Tu as passé onze ans de ton existence à lancer les cailloux, à brûler les pneus, à caillasser les voitures de ceux qui n’avaient souvent rien à avoir avec le pouvoir. Tu n’as jamais été convié à une réception des leaders d’opposition. Tu n’es jamais au courant du vrai deal entre le chef et son opposant. Tu n’as rien eu du budget du chef de l’opposition.
Ton leader a compté du bout du doigt les nombreux morts(qu’ils réposent en paix). Il n’a jamais donné un sac de riz à la maman du fils unique qui est tombé sous les balles assassines du régime. Est-ce qu’il se rappelle même du nom de ton cousin? Après tant de mort il y’a une assise où tu n’as que la partie essentielle à la télé.
Tu te débrouilles dans ton école ou ton université qui manque de tout( connexion internet, salle de classe adéquate, formateur de qualité, bibliothèque…) pendant que les tiennes sont de l’autre côté à se la couler douce. Réveille toi jeune, réfléchis car l’avenir est à ceux qui travaillent leur matière grise.
Tu te débrouilles dans les transports en commun. Tu fais le rang chez Mabinty ‘’toguekagni’’. Tu ne vois le croissant et la crème fraîche que dans les films. Tu te soignes dans les hôpitaux où le drap est pour tous les patients qui défilent du matin au soir.
Tu n’as de sécurité que Dieu. Tu ne connais ni la notion de vigile ni le militaire chauffeur. Certains chiens sont mieux nourris et mieux logés que toute ta lignée. Ton premier problème est le dernier de leur soucis. Mais on continue à te faire croire que tu dois lutter pour le pays et les idéaux du parti.
Ce que tu sais pas, quand il sera président, il cherchera ceux qui le détestaient. Tu es déjà acquis. Si tu as la chance, il te sourira au siège du parti et prononcera ton nom avec un large sourire. Le mot avenir n’existe que pour le petit cercle dont tu n’en fais pas partie. Tu te demanderas un jour si tu as fait tout ça pour ça?
Où sont enterrées les victimes du camp Boiro? Du 4 juillet ? Du 22 janvier? Du stade du 28 septembre ? Du cafouillage Dadis ? Du 5 septembre ? On ne tue pas un peuple déjà mort. Il n’y a de justice que s’il y’a des victimes. Chacun utilise le cimetière de Bambeto en sa faveur.
Jeune homme, couche toi sous ton lit et protège toi. Tu es juste utilisé comme bouclier humain. Après ta mort, le parti cherchera d’autres personnes qui devraient mourir pour la cause pas commune mais partielle. C’est tes parents seuls qui souffriront de ton absence.
#YakoFashion : la seule vérité qui peut sortir de la bouche d’un politicien, c’est la mort existe.
Yamoudou Kouyaté