C’est sur l’insistance du Président de la république que la primature s’est mise en ordre d’évaluation des membres de son équipe gouvernementale. Le colonel Mamadi Doumbouya est formel.
« je veux les résultats de l’évaluation des ministres dans un plus bref délai ». Le message est sans ambigüité aucune. Il est du chef de la junte adressé à son Premier Ministre qu’il estime apathique sur le sujet.
Le message est aussi sans doute révélateur d’un brin d’agacement et d’insatisfaction du travail accompli par Mohamed Béavogui et son équipe.
Pour le palais Mohamed5, il faut donc hâter le pas , pour extirper de l’équipe ceux qui ont encore du mal à prendre le rythme. Ces ministres qui ont l’apprentissage difficile, voire impossible.
En effet, des semaines durant, le chef du gouvernement dont la boussole se trouve invraisemblablement au palais Mohamed5, n’a pas ménagé son temps pour satisfaire aux désidératas de son patron.
Tels des écoliers, les ministres sont retournés à la salle d’examen pour répondre aux questions de l’évaluateur en chef, le patron du Palais de la Colombe. Cela, dans une ambiance d’apparence grotesque et inédite.
C’est une première avec ce format direct.
Cependant, le spectacle peut avoir quelque chose de réconfortant s’il doit déboucher sur une épuration. Démêler les bons, des moins bons ou des tocards, ces intellectuels qui ont réussi à tromper la vigilance du détenteur du décret, avec un CV en roman, mais en réalité, qui ne fait pas un pli.
L’opinion espère qu’à l’issue de cet exercice, du moins exaltant et obligatoire dans une gouvernance ou la reddition des comptes est un sacerdoce, que le colonel-Président revienne sur certaines appréciations tant soi peu populistes. Celle qui consiste à croire, ou à être convaincu qu’on ne peut pas du tout faire du nouveau avec des anciens, même à dose modérée. Ainsi croire que dans une administration corrompue, il faut un chambardement à l’allure de décapitation.
La dure réalité du pouvoir démentit cette manipulation des personnes toujours insidieusement animées par la haine de l’autre.
Avec le temps, et en se rendant compte de l’évidence des choix ratés, cet argumentaire est révolu.
Des anciens devraient désormais reprendre leur place dans la gouvernance. A condition qu’en plus de leurs compétences et expérience, ils ne traînent pas casseroles en matière de gestion.
A coup sûr, l’évaluation du gouvernement doit répondre à l’impératif d’un immobilisme dans la mise en place de la feuille de route du CNRD.
Des ministres aux capacités surfaites sont bloqués à cause de leur méconnaissance du nouvel environnement de travail. Ils ne sont pas non plus aidés par des collaborateurs autant novices qu’incompétents.
En attendant les résultats de l’évaluation, le gouvernement devrait être très anxieux, car les bons ministres en son sein ne courent pas les rues et les bonnes actions à mettre à leur actifs ne sont pas lésion .
Mognouma Cissé