Guinéennes et Guinéens,
Chers compatriotes,
L’honneur m’échoit, encore une fois de plus, au nom du Bloc LIBÉRAL, de m’adresser à vous en ce 64ème anniversaire de l’indépendance de la Guinée.
Je tiens solennellement à rendre hommage aux illustres héros de 1958. Ce sont eux qui ont permis à notre pays de devenir un Etat souverain sur l’échiquier international. Ces hommes et femmes ont accompli cet engagement historique aux prix de grandes difficultés. De ce fait, Ils sont entrés dans les annales glorieuses de notre histoire nationale.
Aussi, je salue avec vibrance la mémoire de tous les martyrs de l’indépendance qui, en vaillants soldats de la liberté, sont tombés sur le champ d’honneur. Ces martyrs sont morts afin que notre peuple vive dans la liberté sacrée et la dignité humaine.
Chers compatriotes,
Le 02 octobre est un moment de ferveur et d’exaltation nationale pour chaque Guinéen et chaque Guinéenne. C’est pourquoi, nous devons le célébrer dans la concorde et l’unité, car notre histoire est une référence dans les annales de l’Afrique post-seconde Guerre Mondiale : la Guinée a été le premier État indépendant de l’ex-Afrique Occidentale Française. En outre, elle a été la véritable source d’inspiration et de soutien à plusieurs mouvements de libérations nationales sur le continent africain, dont : le PAIGC de Guinée Bissau, le MPLA d’Angola, l’ANC de l’Afrique du sud, le FRELIMO de Mozambique, etc.
Chers compatriotes,
La célébration du 02 octobre est aussi l’occasion pour nous de dresser le bilan sociétal de notre pays ; c’est aussi l’occasion pour nous de réfléchir ensemble sur les orientations à suivre, pour bâtir une meilleure Guinée, exempte de toute forme de discrimination. Pour ce faire, Nous devons éviter les erreurs du passé.
C’est pourquoi, l’avènement du Conseil National pour le Rassemblement et le Développement (CNRD) nous offre l’opportunité de repenser l’Etat Guinéen. La transition, placée sous l’égide du CNRD devrait nous permettre de reconsidérer le mode de fonctionnement de nos institutions ; et de renforcer le principe de séparation des pouvoirs pour une gestion équilibrée de notre gouvernance démocratique.
Chers compatriotes.
Les débuts du CNRD, qui ont été marqué par un exercice d’écoute, ont offert l’opportunité à toutes les composantes nationales (les politiques, les plateformes de la société civile, les religieux, les jeunes, les femmes, les sages, etc.) de s’exprimer, de confier leurs préoccupations. Elles l’ont fait verbalement, par écrit à travers les nombreux memos soumis, etc. Ce que certains acteurs politiques et sociaux appellent aujourd’hui l’agenda personnel du CNRD n’est en réalité que la synthèse des propositions et des préoccupations exprimées par le peuple de Guinée.
C’est pourquoi, le Bloc LIBÉRAL, à travers ma personne, salue et encourage le CNRD à poursuivre ses efforts de lutte contre l’impunité et la corruption. Ces efforts concourent, entre autres, au recouvrement des domaines publics de l’Etat et à l’assainissement du fichier de la fonction publique. Dans la réalisation de ces actions louables, j’invite les autorités à agir strictement dans le cadre de la loi. C’est-à-dire, éviter toutes les formes d’abus, de discrimination et de favoritisme au cours de ces exercices.
L’un des objectifs de cette transition étant de doter notre pays d’une nouvelle constitution, je saisis cette pour réitérer quelques propositions chères à notre parti. Ce sont entre autres :
1. Le Bloc Libéral se prononce en faveur du régime présidentiel dans lequel les pouvoirs du Président de la République et du gouvernement central sont largement limités. Par exemple, le Président de la République ne doit pas dissoudre le Parlement ; ceci pour obéir au principe qui dit que le pouvoir ne s’exerce pas par la coercition, mais par la négociation. De même, les nominations par le Président de la République aux fonctions civiles et militaires doivent être confirmées par le Parlement. Celui-ci doit veiller au maintien des équilibres nécessaires au fonctionnement normal de notre pays. Les compétences du gouvernement central seront limitées.
2. Le droit de veto qui devrait être conféré au Président par rapport aux lois votées parle Parlement. En même temps, le droit de réaffirmation de toute loi qui fait l’objet de veto par le Président est donné au Parlement, sous réserve d’un vote approuvant la même loi, à la seconde lecture, par une majorité qualifiée (60% des parlementaires).
3. Le droit doit être donné au Parlement de destituer le Président de la République, en cas de haute trahison de la part de ce dernier.
4. Le nombre d’institutions républicaines doit être revu à la baisse. Par exemple, au lieu d’avoir une cour constitutionnelle, une cour suprême, une cour des comptes, s’en tenir à la cour suprême comme dans la Loi Fondamentale de 1992, qui aura en son sein des chambres administrative, constitutionnelle, économique, etc.
5. L’indépendance de la justice doit être consacrée. Ceci inclut la protection de la magistrature envers les autres pouvoirs institutionnels, envers les sujets économiques et sociaux, et envers la hiérarchie judicaire même.
6. Le droit doit être donné aux citoyens, individuellement ou à travers leurs organisations, de demander à la chambre constitutionnelle de la Cour Suprême de se prononcer sur la constitutionnalité d’une loi votée par le Parlement et signée par le Président de la République.
7. Le scrutin proportionnel aux élections parlementaires doit être supprimé ; un découpage des districts électoraux en fonction de la population sera fait pour l’élection des députés. Sur la base d’un recensement général de la population, un quotient devrait être trouvé représentant ainsi la portion de la population que chaque député devait représenter. Ainsi, selon le découpage administratif actuel, une commune comme Kaloum pourrait être représentée par un député, pendant que cinq députés représenteraient la commune de Matoto.
8. Le poste de Vice-président devrait être créé ; et la personne occupant ce poste remplacerait constitutionnellement le Président, en cas de vacance de pouvoir. Par souci d’équilibre de dynamiques sociale et politique, le Président et son vice-président ne seront ni de la même ethnie ni de la région ni de la même religion.
9. La décentralisation du pouvoir sera consacrée. Les pouvoirs locaux seront débarrassés de toute tutelle lointaine ou rapprochée et ne seront soumis qu’au seul contrôle de la loi et des citoyens. Le nombre de paliers de gouvernement sera réduit à deux (local et central). Les compétences de chaque palier de gouvernement seront clairement définies.
10. La modification constitutionnelle doit être rendue difficile. La période entre le premier vote référendaire sur la modification et sa rentrée en vigueur doit être fixée à cinq ans minimum. Aussi, toute modification de la constitution doit être inapplicable au Président de la République et aux parlementaires en fonction durant la période de modification.
Chers compatriotes,
Je ne saurai conclure cette allocution sans lancer un appel à la société civile et aux partis politiques—particulièrement le FNDC politique, le RPG-AEC, l’ANAD et la CORED—à venir autour de la table de dialogue national initié par le CNRD ; c’est par une concertation ouverte, inclusive et franche que nous pourrons définir—consensuellement—les approches adéquates pouvant nous permettre d’aboutir à une transition réussie.
À la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union Africaine (UA), l’Union européenne (UE), les États-Unis et l’Organisation des Nations Unies (ONU) je réitéré mon invitation à poursuivre leur coopération avec notre pays ; je lance le même appel et aux partenaires au développement Car je suis conscient qu’aucun État ne peut vivre en autarcie. Pour terminer, je voudrais dire haut et fort que le Bloc LIBÉRAL croit profondément en la diplomatie, la collaboration interétatique et l’amitié des peuples du monde entier.
Vive la démocratie,
Vive le Bloc LIBÉRAL
Vive la République.
Que Dieu guide et protège la Guinée.