En cette journée de manifestation organisée par le FNDC, il semble que le Président de la Transition aurait parcouru de part en part l’autoroute » Le Prince », épicentre de la contestation contre le Pouvoir depuis de nombreuses années. Des soutiens convaincus ou de circonstances de la junte militaire y voient un acte de bravoure et font preuve d’un triomphalisme qui ne dit pas son nom. Mais il faut que ces derniers arrêtent de tromper le Parrain O+ ou le » Soleil ».
Quand on a sa disposition le Groupement des Forces Spéciales et toutes les autres autres unités des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) avec tous les moyens et équipements mis à leur disposition par le contribuable guinéen, et face à des citoyens désarmés, ou qui n’ont tout au plus, que des cailloux, on peut parader partout dans le pays sans aucun risque.
C’est très loin d’être un acte de bravoure ou d’héroïsme.
Il faut demander au Colonel Assimi Goïta, chef de la junte militaire malienne, s’il peut parader au Nord du Mali avec toute sa garde et même toute l’armée du Mali. Il est au pouvoir depuis plusieurs mois. Mais il ne s’est jamais rendu dans cette zone qui est pourtant une partie du Mali. Et pour cause. Si une bonne partie du territoire malien échappe aujourd’hui au contrôle de Bamako, c’est parce que des Maliens établis dans cette zone sont autant sinon plus armés que l’Armée malienne. Nous devons donc faire beaucoup attention.
Nous devons tous, quelles que soient nos positions, contribuer à l’apaisement et encourager l’organisation d’un véritable dialogue tant demandé par la classe politique et la vraie société civile.
Les membres connus ou inconnus du CNRD n’ont pas le monopole du patriotisme ou l’exclusivité de l’amour de la Guinée. Il faut qu’ils approchent et écoutent tout le monde. C’est la seule condition pour sortir notre pays de cette situation que personne ne souhaitait vraiment après le 5 septembre 2021, date de la chute de Alpha Condé.
Il faut surtout se garder de faire croire à la junte militaire que tout est désormais acquis parce que toutes les voies dissonantes ont été réduites au silence. Lorsque Alpha Condé croyait avoir réussi son coup d’État constitutionnel du 22 mars 2020, il ne pouvait peut-être pas imaginer que le 5 septembre allait arriver.
Alors un peu de retenue et moins d’arrogance.
Me Mohamed Traoré