Toujours silencieuse sur ce qui concentre toutes les préoccupations, en l’occurrence la durée de la transition, la junte au pouvoir en Guinée vient, cependant, de faire un pas dans la bonne direction. C’est l’installation, le weekend écoulé, des membres du CNT.
Il apparaît évident, à cet effet, qu’avec peu d’efforts qui ne permettent pas d’avoir une lisibilité de la transition, la Guinée échappe de peu aux griffes des sanctions de la CEDEAO.
Cette institution sous régionale ringarde, qui a du mal à imposer ses principes dans son giron très agité. Ce qui est alors sûr, il n’y aura pas, du moins de sitôt, un autre tour de vis contre le pouvoir militaire.
Dans le pays, l’heure était à l’installation de ce CNT, cet organe législatif de la transition, accouché au forceps.
Apparemment enivrés, avec un rire sous cape du fond de leurs fauteuils, pour avoir probablement, pour la plupart, leur bifteck, les conseillers devraient toutefois travailler à rassurer.
Il s’agira d’aider à lever des équivoques qui vont au-delà de l’élaboration d’un agenda de la transition. C’est le travail d’hiérarchisation et de clarification des actions, sans fioritures.
Le Président du CNT en est conscient. Il concentre à ce jour toutes les attentions. Son discours, à forte tonalité, a remué les cendres de la gestion d’Alpha Condé.
Dr Dansa Kourouma a trouvé les expressions qu’il faut pour dresser son réquisitoire des plus cinglants du régime déchu et dont les partisans n’ont pas manqué de relever la bonne dose de caricature qui serait aujourd’hui à la mode. C’est le ton qui fait la chanson, le nouveau Président a fait sienne cette maxime dans sa première sortie.
Il le fallait, sauf qu’il y manquait une petite appréciation de la transition qui dure depuis plus de 5 mois et qui est tâchée d’un tombereau de petits manquements.
A propos, le Président du CNT a plutôt rappelé à ses collègues, les missions d’orientation et de gendarme dévolues à leur institution, afin de garantir une transition réussie.
Dans un pays qui n’a d’égal dans les effets d’annonces, ça peut paraître comme du déjà entendu.
Dr Dansa Kourouma, doit faire des efforts pour incarner les espoirs souvent déçus dans le pays, lui, qui prend de l’envergure et conforte sa nouvelle posture à chacune de ses prises de parole, ce depuis sa nomination.
L’ancien Président du CNOCSG (Conseil national des organisations de la société civile Guinéenne), sait bien que l’occasion est opportune et que pour une carrière, ça se construit, patiemment, à coups de prises de risques.
Pour marquer l’histoire, il doit refuser d’être une potiche. C’est de batailler dur, pour pleinement exister, aux côtés d’une junte qui a envie de tout contrôler.
A défaut, le CNT ne sera jamais une panacée.
Mognouma