La dernière sortie dans les médias locaux du président de la transition Guinéenne, à propos de la mise en place du CNT, sonne comme une alerte sérieuse doublée d’une mise en garde pour les partis politiques, qui ces derniers temps, ne cessent de susurrer leur agacement.
Sans ciller et sans détours également, avec un ton un peu goguenard et de grande fermeté qui ne trahit pas sa formation de militaire, le colonel-Président n’est pas allé de mains mortes pour répondre qu’il n’y a pas que les partis politiques en Guinée. Cette expression qui peut paraitre banale ou anodine révèle, notamment chez le chef de la junte, non pas un mépris peut-être, mais plutôt une mise à l’écart des politiques de la gestion de la transition dont ils s’estiment pourtant être les acteurs clés.
En effet, dans le but d’avoir toute l’attention nécessaire afin de jouer pleinement le rôle qui est le leur dans cette transition, s’impose en eux le défi de s’unir à défaut de succomber. Ce risque est évident à cause de la division qu’il y a en leur sein. Pour éviter d’être la proie facile des nouveaux dirigeants qui n’ont pas envie d’aller, du moins de sitôt, des initiatives germent de partout. Celles visant à souffler dans la même trompète, donc à s’unir pour agir, comme ce fut le cas en 2008, face à un certain Moussa Dadis, qui avait fini par se fourvoyer à cause de son appétit grandissant pour le pouvoir. Les interlocuteurs ne sont pas les mêmes certes, car l’actuel chef de la junte reste constant sur son intention de ne pas se présenter aux élections. Cependant, il reste illisible quant à la durée de la transition. C’est pour cela qu’il faut faire prospérer, et très vite ces initiatives visant à mettre ensemble, d’abord les acteurs politiques, puis tous les acteurs concernés par la transition.
Mission difficile, à la limite impossible. Elle pourrait se buter contre les habitudes des partis politiques à ne jamais s’entendre quand il s’agit de partage.
Cette guerre de chapelle dans un milieu où le déficit de confiance est tel qu’on a le sentiment qu’on n’est jamais mieux défendu dans les instances dirigeantes que par soi-même, ajoutée aux mesquineries futiles pourraient gripper la machine déjà mise en marche.
Il y a le cas de certains leaders qui ont la prétention excessive de tout régenter, d’être les maitres à penser du groupe. A l’inverse, il y a aussi le cas de ces lilliputiens, ces phénomènes médiatiques, qui n’ont aucune légitimité avérée, mais qui nourrissent cependant, eux aussi la prétention de jouer les premiers rôles.
Le feuilleton de ces tentatives de rapprochement tiennent en haleine toute la Guinée.
Le problème, c’est qu’on ne veut pas se défaire des mauvaises habitudes.
Il faut aller au-delà de l’illusion d’avoir un compromis. A défaut, il faut au moins éviter aux Guinéens des spectacles ubuesques. Comme celui qui nous a été servi récemment à l’occasion de la dernière rencontre chez Mamadou Sylla.
Mognouma