels il demanda une portion de terre pour définitivement s’y installer. Ceux-ci lui demandèrent de donner neuf (9) de chaque objet, à savoir : neuf (9) bœufs, 9 grammes d’or, neuf (9) chevaux, neuf (9) moutons et autres.
Comblés de satisfaction du fait de la volonté de Soundou Diawara, les Camara lui dirent ceci en langue maninka : « i birila dja a tô laa kounou », qui, au pied de la lettre, signifie : « tu as fourni beaucoup d’effort, maintenant avale le reste. » Une manière de lui signifier qu’il peut laisser le reste. « A tô laa kounou ! A tô laa kounou ! », serait devenu par lapsus lingual « Tokounou ». C’est ainsi que les Camara cédèrent cette portion de terre à l’ancêtre des Diawara. De fil en aiguille, ce dernier développa son influence, avant de s’imposer un peu plus tard.
Maintenant, parlons de l’histoire de Tokounou Lassidan, cette grande figure ou ce célèbre chef de canton de Worobé dont le nom revient sur toutes les lèvres, chaque fois qu’on invoque le nom de la sous-préfecture de Tokounou.
Effectivement, dès qu’on évoque le nom de Tokounou, un célèbre nom revient sur toutes les lèvres : Tokounou Lassidan. D’aucuns pensent également aux agoutis dès qu’on parle de cette sous-préfecture de Kankan, car c’est une localité connue pour sa richesse en agoutis, ces rongueurs très prisés en Haute Guinée. Évidemment, Tokounou se différencie des autres localités de la savane par sa spécialité culinaire : le ragout d’agoutis.
𝐌𝐚𝐢𝐬, 𝐜’𝐞𝐬𝐭 𝐪𝐮𝐢, 𝐓𝐨𝐤𝐨𝐮𝐧𝐨𝐮 𝐋𝐚𝐬𝐬𝐢𝐝𝐚𝐧 ?
Tout d’abord, il est important de souligner que le mot « Lassidan » est un lapsus lingual. Il vient, en réalité, de la déformation en langue maninka de l’expression « l’Adjudant » qui est un grade militaire placé au-dessus du sergent-chef.
De son vrai nom l’Adjudant Sory Diawara, communément appelé Tokounou Lassidan, ce personnage mythique a marqué l’histoire de la Guinée d’avant l’indépendance, au point que son nom est resté gravé dans la mémoire collective.
Fils de Kaba Diawara et de Ténimba Mara, Tokounou Lassidan naquit vers 1885. Il mourut le mercredi 21 novembre 1956 à Tokounou. De toute évidence, il fut le plus célèbre et le plus renommé des chefs de canton de la savane et environnants.
Parti en captivité en bas âge avec sa mère vers 1900 pour une destination inconnue, Tokounou Lassidan grandit avec celle-ci dans leur aventure de captivité puis, au cours de laquelle aventure il fut enrôlé dans l’armée coloniale française. Il fit la première guerre mondiale de 1914-1918 comme ‘’Tirailleur sénégalais’’. Il fut un envoyé de la France sur l’ile de Madagascar en qualité d’administrateur colonial.
Le fils de Ténimba Mara servit également en Haute Volta, au Soudan français, des territoires devenus respectivement, après les indépendances dans les années 1960, le Burkina Fasso et le Mali, avant de rejoindre définitivement son Tokounou natal en 1922 à l’âge adulte, après ses quinze (15) ans de service militaire.
Avec un accent dioula et un niveau d’instruction acceptable en français, il rentra avec deux épouses Baoulé : Koumba Keïta, native de Tiébissou (cercle de Bouaké) et Saran Keïta, native de Bouaké centre, toutes de la Côte d’Ivoire. En plus de ces deux épouses ivoiriennes, il épousa plusieurs autres une fois installé à Tokounou, dont une malienne. Des sources bien averties parlent près d’une trentaine d’épouses.
𝗧𝗼𝗸𝗼𝘂𝗻𝗼𝘂 𝗟𝗮𝘀𝘀𝗶𝗱𝗮𝗻 𝗰𝗵𝗮𝗻𝗴𝗲𝗮 𝗱𝗲 𝗻𝗼𝗺 𝗲𝘁 𝗱𝗲𝘃𝗶𝗻𝘁 𝗦𝗼𝗿𝘆 𝗖𝗼𝗻𝗱𝗲́ 𝗗𝗶𝗮𝘄𝗮𝗿𝗮. 𝗠𝗮𝗶𝘀, 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗾𝘂𝗲𝗹𝗹𝗲 𝗿𝗮𝗶𝘀𝗼𝗻 ?
De Sory Diawara à Sory Condé Diawara, se dissimule une fascinante histoire concernant la vie de Tokounou Lassidan. À son retour de la première guerre mondiale, Lassidan devint d’abord chef du village de Tokounou en 1923, avant de prendre les rênes de Worobé en 1926 comme chef de canton. Mais, la question qui se pose est de savoir comment il devint le chef de canton de Worobé ?
Les anciens racontent que c’était pour une histoire de chefferie que Tokounou Lassidan changea de nom pour devenir Condé. En effet, fondé par les Condé, pour être chef de canton à l’époque à Worobé, il fallait forcement être un candidat autochtone, c’est-à-dire être de la grande généalogie des Condé.
Outre le lignage, il fallait également savoir lire et écrire. S’agissant de cette dernière règle, Tokounou Lassidan en avait tout l’avantage, car étant un ancien combattant, il savait non seulement lire et écrire, mais aussi avait un niveau acceptable en français. Cependant, avec son nom de famille Diawara, il n’avait aucune chance ou du moins avait peu de chance d’être accepté comme chef de canton par les Condé, fondateurs de Worobé, qui défendaient jalousement leur droit de propriété sur ce territoire. Que faire ?
Face donc à l’opposition des Condé, fondateurs de Worobé, pour accéder au pouvoir, en grand stratège et réconciliateur, Tokounou Lassidan aurait décidé de devenir Condé. Il se serait rebaptisé Sory Condé Diawara. Subséquemment, sa candidature aurait été acceptée par ces fondateurs. Ruse ?
Rebaptisé Sory Condé Diawara, ce nom de Tokounou Lassidan serait ensuite communiqué au commandant du cercle de l’époque. C’est raison pour laquelle d’ailleurs, selon certaines sources, des anciens l’appelleraient Sory Condé Diawara.
Il convient de préciser qu’à l’époque le canton de Worobé comprenait deux (2) vastes territoires, à savoir : Soundou (territoire des Diawara) et Worobé (territoire essentiellement composé des Condé). Soundou qui est le territoire des Diawara, comprend Tokounou, Kignèko, Morigbédou et Massagnana étant le village du grand frère.
Redouté et respecté, Tokounou Lassidan dirigea le canton de Worobé avec une main de fer. Sa main ne tremblait guère quand il s’agissait de punir. Par ailleurs, il joua un grand rôle dans l’implantation de Tokounou dont les Diawara sont désormais considérés comme étant les fondateurs. Cela fait que la place de « soti kèmo » ou de patriarche revient à sa famille, c’est-à-dire la grande famille Diawara. Mais, dans quelles circonstances réellement Tokounou Lassidan perdit le poste de chef de canton à Worobé ?
𝐃𝐮 𝐬𝐨𝐮𝐥𝐞̀𝐯𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐩𝐨𝐩𝐮𝐥𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐣𝐞𝐮𝐧𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐚̀ 𝐥𝐚 𝐜𝐡𝐮𝐭𝐞 𝐝𝐞 𝐓𝐨𝐤𝐨𝐮𝐧𝐨𝐮 𝐋𝐚𝐬𝐬𝐢𝐝𝐚𝐧 𝐞𝐧 𝟏𝟗𝟒𝟔
Tout a une fin ! Tout ce qui commence finit forcément un jour. Après vingt (20) ans de règne, le pouvoir de Tokounou Lassidan fut emporté par un soulèvement populaire de la jeunesse de Worobé.
Nombre de personnes pensent que Tokounou Lassidan resta chef de canton jusqu’à sa mort. Pourtant, il fut renversé en 1946, à la suite d’une insurrection populaire, par la jeunesse d’alors dont les principaux meneurs furent entre autres Gbalako Sidy Condé du village de Gbalako et Fayoulou Condé du village de Manissèlia qui, par la suite, auraient été impitoyablement frappés par la malédiction. Le berceau de l’humanité et ses mystères.
𝗧𝗼𝗸𝗼𝘂𝗻𝗼𝘂 𝗟𝗮𝘀𝘀𝗶𝗱𝗮𝗻, 𝘂𝗻 𝗵𝗼𝗺𝗺𝗲 𝗼𝗿𝗱𝗶𝗻𝗮𝗶𝗿𝗲 𝗼𝘂 𝗽𝗹𝘂𝘀 ?
Aux dires des anciens, Tokounou Lassidan fut un homme énigmatique, avec d’impressionnants pouvoirs.
Des sources bien introduites racontent que le jour de son éviction du pouvoir, il aurait maudit et lancé un mauvais sort sur Gbalako Sidy Condé et Fayoulou Condé, responsables de sa chute. Cela aurait coûté aux deux les yeux de la tête. Ils seraient devenus du fait de cette malédiction des objets de moquerie dans la communauté, la risée de tous, des personnes incapables de réussir quoi que ce soit dans leur vie.
Curieusement, toutes les personnes rencontrées ont non seulement soutenu que Tokounou Lassidan avait d’impressionnants pouvoirs, mais aussi ont confirmé que Gbalako Sidy Condé et Fayoulou Condé moururent dans une précarité indescriptible. Simple coïncidence (signe du destin) ou expiation de Tokounou Lassidan ?
Difficile de répondre à cette question avec exactitude. Toutefois, les anciens racontent que Gbalako Sidy Condé et Fayoulou Condé finirent indexés dans la communauté durant tout le reste de leur vie. Plongés dans une précarité inénarrable, selon toujours ces anciens, les deux finirent comme s’ils n’avaient jamais vécu un seul jour.
La triste fin de ces deux principaux meneurs pousse nombre de personnes à croire et raconter que la malédiction de Tokounou Lassidan eut des effets destructeurs sur ces deux jeunes téméraires qui eurent l’aplomb de s’attaquer à cet homme énigmatique et mythique. Du reste, une sagesse malinké n’enseigne-t-elle pas que quand les dires et les faits s’affrontent, les faits s’imposent ?
𝐍𝐚𝐦𝐚𝐧𝐢𝐠𝐧𝐚 𝐌𝐨𝐫𝐢 𝐂𝐨𝐧𝐝𝐞́ 𝐝𝐞 𝐆𝐛𝐚𝐥𝐚𝐤𝐨, 𝐬𝐮𝐜𝐜𝐞𝐬𝐬𝐞𝐮𝐫 𝐝𝐞 𝐓𝐨𝐤𝐨𝐮𝐧𝐨𝐮 𝐋𝐚𝐬𝐬𝐢𝐝𝐚𝐧
À la suite de cette insurrection des jeunes, Namanigna Mori Condé qui était de l’autre côté de la rive gauche du fleuve Niandan, devint le successeur de Tokounou Lassidan en 1946, l’année de la chute de ce dernier. Il est le dernier chef de canton de Worobé.
Ce successeur illettré, n’eut pas de grande réputation ni de grande influence comme Tokounou Lassidan. Il n’eut pas non plus long feu à la tête du canton de Worobé comme son prédécesseur du fait de la suppression sur le territoire de la Guinée de la chefferie coutumière ou traditionnelle en 1957.
Pour rappel, ce fut par arrêté signé du Ministre de l’Intérieur du Gouvernement de la ‘’loi-cadre’’ d’alors, Monsieur Fodéba Keïta, que la fin de la chefferie fut rendue effective. En effet, le 31 décembre 1957, passait au Journal Officiel de la Guinée française, un arrêté portant suppression sur le territoire de la guinée de la ‘’chefferie dite coutumière’’.
En outre, la légende raconte que Tokounou Lassidan ne se brossait pas les dents le matin et qu’il faisait boire ses salives à ceux qui n’étaient pas en odeur de sainteté auprès de lui. D’aucuns partent jusqu’à dire que quand l’un de ses sujets se rendait coupable d’un acte répréhensible, qu’il lui posait la question suivante : « Entre les coups de fouet et ma salive, tu préfères quoi ? »
La même tradition raconte que les gens préféreraient les coups de fouet, plutôt que de boire les salives de Tokounou Lassidan. Mais, toutes les sources que j’ai eues à consulter concernant cela m’ont toutes soutenu que cette histoire a été montée de toutes pièces par ses détracteurs pour égratigner son image. Bon, c’est aussi cela qui fait la splendeur de l’histoire.
« 𝐍’𝐧𝐚𝐝𝐢𝐚𝐛𝐚 𝐨𝐮 𝐥𝐚𝐝𝐢𝐲𝐚𝐛𝐚 », 𝐥’𝐚𝐢𝐫 𝐨𝐮 𝐥𝐞 « 𝐟𝐚𝐬𝐬𝐚 » 𝐞𝐧 𝐥𝐚𝐧𝐠𝐮𝐞 𝐦𝐚𝐧𝐢𝐧𝐤𝐚 𝐝𝐞 𝐓𝐨𝐤𝐨𝐮𝐧𝐨𝐮 𝐋𝐚𝐬𝐬𝐢𝐝𝐚𝐧
L’air ou la chanson « n’nadiaba ou ladiyaba » en langue maninka, qui veut litteralement dire « celui qui prend soin de moi », cela vous dit quelque chose ? Avez-vous écouté une fois « Lassidan » ?
Tout comme « fakoli fassa », « djandjo », « gnarigbassa », « taara », « nanfoulen », « kèlè mansa foli », « tamadjan bolo », « lonko fassa », « touraman bolo », « fama denkè », la chanson « n’nadiaba » ou « Lassidan fassa » a un fond sonore qui le distingue des autres classiques mandingues. Elle se reconnaît à travers son instrumental.
Composée à l’honneur du chef de canton de Worobé, Tokounou Lassidan, cette célèbre chanson date de l’époque coloniale. Elle fut psalmodiée par les djélis ou griots de Lassidan pour vanter ses mérites. Il convient de souligner que djéli ley Kanté fut le griot favori de Lassidan qui le réveillait tous les matins avec cet air devenu plus tard une chanson très connue, notamment dans la savane guinéenne.
Aujourd’hui, les plus célèbres morceaux de cet air sont ceux des artistes maliens Ali Farka Touré ‘’Lassidan’’ et Djessira Koné ‘’Ladiyaba’’. Je vous invite à écouter ces deux belles chansons sur YouTube; vous les apprécierez. En plus du message, la manière dont le fond musical est rythmé, ne laisse personne indifférent. C’est à couper le souffle tout simplement. Quelle ingéniosité musicale ! Allez les écouter ; vous me donnerez raison. N’nallah !
𝐓𝐨𝐤𝐨𝐮𝐧𝐨𝐮 𝐋𝐚𝐬𝐬𝐢𝐝𝐚𝐧 𝐞𝐭 𝐥𝐚 𝐩𝐚𝐧𝐭𝐡𝐞̀𝐫𝐞
De son époque à nos jours, nombreuses sont ces personnes qui croient et racontent que Tokounou Lassidan et une panthère se seraient battus un jour. En tout cas, à date, personne n’a encore contredit cette version.
Robuste, physiquement fort et chasseur par excellence, Tokounou Lassidan se serait vaillamment battu contre une panthère pour sauver la vie de sa mère. Un jour, selon des sources crédibles, une panthère se serait jetée sur sa mère au champ puis, l’aurait cassée un bras. Elle aurait crié au secours puis, aurait ensuite hélé son fils. Ce dernier, n’étant pas loin des lieux, serait venu en un tour de main se jeter sur le félin.
Tokounou Lassidan et l’animal auraient lutté, lutté pendant plusieurs minutes. Après de rude combat, Lassidan aurait finalement pris le dessus sur l’animal. L’animal vaincu, il l’aurait tué à mains nues.
Sans parler à tort et à travers, il faut retenir que Tokounou Lassidan fut un grand et célèbre chef de canton, le plus célèbre d’ailleurs de la Savane. Grâce à ses efforts louables et innombrables, la sous-préfecture de Tokounou est devenue ce qu’elle est actuellement.
Nul besoin de rappeler ici que les populations de Tokounou lui doivent le passage de l’actuel tracé de la route nationale Kissidougou-Kankan. Pour l’histoire, cette route nationale passait par le village de Koudou, situé à une dizaine de kilomètres au sud-est de Tokounou, dans la même sous-préfecture. Notons enfin, que les descendants de Tokounou Lassidan, fils, petits-fils et arrière petits-fils, se comptent de nos jours par centaines.
D’un autre côté, il faut souligner que du fait des efforts fournis de Tokounou Lassidan dans le domaine de la scolarisation des enfants du terroir, la sous-préfecture de Tokounou compte beaucoup d’intellectuels de nos jours. Il fut celui-là même qui construisit la première école en banco dans le canton de Worobé en 1946.
Ces belles initiatives de Tokounou Lassidan furent illico accompagnées par le commandant de cercle d’alors qui ne tarda pas de lui envoyer un instituteur du nom de Karfala Keïta de Kourala, dans l’actuelle préfecture de Kouroussa. Un instituteur qui, il faut le noter, fut très célèbre dans la contrée.
𝐒𝐚𝐲𝐨𝐧 𝐌𝐀𝐑𝐀, 𝐉𝐮𝐫𝐢𝐬𝐭𝐞