Investi pour un nouveau mandat de 6 ans à la tête du pays, le président de la république, Pr Alpha Condé a mis au centre de son programme de gouvernance, la lutte contre la corruption. Un phénomène qui pèse lourdement sur l’économique nationale et handicap la mise en œuvre de nombreux projets de développement pour le pays. Selon les chiffres officiels, 600 milliards de FG de pertes sont enregistrées chaque année en Guinée, classée parmi les pays les plus corrompus au monde (130è sur 180) selon l’indice de perception de la corruption dans le secteur public de transparency international en 2019.
Le TPI de kaloum en véritable rempart désormais
S’inscrivant dans la dynamique du chef de l’état visant à freiner le phénomène de la corruption, le parquet du tribunal de première de Kaloum a déclaré une guerre sans merci contre toute forme de malversation financière. En moins de six (6) mois, quatre (4) dossiers majeurs sont sur la table du procureur de la république. Il s’agit entre autres, de l’affaire ARPT (autorité de régulation des postes et télécommunication Ndlr) où plus de 51 millions de dollars sont en jeu ; la fonction publique avec le dossier de trafic de 2 mille numéros matricules en passant le détournement de moustiquaires au ministère de la santé et la plus récente, celle relative au détournement présumé de 200 milliards de FG par une ministre de la république.
Des affaires pour les quelles, le Chef des poursuites s’est montré intrangisant devant toute pression extérieure. Alpha Sény Camara veut avant tout prouver à la face des guinéens que le ‘’Gouverner autrement’’ prôné par le président de la république n’est point un simple slogan.
-Cas ARPT
Le dossier concerne trois (3) cadres du ministère des postes et télécommunication, accusés de détournement de 51 millions de dollars au préjudice de l’autorité de régulation des postes et télécommunication (ARPT). L’acte aurait été opéré à la suite de la signature d’un contrat entre le ministère des postes et télécommunication, représenté par l’état guinéen et une société dénomée Global voice group dont la mission consistait à gérer le flux des appels vers la Guinée. Les trois (3) commis de l’état, cités dans l’affaire auraient orienté à ailleurs les montants générés par ces appels entrants.
Selon nos informations, la procédure se poursuit. Les personnes mises en cause pourraient comparaitre devant le tribunal de kaloum pour crime économique. Déjà, l’audition des personnes soupçonnées de corruption est en cours devant le juge d’instruction saisi.
-Fonction Publique
Cet autre dossier a fait couler beaucoup d’encres et de salives. Il concerne 2 mille numéros matricules trafiqués par un certain nombre de cadres du ministère de la fonction publique. Un cas répréhensible au moment où le gouvernement guinéen et les partenaires techniques s’attellent à l’assainissement du fichier général de l’administration (FGA). Au terme de plusieurs mois d’enquête sous la diligence du procureur Alpha Sény Camara, les mis en cause vont comparaitre devant le tribunal correctionnel de Kaloum à la suite de la fin de l’instruction dans la procédure. Ce jugement devrait permettre de réhabiliter les victimes dans leurs droits.
Cas Moustiquaires imprégnés d’insecticide
Alors que la Guinée est dans la dynamique de lutter contre le paludisme à travers l’utilisation des moustiquaires imprégnés d’insecticides par les ménages, un vaste réseau de trafic de ses intrants est démantelé au ministère de la santé guinéen.
En effet, 117 500 moustiquaires imprégnés d’une valeur estimée à Six (6) milliards de francs guinéens, envoyés en Guinée en 2019 ont été détournés en direction de la république sœur du Mali. Après des mois d’enquête, il a fallu, l’implication du tribunal de kaloum pour retrouver les traces de ces moustiquaires à Bamako. Les moustiquaires ont alors été saisis, puis rapatriés vers la Guinée.
Le dossier implique des guinéens et des maliens. Dans cette affaire, le procureur de la république de Kaloum a saisi un des cabinets d’instruction du tribunal pour entendre les personnes impliquées.
Aujourd’hui, la procédure tend vers la fin.
Dernier Cas : Affaire 200 milliards soit 20 millions d’euros
Cette affaire continue de faire grand bruit dans la cité. Une ministre en exercice est citée de détournement d’argents dans une enquête de presse. Les accusations selon nos confrères touchent à la gestion antérieure de Zenab Dramé (Agriculture et Santé pendant qu’elle occupait le poste de Directrice administrative et financière Ndlr) et présent (Ministre de l’enseignement technique et de la formation professionnelle Ndlr).
Face à une affaire à l’époque diversement commentée dans l’opinion, la justice s’est auto saisie du dossier. Une plainte contre X est alors engagée. Au même moment, la principale accusée dame Zenab Dramé a intenté une action en justice contre les trois (3) journalistes à la base de la divulgation de la nouvelle, pour diffamation. Une action qui s’est vite arrêtée avec l’opposition du procureur de la république qui a estimé inopportune la plainte de la ministre alors qu’une enquête sur la même affaire est devant le doyen des juges d’instruction.
Une prise de position qui a finalement abouti à l’abandon des poursuites contre les confrères, Moussa Moise Sylla (Inquisiteur.net), Youssouf Boundou Sylla (guinéenews.org) et Ibrahima Sory Traoré (Guinee7.com).
Face à tous ses dossiers qui ont à la fois un double enjeu (politique et judicaire), le procureur de la république de Kaloum s’est montré attaché aux principes de rigueur, d’impartialité et d’indépendance de la justice. Un engagement qui traduit de nos jours la volonté de bâtir dans le pays, une justice forte dans laquelle tous les citoyens se sentiront égaux devant la loi.
En tout état de cause, Alpha Sény Camara exprime sa détermination à conduire à terme toutes ses affaires et bien d’autres.
La corruption étant un phénomène qui réduit l’efficacité des services publics ainsi que la qualité des services fournis, sa lutte s’impose aux décideurs comme un moyen de sortir les populations les plus vulnérables dans la spirale de la pauvreté.
Plus que jamais, au tribunal de kaloum, le ton est donné.
Terna Kamissoko
Journaliste