Plus de cinq mois après leur effraction sur la scène politique, les militaires découvrent une autre réalité du pouvoir. C’est cette réalité différente du confort dans lequel ils se trouvaient suite à un coup de force bien accueilli dans l’opinion.
A ce jour, l’enthousiasme semble céder le pas à l’inquiétude. Cette attitude réservée contre un régime d’une durée aussi courte, équivalente, en temps normal, à la période d’un état de lieux, pourrait s’expliquer par l’excitation des nouvelles autorités à se faire passer comme étant la solution aux raisons qu’elles ont invoquées pour justifier le coup d’Etat.
Elles nourrissent, à cet effet, la prétention de régler tous les problèmes. Certainement, de peur d’être elles aussi, victimes d’un vilain retour de la manivelle. Car, en de pareilles circonstances, les mêmes maux, pourraient justifier les mêmes agissements.
Malgré tout, leur volonté de bien faire se butte inconfortablement contre des réalités qu’elles ont obstinément ignorées ou qu’elles n’ont pas prévues.
Dans le catalogue des actions à mener, on promet le développement, pendant que les caisses de l’Etat, seraient profondément vides, pour reprendre les termes du Premier Ministre et les espoirs pour les renflouer à partir des financements extérieurs, sont quasiment inexistants en période de transition.
Les audits aussi sont annoncés ainsi que des procès qui devraient imposer une rallonge de la période de la transition.
Tout est érigé en priorité, bousculant ainsi ce qui semble être pour les vrais acteurs de la transition, qui sont les politiques, la priorité des priorités. C’est celle d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
La junte risque d’être prise dans son propre piège en s’encombrant de priorités qui ne devraient pas être celles d’un pouvoir transitoire.
En effet, le doute s’installe chez les soutiens. Ceux-là qui voyaient en eux les sauveurs et non des acteurs du développement.
Le divorce n’est pas encore consommé, mais on peut cependant affirmer que la fin du baiser de Judas a sonné. Dans le récit évangélique, le baiser de judas est en fait un code. Le témoignage de l’affection trompeuse et perfide de Judas pour Jésus.
Les politiques ne cachent plus leur agacement. Leurs militants aussi. Les bains de foule dans les fiefs de ces derniers, sont désormais de lointains souvenirs.
Par des pratiques connues dans le pays, des thuriféraires et des apparatchiks du pouvoir, décident de rétablir la légitimité bringuebalante.
Le concert pour la paix et la réconciliation n’est pas insoupçonnée pour cette visée. Mais le générique et la méthode, restent controversés.
Le meilleur moyen d’être en phase, pour la junte, c’est d’aller à l’essentiel. Car qui trop embrasse mal étreint.
(édito djoma Mognouma)