Dans la nuit du jeudi 17 au vendredi 18 février 2022, un camion citerne de 40 000 litres a été pris en flagrant délit d’approvisionnement d’un site minier situé à Kokaya, dans la sous-préfecture de Tamita, préfecture de Boffa.
Selon les informations recueillies sur place, accompagnées de nombreux documents dont le bordereau de livraison, ledit camion citerne, immatriculé RC – 5465 – S, a été détourné de sa destination pour se retrouver sur le site où opère l’entreprise Alliance Guinéenne de Bauxite, d’Alumine et d’Aluminium (AGB2A).
Sur les circonstances de l’arraisonnement de la citerne, le Directeur de l’Énergie de AGB2A a rappelé que ce camion est nuitamment arrivé sur le site à la grande surprise de sa société qui n’a pas passé de commande en ce sens.
« Apparemment, c’est notre contractant SD Mining. Le camion est arrivé là nuit. Nous en avons été informés. Très tôt le matin, on a voulu venir. Mais on a constaté que les chinois ont barré la route pour qu’ils puissent dépoter le camion avant notre arrivée. Donc, on a forcé et on a effectivement constaté la présence du camion, avec 40 000 litres à bord », a expliqué Mohamed Thiam.
Poursuivant sa narration, il a dit qu’aucune société minière ne doit s’approvisionner en carburant au même prix que la population, parce que soumise à un régime différent. Et c’est pourquoi il a déclaré avoir informé l’Inspection régionale des Douanes de Boké de la situation.
« Et le Bureau régional a dépêché une mission. Quand ils sont venus, ils se sont rendus compte que c’est un camion qui est sorti de la Société guinéenne de pétrole, au nom d’une société qui s’appelle DD Energy et qui vend le carburant. Ils ont donc sorti ce camion pour Boffa pour une station service et non pour un site minier. Autant dire que le camion a donc été détourné de sa destination pour se retrouver ici. Et la Douane a décidé d’envoyer le camion à Boké. Mais les chinois sont venus avec un porte-char pour bloquer le passage », nous a fait constater le chef du département Énergie de AGB2A.
Tout en refusant d’admettre que sa société se soumette au régime minier et qu’une autre société sous-traitante déroge à ce principe, M. Thiam a enseigné que dans le régime minier, le litre du carburant coûte 11.100 GNF comparativement à son prix de vente à la population, qui est de 10.000 GNF.
« Donc, les miniers ou les sous-traitants miniers malhonnêtes préfèrent aller à la station moyennant la remise des distributeurs qui est de l’ordre de 3000 GNF. Donc, ça veut dire que s’ils achètent au marché, sur un camion de 40 000 litres, ils économiseront 44 000 000 GNF sur chaque camion, au détriment de l’État guinéen », a-t-il fustigé.
Sur le site, les chinois ont aménagé un dépôt de carburant De fortune. Un dépôt qui, aux dires de notre interlocuteur, ne respecte pas les normes HSE.
« En utilisant ce dépôt, les produits seront déversés. Et comme vous pouvez le constater vous-même, les cuves sont semi enterrées. C’est pourquoi aujourd’hui, la Douane a demandé de le fermer », a-t-il confié.
Présent sur le site, un responsable chinois de la société incriminée, accompagné de son interprète, a demandé de libérer l’espace et surtout de ne pas y faire des photos. Mais sa demande s’est heurtée au refus catégorique de Mohamed Thiam. Et nos tentatives pour avoir la part de vérité de la société SD Mining sont restées vaines.
Pour rappel, l’accès avait été bloqué à un camion citerne contenant 1000 litres, appartenant à la même société SD Mining par les responsables de AGB2A. il ya de cela quelques mois donc, ayant alerté en vain toutes les autorités, voilà que l’on constate une récidive avec cette fois ci 40 fois le volume précédent. Il reste à espérer que cette fois-ci les autorités douanières vont sévir. Le respect de la réglementation en vigueur dans le secteur minier reste une problématique dans la mobilisation des ressources budgétaires. Il est souhaitable que les autorités en charge de ce genre de malversation fasse mentir le dicton qui dit qu’il n’ya jamais 2 sans 3. Espérons que la société chinoise SUNDA Mining respectera la réglementation en vigueur.
Hamzah Bah
Journaliste