L’installation effective du conseil national de la transition (CNT), comme cela est prévue dans la charte et annoncée par le président du CNRD, a été perçue par de nombreux observateurs comme le lancement du processus vers un retour à l’ordre constitutionnel.
En effet, c’est à cet important organe «législatif» qu’il revient, entre autres,
-d’élaborer un projet de nouvelle constitution qui sera soumis au référendum, et baliser tout le chemin devant mener le pays aux élections censées clôturer la
transition. L’entrée en fonction des conseillers du CNT a eu pour effet de relancer, non sans passion chez certains acteurs politiques, le débat sur l’épineuse question de la durée de la période transitoire. Chacun y allant de sa proposition, selon l’idée qu’il se fait de ce que doit être son contenu. En attendant que les différentes étapes soient définies, et que soit connu le temps que leur achèvement va nécessiter, certains dénient au CNT, d’ores et déjà, le droit de fixer tout seul la durée de la transition. Comme l’a clairement annoncé dans une
interview le président du CNRD, le colonel Mamadi Doumbouya. Avec comme
argument, le fait qu’il soit écrit dans la charte de la transition, que cela doit être fait de commun accord par le CNRD et les forces vives du pays. De plus en plus de voix s’élèvent d’ailleurs au sein de la classe politique, pour réclamer un cadre de dialogue. Pour quoi faire ? Permettre au CNRD de se concerter avec lesdites forces vives (partis, société civile…) pour définir les contours de la transition (notamment contenu et durée).
Récemment, un ancien Premier ministre à la tête d’une formation politique, estimait du reste que le président du CNRD n’avait même pas à créer un CNT, il aurait pu légiférer tout simplement par ordonnances.
C’est vrai que le colonel Mamadi Doumbouya, se fondant sur sa légitimité populaire et sur le fait que la Guinée soit dans une période d’exception, aurait pu imposer les choix du CNRD sur l’ensemble des questions liées à la transition, sans éprouver le besoin de consulter les uns et les autres. Mais dès le 5 septembre 2021, date désormais historique dans les annales
guinéennes, le nouvel homme fort du pays avait fait du rassemblement de ses compatriotes une priorité, avant de préciser que la conduite de la transition à bon port sera l’affaire de tous. D’où l’initiative des concertations nationales et le rôle majeur dévolu au CNT. Une «Guinée en miniature», puisque regroupant en son
sein des représentants de l’armée, de la classe politique, des différentes corporations socio-professionnelles,&&des organisations de la société civile, bref, étant le reflet de la société guinéenne, y compris donc le CNRD et les forces vives de la nation. Une préoccupation qui semble bien comprise chez les conseillers nationaux qui, avant toute chose, ont d’abord tenu à sillonner le pays réel (ou profond) pour tâter le pouls de l’opinion nationale, avant de retrouver le Palais du peuple à Conakry («le pays légal») où ils vont siéger avec comme seul leitmotiv : légiférer dans l’unique intérêt des populations guinéennes !
Pour sa part, à la tête de l’Etat et du CNRD, le président Doumbouya qui ne sera candidat à rien, va rester au-dessus de la mêlée pour veiller au bon déroulement de tout le processus, dans une Guinée apaisée, réconciliée avec elle-même et replacée sur les rampes du développement et de l’état de droit.
François MARA.