A-t-on encore besoin d’une déclaration du CNRD qui annoncerait officiellement que la transition devrait durer plus longtemps ? Du moins, quelques années encore. Pas sûr. Mais nécessaire, peut-être, pour ceux qui veulent se nourrir d’illusions.
Sinon, la sortie du Premier ministre, ne fait l’ombre d’aucun doute sur le sujet. Elle a eu lieu en fin de semaine dernière, à l’occasion d’une conférence de presse. La deuxième du genre.
L’exercice n’est pas un mystère pour l’homme politique qu’il est, à cause des relations quasi-fusionnelles qu’il a entretenues, des années durant avant sa nomination avec les hommes de médias.
Au cours de cet exercice, Bah Oury n’a donné aucune certitude quant à l’organisation du référendum constitutionnel pendant cette année 2024. Raisons à demi-mots dévoilées, le retard dans la réalisation du RAVEC, une opération, qui, aux yeux des dirigeants du pays, s’avère indispensable, pour l’organisation des futures élections.
Aussi, le PM a laissé entendre qu’il ne faut pas se précipiter pour un retour à l’ordre constitutionnel. Qu’il faille prendre tout le temps nécessaire afin d’éviter un retournement de situation plus tard.
En faisant cette confession, le Président de l’UDRG ne s’est point contredit. C’est une conviction qu’il a sans cesse rappeler avant sa nomination à la primature. Il était un partisan connu et assumé des longues transitions.
Il en donne plus d’échos et de vigueur, étant désormais dans une posture totalement différente dans laquelle les positions personnelles exprimées sont interprétées à juste titre, comme une décision de l’autorité.
Bah Oury donne ainsi une force à sa conviction, en réitérant qu’il faut maintenir encore longtemps la transition dans un tuyau.
Donc, il est clair que le retour à l’ordre à l’ordre constitutionnel serait reporté aux calendes grecques.
Parlant d’une transition longue, il est important de préciser que cela fait trois ans que les militaires du CNRD trônent à la tête du pays. Trois ans après, les raisons invoquées ou les arguments avancés pour soutenir cette conviction, paraissent de nos jours indigestes et inaudibles.
Cet avis largement partagé ne laissera pas indifférents les politiques qui doivent se réinventer pour se faire entendre.
En attendant d’y arriver afin de peser sur les futures décisions qui seront prises dans le cadre de la conduite de la transition, les politiques devraient scruter la stratégie du pouvoir militaire pour répondre à la demande sociale.
Pour cela, Bah Oury s’est voulu rassurant bien que la situation économique du pays soit très inconfortable avec des ressources disponibles, largement en deçà des dépenses de l’Etat.
Mognouma Cissé