La Révolution Sékoutouréenne a représenté un espoir pour l’avènement d’un homme nouveau complètement débarrassé du complexe du colonisé, la concrétisation de ce qu’en Afrique, on peut aussi choisir une voie originale de développement autocentrée, basée sur la satisfaction des besoins en s’appuyant sur le développement de filières transformant les produits locaux sur place, tout en développant un marché intérieur. Au temps du président Sékou Touré, les réalisations ont été nombreuses, en termes quantitatifs, construction d’écoles, d’instituts, d’Universités, d’hôpitaux, de centres de santé, d’usines, le développement du secteur coopératif, mais aussi en termes qualitatifs, dignité retrouvée, fierté nationale, revalorisation de la culture nationale.
Je suis Sékoutoureïste, mais pas pour enlever à ses détracteurs le droit inaliénable d’avoir un regard différent et critique sur sa gestion de la chose publique. Je le suis car je m’identifie à un certain nombre de symboles que défendait la Révolution notamment la discipline, l’amour de la patrie, du travail et le sens de l’intérêt général.
Certes, Sékou Touré n’était pas parfait comme tout chef d’État dans l’exercice de ses fonctions. Incontestablement des erreurs de casting et exactions ont été commises. D’ailleurs à propos l’historien Ibrahim Baba Kake disait: » Si la vie de Sékou Touré est exceptionnelle, c’est qu’il est de ces rares Hommes dont on n’a jamais fini de parler : en bien ou en mal. » Mais pour autant peut on enlever à cet homme le mérite, avec de ses compagnons de lutte, d’avoir permis à son peuple à se libérer et surtout de s’engager unanimement pour la libération totale et l’unité effective du peuple africain afin d’accélérer sa marche vers le progrès technique, économique et culturel?
Je ne suis pas et ne serais jamais dans une logique de victimes-bourreaux ou de bourreaux-victimes car elle est très sensible et clivante. Mais je nourris l’espoir que des intellectuels et patriotes obligeront la France et le Portugal, puissances colonisatrices d’alors, à déclassifier les dossiers relatifs à plusieurs pans de notre passé commun et ce, dans l’unique but de contribuer à la manifestation de la vérité et ainsi situer les responsabilités.
Je suis sekoutoureïste car Sekou Touré a été un leader proche de son peuple. Cela est d’autant plus vrai que dans sa volonté de mettre le peuple au centre de l’action politique, il créa les Pouvoirs Révolutionnaires Locaux (PRL), des organes décentralisés chargés d’exercer localement le pouvoir, de gérer la sécurité publique, la formation politique, l’assainissement des quartiers, le développement de la production et de la consommation des produits locaux.
En fin, je suis Sekoutoureïste car l’homme a été un grand féministe, un altermondialiste et également un héros continental au même titre que Patrice Lumumba, Dr Kwame Nkrumah, Modibo Keita, Gamal Abdel Nasser, Jomo Kenyatta ou Julius Nyerere, tous, des anti-impérialistes assumés et non-alignés qui affichaient leurs amitiés avec des leaders en rupture de ban en Occident.
Face à l’histoire et à ses personnages nous ne n’aurons jamais la même lecture. Mais nous pouvons rapprocher nos positions en se montrant le plus objectif possible Cela demande un courage intellectuel et du patriotisme.
Khalil KABA
Jeunesse Révolutionnaire