La course entre Antonio et KPC à la Présidence de la Fédération Guinéenne de Football (FEGUIFOOT), n’aura été qu’un bide au bout du compte. Pourtant, la bataille était bien partie et semblait livrer des scénarios à l’image d’une série Américaine. De part et d’autre, les épisodes présentés étaient de tout feu tout flamme. Mais finalement, tout n’aura été que du vacarme pour juste nous casser les oreilles. Antonio et KPC ont fini par s’entendre autour de quelque chose ou du moins trouver un compromis amère. Que s’est-il passé réellement ? KPC a-t-il baissé les bras ou c’est Antonio qui a jugé la carotte cuite ?
Venons en à l’analyse !
Pour rappel, Mamadou Antonio Souaré est le Président sortant de la FEGUIFOOT. Il est candidat à sa propre succession après 4 ans de gestion. Il devrait avoir moins de soucis à se faire et moins d’efforts à fournir pour renouveler son mandat si vraiment le bilan de sa gestion à la tête du football Guinéen était reluisant.
Tout comme en politique, le bilan reste le moyen le plus convaincant et éloquent pour se maintenir à un poste électif. N’empêche, tout le monde doit battre campagne soit pour défendre son bilan ou pour convaincre énergiquement les électeurs à essayer une nouvelle compétence. C’est justement ce qu’on avait commencé à assister dans la course à la présidence de l’instance dirigeante du football Guinéen. Mamadou Antonio Souaré et Kerfalla Person Camara KPC, sont deux richissimes hommes d’affaires qui se battaient pour occuper le fauteuil. Le premier était le favori et le second le challenger.
Et puisqu’on parle du football, le fair-play est l’un des principes de base. Les deux plus d’autres candidats s’il y en avait, devraient compétir pour avoir le vote de la majorité des membres statutaires de l’organe.
Malheureusement, dès les premiers signaux de la volonté manifeste de KPC de se mêler dans la course, des manœuvres de négociations ont commencé. De l’ombre à la lumière, plusieurs échanges ont eu lieu pour amener le patron de GUICOPRES à se mettre en rang d’oignons derrière la candidature d’Antonio Souaré.
Comme un deal politique, KPC aurait été promis de succéder à Antonio, aussi patron de SAMGBM à la tête de la FEGUIFOOT au terme des quatres (4) prochaines années. Alors qu’Antonio devrait probablement se retrouver à la CAF ( Confédération Africaine de Football). L’entente aurait été scellée entre les deux à la résidence du challenger sise à Lambagny, en présence de grands témoins Général Mathurin Bangoura, Président de la Ligue Guinéenne de Football Professionnel (LGFP) et Bouba Sampil, Président de l’AS Kaloum. A ce moment précis, il y a lieu de se poser la question pourquoi Antonio aurait-il souhaité le retrait de KPC dans la danse ? De quoi avait-il peur ?
Delà, le franc-jeu qui est l’essence même du sport, n’avait plus son sens. La démocratie du sport a pris un coup bas. Mais comme on le dit souvent : << Qui ne se reproche de rien, n'a peur de rien >>. Ce qui ne semblait donc pas le cas pour l’actuel Président de la FEGUIFOOT dans ce cas de figure.
Quelques temps après, l’on ignore ce qui a bien pu se passer. KPC est revenu sur sa décision et s’est déclaré officiellement candidat à la présidence de la Fédération Guinéenne de Football. L’annonce au delà d’être une nouvelle, aurait mis des fourmis dans les jambes d’Antonio Souaré. La menace était réelle et grandissante même si on faisait semblant de ne pas avoir du mauvais sang.
L’activation très vite des machines de campagne en est la preuve. On ne lésinait plus les moyens pour tenter d’assurer la continuité à Antonio Souaré. Les communications s’intensifient, les œuvres de l’homme se font exposer partout dans les médias et sur les panneaux publicitaires. Pendant ce temps, ses supporters n’arrêtaient pas de jacasser comme une pie dans les coins et recoins de la capitale.
Dans le camp adverse, rien n’était visible sur le terrain. Les choses semblaient se gérer dans l’ombre ou du moins les stratégies étaient en train d’être définies.
De part et d’autre, chacun misait sur des cartes pour transformer le jeu en sa faveur. Ça aura été une fête de Madame de Pompadour pour les 65 membres statutaires de la fédération. En termes d’engagement, des promesses assorties à coup des billets de banque ont été faite pour certains et même de demeure pour d’autres. Ils auraient eu les yeux plus gros que le ventre.
Par delà, les sirènes et trompettes de campagne continuaient à faire une montagne dans les rues de Conakry. Il a fallu l’implication personnelle du Président Alpha Condé pour calmer les ardeurs et recentrer le débat auprès des électeurs qui sont les membres statutaires de la fédération.
Au lendemain des recommandations du Chef de l’Etat, les deux rivaux sont redevenus des agneaux. Des appels à la retenue ont été lancés et de nouvelles orientations ont été données par les équipes de campagne de tous les deux camps. Antonio et KPC se sont même retrouvés à la faveur d’une conférence par l’intermédiaire du gendarme gouverneur Mathurin Bangoura, Président de la LGFP.
Dans les QG, une trêve a été constatée et les hostilités ont baissées d’un cran. Ce qui aurait permis aux « démarcheurs » des deux camps de reconsidérer leurs positions pour tenter de rapprocher les deux hommes. A la manette, le nom de Mathurin est encore apparu avec Fodeba Isto Kera, Secrétaire Général du Ministère des Sports. Au bout de moult négociations, le vin de l’entente a été servi il ne restait qu’à le boire.
Ainsi, le lundi 5 avril 2021, soit 5 jours après la tenue de l’assemblée générale extraordinaire de la FEGUIFOOT, il a été officiellement annoncé que KPC retire à nouveau sa candidature. A-t-il baissé les bras de son plein gré ou lui a-t-on tordu les bras ?
Premièrement, même si nous n’avons pas la réponse réelle à ces questions, il faut dire sans risque de se tromper, que KPC n’aura rien perdu. Plutôt l’annonce de sa candidature a bien jugulé le Président sortant de la FEGUIFOOT. N’est-ce pas une démonstration de force ?
Deuxièmement, les deux questions l’une dans l’autre, expriment un compromis amère pour le camp de l’actuel président. La succession après son second mandat, aurait été assurée à KPC. Cela serait motivé par une montée probable d’Antonio Souaré dans les instances de la CAF. Et si ce rêve ne se réalise pas ?
Troisièmement, KPC et ses soutiens ont eu raison d’Antonio Souaré par rapport à sa gestion du football Guinéen. Car, il n’y avait pas lieu de faire un compromis pour amener KPC à se désister si vraiment il était satisfait de son bilan. D’où la question : Antonio a-t-il servi le football Guinéen ou s’est servi du football Guinéen durant les 4 ans de sa gestion ?
Quatrièmement, l’entente entre les deux homme exigerait de donner le poste de premier vice-président au camp de KPC. Comment appelle-t-on ce genre de cohabitation en politique ?
Cinquièmement, on ne l’apprend à personne les deux camps avaient déboursés de gros magots dans le cadre de la campagne. KPC a-t-il bénéficié d’une compensation de son investissement ou en a-t-il fait d’un sacrifice ?
Sérieusement, lequel des deux est gagnant dans ce scénario ? En attendant la réponse à cette question, les supporters des deux camps qui ont abattu le travail d’Hercule dans le dénigrement, l’injure et la calomnie, vont pouvoir prendre conscience pour dorénavant agir autrement dans un tel film.
Mamoudou Babila KEITA