En Guinée, les partis politiques membres des forces vives et premiers concernés de la gestion du pouvoir lors de la transition, sont malheusement eux-mêmes, un corps très corrompu et qui renferme toutes les tares et divers germes du problème guinéen !
En effet, comme une vraie synthèse de tous nos maux, le CNRD doit se garder de les considérer comme partenaire crédible en l’état, capable d’apporter une quelconque réponse idoine aux nombreux problèmes rencontrés. Investés de malhonnêtes de tout acabit (petits et grands modèles selon le langage courant ), ses leaders pour la plupart, sont eux-mêmes très mal formés, incompétents ou alors corrompus jusqu’à la moelle. Leurs jumeaux sans contestation aucune, demeurent aussi ses nombreuses plates-formes, coalitions d’ONGs et autres Conseils de la société civile qui ont essaimé ces derniers temps sur l’échiquier politique national. En Guinée, les partis et les ONGs ont presque tous, des problèmes de gouvernance car le Ministère de tutelle n’a jamais joué convenablement son rôle. Plutôt que d’assurer le suivi régulier, très malheureusement avec le régime défunt, plusieurs ont assisté impuissants la dérive vecue dans ce ministère stratégique par l’éviction du très respecté Dr Allhassane Condé au profit de l’incompétent notoire et volubile (loquace) Général Bourema (ex Bourreau des militants du RPG ) à la tête du Ministere de l’Administration du Territoireet de la Décentralisation (MATD). Ainsi, la place d’un contrôle ou suivi (qui est permanent), il a été préféré un refus systématique de reconnaissance administrative des associations ( parti et ONGs locales). Le choix délibéré encore du népotisme dans un domaine très très protégé et consacré par l’une des dispositions constitutionnelles relatives aux libertés fondamentales qui est celle « d’association » a été érigé en système de gouvernance !
Les Libertés Publiques dans toute société démocratique, doivent être un des meilleurs baromètres ou indicateurs pour jauger de sa qualité. Ici, rien n’a été structurellement fait pour tirer vers le haut, ce secteur névralgique où évoluent ces acteurs incontournables de la vie nationale et du développement local intégré et harmonieux orienté vers l’excellence. Les seules reliques et mauvais legs que nous laissent ces régimes précédents surtout qui ont connu l’ère de l’eclosion de nouveaux acteurs de développement sont: ces fameux et soit-disant membres de la société civile guinéenne.
Par ailleurs, il est à dénoncer que chez nous en Guinée, le concept de « société civile » reste, très très galvaudé ! Est-ce à dessein ou pas? Je ne saurais répondre. Ce qui est évident et constant, il y’a assez de mélanges de genres, et si on ne prend garde, les nouvelles autorités sont en passe de commettre les mêmes erreurs du passé. A cet effet, je me fais l’imperieux devoir patriotique de soulever les préalables nécessaires pour mieux cerner la problématique. Pour y parvenir, il faut catégoriser et serier les différents types d’acteurs de la société civile au sein des forces vives guinéennes. Sur ce, ils pourraient se regrouper comme suit:
1)- Les centrales syndicales qui ne sont plus à présenter ;
2)- Les Ordres professionnels: avec en prime et mention particulière à l’ordre des avocats ou Barreau guinéen. reconnaîssons le, s’est toujours comporté comme un veritable leader du domaine et auquel, je présente toutes mes félicitations pour avoir été l’un de ces rares corps sociaux à échapper à cette déchéance morale collective. Merci de n’avoir jamais été tenté ou attiré par les oripeaux du pouvoir politique. Le Barreau guinéen dis-je est toujours resté noble avec une attitude sacerdotale. Il a constitué en tout temps comme le veut d’ailleurs sa vocation, le dernier rempart contre l’injustice et la dérive totalitaire de la glaive (justice instrumentalisée) tenue par les gouvernants. Cette mission protectrice doit continuer. Nous pensons qu’il (Barreau ) gardera le cap! Merci encore une fois;
3)- Les confessions religieuses. Aujourd’hui, ce corps n’est pas exempt d’excuses et de reproches, mais les sciences po, nous ont appris que « l’Eglise »( pas le sanctuaire du culte religieux chrétien mais plutôt le symbole occidental de Religion choisi par les penseurs. Je ne veux pas qu’on dise il a insulté les chrétiens) a toujours résisté à toutes les révolutions sociopolitico-economiques, c’est-à-dire, il est aisé de constater avec amertume ou joie (selon votre position ) que de la société Esclavagiste jusqu’à nos jours, elle a toujours su se plier à tous les grands vents (révolutions ) qui ont accompagné le changement d’une société donnée à une autre. Bref ! Tout a toujours sauté, sauf elle avec une grande capacité d’adaptation aux nouveaux contextes avant de remettre en scelle pour servir avec la même cadence, la nouvelle classe dominante. C’est à juste raison que certains penseurs socialistes, l’ont qualifié « d’opium du peuple ». Et à juste titre que les Marxistes – Léninistes sous l’emprise de la philosophie du matérialisme dialectique n’en voulaient point. Mais, à mes yeux, il paraît très important de les garder, de les considérer, de les écouter avec plus de discernement afin de changer de paradigmes. Leurs partitions auprès de l’Etat doit être précisée;
4)- Les institutions consulaires ( Chambre de commerce, d’industrie et d’Artisanat ; Chambre d’agriculture et Chambre des Mines), organisations patronales et certaines grandes faîtières d’associations professionnelles ( Fédération nationale d’artisans de Guinée(FENAG)), l’Association Professionnelle des Banques, Micro-finances et Assurances, l’Association des fondateurs d’écoles et universités privées, la communauté des scientifiques représentée par les chercheurs de nos universités et autres échantillons très représentatifs des produits et oeuvres de l’esprit comme les artistes doivent être ensemble etc.
5)- Ensuite les ONGS: à ce niveau, il risque de se poser assez de problèmes, car s’y trouvent, tous ces « petits activistes » qui parlent au nom de toute la société civile guinéenne et parfois même ont l’outrecuidance de parler au nom du « PEUPLE » tout entier sans la moindre crainte. Ce qu’on pourrait même qualifier de faux et usage de faux sous un angle judiciaire. Celà doit cesser. Le CNRD doit s’en méfier. Tout de même, je signale quelques particularités et exceptions. Et à ce titre, de façon non exhaustive et en brainstorming, je pourrais citer quelques unes très sérieuses : « AGIL » dans le secteur de la santé, « Aide-Action » dans l’éducation, « Mêmes droits pour tous » dans la protection des droits de l’homme, la CONAG de Mme Magassouba dans l’etat-civil, etc.
6)- Les Coordinations Régionales ou ethniques: si elles peuvent avoir une utilité sur le plan coutumier (des us) ou culturel, sont totalement aux antipodes des valeurs de citoyenneté et de la république. Les interdire à Conakry dans la capitale serait une bonne chose. Mais se constituer dans les capitales des Regions naturelles ne serait pas mauvais. Il faudrait suffisamment les contenir et surveiller en leur assignant un nouveau objectif surtout faire élaborer dans ce sens très vite, une ordonnance leur interdisant de recevoir ou de se mêler de la politique politicienne. De préférence interdir systématiquement leurs représentations à Conakry reste la meilleure option. Car l’histoire a prouvé qu’elles ont une forte culture de sujétion surtout en matière de consignes de vote. La difficile construction de ce « sentiment d’unité nationale » ou « désir de vivre en commun » s’y est toujours heurté violemment comme un obstacle infranchissable. Leurs rôles très nocifs et demobilisateurs ne sont plus à démontrer. Ironie du sort, souvent ce sont d’anciens fonctionnaires à la retraite résident à Conakry et qui n’ont plus aucune attache réelle avec les contrées que leurs présidents induisent en erreur! Elles ont toujours constitué de menaces pour l’érection du citoyen guinéen. Je salue le CNRD pour avoir eu la grande sagesse de ne pas avoir eu à publier sa liste. Car les « comptables ethniques » seraient déjà en branle et auraient pollué completement l’atmosphère en indiquant le rang protocolaire de leur ethnie. Heureusement que le Sage Président du CNRD a remis le pouvoir à l’armée. À la place d’une junte, c’est tous les corps constitués autour de l’Etat major général des armées (qui abrite les commissions thématiques à completer certes) qui déterminent la nouvelle trajectoire nationale. Et Dieu seul sait, s’il y’a meilleure entité symbolisant la NATION que l’armée. Ici et ailleurs, elle demeure un véritable creuset de toutes les sensibilités ou statut social, où, seul compte le mérite.
Le CNRD doit suffisamment être alerte afin de ne pas se trouver dans une foire aux malhonnêtes qui n’apportera non seulement rien au débat, mais, l’econduira comme toujours. Pourtant la vision du Président Mamady DOUMBOUYA est très claire. Il veut que prochainement en Guinée, dans nos mécanismes de fonctionnement des pouvoirs publics, ce propos tristement célèbre ou cette rocambolesque réalité qui affirme sans cesse que : « le Président de la république est la clé de voûte de toutes institutions républicaines » disparaîsse. C’est à ce prix et uniquement par cette alternative, qu’à jamais, l’epoque des « Monarques républicains » que nous créons inconsciemment et qui nous dévorent tous après, par boulimie du pouvoir, deviendra un lointain souvenir. Car il est évident que nous ne saurions échapper à cette vérité historique et absolue de Montesquieu : » Il est dans l’ordre naturel des choses, que lorsque, un seul détient tous les pouvoirs, immanquablement, il sera amené à en abuser » fin de citation.
Bonne chance au vaillant peuple de Guinée sous la protection de DIEU! Que Dieu appaise nos coeurs.
Souleymane Doumbouya
Consultant Socioéconomique