Les Burkinabés se rendront aux urnes le 22 novembre prochain pour un double scrutin, à savoir l’élection de leur président de la République mais aussi l’élection de 127 députés.
C’est l’ancien Premier ministre guinéen Kabiné Komara qui a été sollicité par la CEDEAO pour conduire sa mission d’observation à ce rendez-vous si important dans l’histoire de ce pays de 23 millions d’habitants.
La nouvelle a été rendue publique par un courrier officiel du président de la Commission de la CEDEAO dont votre quotidien Guinéenews© détient copie. S’adressant à Komara, le président Jean Claude Brou justice ce choix par » votre connaissance avérée de notre région et pour bénéficier de votre riche expérience des questions institutionnelles « . Ce faisant, il s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs Kadré Désiré Ouédraogo et Marcel De Souza et de l’Union Africaine qui ont fait appel par 4 fois à Kabiné Komara en arguant de « son engagement inconditionnel pour la promotion et la consolidation de la démocratie sur le continent africain et pour la conduite exemplaire avec laquelle il a mené les précédentes missions qui lui ont été confiées «
Toutefois, d’après nos informations, et dans un souci de réputation de la mission qu’il devra conduire, il a conditionné l’acceptation de sa mission à l’assurance que la plupart des facteurs conflictogènes ont été résolus de manière consensuelle. Il s’agit en particulier de s’assurer que les parties en compétition au Burkina sont toutes d’accord sur le fichier électoral, sur la composition et le fonctionnement de la Ceni ainsi que sur tout le processus de déroulement du scrutin depuis le vote jusqu’à la remontée et la totalisation des résultats.
Komara a aussi tenu à s’assurer que la non possibilité du vote dans les zones en conflit soit l’objet d’un accord préalable de toutes les parties afin d’éviter une remise en cause des résultats du vote de son avis, la prise en compte de ces préoccupations majeures garantira un déroulement transparent et consensuel et mettra le pays à l’abri de conflits post électoraux dont le Burkina devra bien se passer dans la période actuelle. En plus des assurances obtenues, il envisage d’arriver sur place au Burkina quelques jours avant le scrutin afin de s’assurer des derniers réglages pré électoraux.
A souligner que la mission que dirige l’ancien premier ministre guinéen sera composée de 60 observateurs comprenant des représentants des Etats membres, du parlement de la CEDEAO, de la Cour de Justice de la CEDEAO, des ambassadeurs accrédités près de la CEDEAO, des membres du conseil des sages de la CEDEAO, des organisations de la Société Civile, des médias et des experts de la région.
Interrogé par votre quotidien Guinéenews© pour recueillir ses impressions sur le choix chaque fois renouvelé sur sa personne par les différentes Commissions du continent, Monsieur Komara, a déclaré que « cet honneur revient avant tout à son pays et qu’il se doit de tout mettre pour que le scrutin soit sanctionné par un rapport impartial et sincère ».
Il faut rappeler que depuis 2013, pour le compte de l’Union Africaine ou de la CEDEAO, il a conduit à la satisfaction de ces deux institutions 5 missions d’observations électorales pour lesquelles il avait eu à s’investir d’avance pour pacifier les rapports entre les protagonistes avant le scrutin, ce qui a permis une acceptation des résultats par tous les protagonistes. Pour le compte de l’Union Africaine : Elections législatives au Togo le 25 juillet 2013 et l’élection présidentielle et législative en Guinée Bissau le 13 avril 2014, pour le compte de la CEDEAO: Election Présidentielle au Togo le 25 avril 2015, les deux tours de l’élection présidentielle du Benin en 2017.
Qui sont les acteurs en lice pour le scrutin du 22 novembre au Burkina ?
Sur la ligne de départ 13 candidatures indépendantes ou de partis politiques ont été retenues par la Conseil Constitutionnel sur 14 candidats validés par la CENI parmi lesquels un candidat a été écarté pour n’avoir pas pu payer la caution de 25 millions de FCFA.
Parmi les 13 retenus, il convient de signaler le président sortant, candidat à sa réélection M. Roch Christian Kaboré, le chef de file de l’opposition Zéphirin Diabré, l’ancien premier ministre de la transition Zida Yacouba Isaac et l’ancien président de la CEDEAO Kadré Désiré Ouédraogo.
A l’exception du chef de l’Etat, tous les onze candidats sont aussi candidats à la députation.
Pour cette députation, le système burkinabè est assez original. L’Assemblée Nationale est un parlement unicaméral de 127 membres élus en même temps que lors du premier tour de l’élection présidentielle pour un mandat de 5 ans. Le scrutin est proportionnel plurinominal. 11 sièges sont répartis entre 45 circonscriptions plurinominales de 2 à 9 sièges tandis que les 16 autres sont pourvus sur liste nationale.
Ce système permet aux petits partis qui ne peuvent pas couvrir tout le territoire, d’être présents à l’Assemblée Nationale.
Comme quoi le Burkina s’apprête à vivre une intense activité politique dont la transparence garantira la stabilité future du pays. Une lourde responsabilité pour ceux qui, comme Komara et son équipe, seront chargés de se prononcer sur la sincérité du verdict qui sortira des urnes !